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Résultats de la recherche pour : mayotte

Face à l’augmentation du nombre de cas de choléra, l’Agence régionale de santé (ARS), la préfecture et le centre hospitalier de Mayotte ont annoncé dans un communiqué un dispositif renforcé, « afin d’assurer la prise en charge de l’ensemble des personnes malades ». Dans ce communiqué, les autorités revoient à la hausse leur bilan du nombre de personnes contaminées et recensent, « au total », 26 cas « confirmés depuis le début de l’alerte » le 19 mars dernier. Cette forme aiguë de diarrhée se transmet par une bactérie, généralement via de l’eau ou de la nourriture contaminées. La maladie peut tuer en quelques heures. L’Agence régionale de santé explique que « des opérations de vaccination sont organisées sur le terrain depuis plusieurs jours », ainsi que maraudes sanitaires, « afin d’assurer une diffusion large des recommandations et d’orienter les personnes vers les dispositifs de vaccination et dépistage ». Mais l’épidémie semble se propager dans les quartiers les plus pauvres de la zone urbaine de Mamoudzou-Koungou, notamment dans les bidonvilles dépourvus d’eau potable et de toute installation de salubrité publique. Là encore c’est la misère qui tue…

Marine Le Pen a débarqué à Mayotte pour faire de la surenchère contre les migrants comoriens, pauvres parmi les pauvres de l’île et qui seraient la cause de tous les problèmes. Elle arrive dans la foulée de l’opération « place nette » menée par le gouvernement, qui une fois de plus tire un trait d’égalité entre immigration et délinquance : le but affiché est de démanteler 1300 cases en tôle (bangas) d’ici juin, laissant les gens croupir dans la rue comme après l’opération Wuambushu, et d’arrêter 60 chefs de gang dont rien n’est dit sur qui ils sont ni d’où ils viennent. D’après Marine Le Pen, tous les problèmes de Mayotte, crise aiguë de l’eau, manque de profs, de logements, désert médical, pauvreté des pêcheurs seraient dus aux immigrés comoriens. Elle n’a pas d’autre point de vue que celui du gouvernement qui garde la main sur ce bout de l’archipel pour défendre les intérêts stratégiques de l’impérialisme français dans la zone. Tout en maintenant l’immense majorité de la population dans la misère.

Lancée il y a un an par Gérald Darmanin, la première opération Wuambushu (« reprise », en mahorais) contre l’émigration clandestine avait été sévèrement condamnée par les associations de défense des droits humains. Le ministre de l’Intérieur remet le couvert. Il vient d’annoncer le déclenchement d’une deuxième opération, baptisée cette fois « Mayotte place nette », destinée à « la lutte contre l’immigration irrégulière et la délinquance à Mayotte ». Elle durera plusieurs semaines, jusqu’à la fin juin, mobilisant au total, avec un roulement, 1 700 membres des forces de l’ordre. En mer, un bateau devrait aussi être déployé dans le canal du Mozambique pour bloquer le trafic migratoire depuis les Comores. La première opération avait surtout consisté à détruire des bidonvilles et des cases et à procéder à 25 000 expulsions de personnes en situation irrégulière… dont certaines sont revenues depuis sur l’île. Ces persécutions anti-migrants, fortement médiatisées, n’améliorent en rien le sort de la population du département le plus pauvre du pays.

Le quotidien suisse Tages-Anzeiger, de Zurich, repris par Courrier international, affirme dans un article très documenté sur la situation dans l’île que « Mayotte compte désormais plus de policiers et de gendarmes que les villes de Marseille, Lyon et Lille réunies, d’après le ministre de l’Intérieur ». Déjà, fin 2023, Darmanin affirmait que « depuis 2017, les effectifs de police et de gendarmerie ont été doublés » et que « quatre unités de force mobile (près de 300 gendarmes) sont déployées de manière permanente, soit plus que dans des départements comme le Rhône ou les Bouches-du-Rhône ». Quant au nombre de gendarmes mobiles, il a ainsi été doublé en trois ans, avec également l’arrivée d’un peloton intervention de la garde républicaine. En outre, une « Task Force Police Judiciaire » a par ailleurs été créée pour renforcer les capacités d’investigation des unités locales. Elle pourra être complétée, au besoin, par les enquêteurs de l’Unité nationale de police judiciaire (UNPJ) de la gendarmerie. Sans oublier une quinzaine de gendarmes du GIGN venus renforcer les effectifs sur place pour mener « des opérations coups de poing ». À ce rythme il y a aura bientôt plus de policiers et de gendarmes que d’habitants dans l’île. Ce qui n’empêche pas que les conditions de vie de ces derniers continuent de se dégrader.

Chaud partisan de la suppression du droit du sol à Mayotte, annoncée par Darmanin et le gouvernement, le président du Sénat, Gérard Larcher, veut aller plus loin. Il souhaite que ce débat ne soit pas limité à Mayotte mais s’étende aussi à d’autres territoires d’outre-mer, comme la Guyane et l’île de Saint-Martin, dans les Petites Antilles. Et demain, de fil en aiguille, on risque de voir apparaître sur la liste la Guadeloupe, la Martinique, voire la Réunion. Le tout soi-disant pour se « protéger » bien sûr de « l’immigration illégale ». Mais ce débat dégage comme un fumet de racisme, toutes les collectivités concernées étant majoritairement habitées par des gens de couleur…

En visite à Mayotte ce week-end, Darmanin y a annoncé la suppression du droit du sol : « Il ne sera plus possible de devenir Français si on n’est pas soi-même enfant de parents français. » Applaudissements chaleureux du RN qui en rajoute aussitôt : il faudrait étendre la mesure à toute la France. À la course poursuite sur le terrain du racisme, Marine Le Pen aura toujours une longueur d’avance.

Mayotte, cette ancienne colonie que la France a réussi à garder (défiant même les lois dites internationales et les résolutions de l’ONU) au moment de l’indépendance des Comores, dont elle est l’une des iles, est aujourd’hui le département le plus pauvre de France. De nombreux habitants vivent dans des bidonvilles, l’accès à l’eau potable n’y est même pas assuré, mais les politiciens locaux et le gouvernement français font des migrants venus des autres îles des Comores les boucs-émissaires de la situation. La France a fait de Mayotte son 101e département pour préserver ses intérêts dans la région et n’a que faire de la situation des Mahorais. Un département un peu spécial, colonial, pour qui on va changer un peu la Constitution, histoire d’y rendre constitutionnelle la chasse aux migrants.

Cette politique de division a semé la haine à Mayotte, avec l’émergence de collectifs anti-migrants. Un aperçu de ce qu’ils tentent de faire aussi dans l’Hexagone, avec leur loi Immigration. La xénophobie est un poison pour la classe ouvrière, ne nous laissons pas diviser. Ouvrons les frontières, libre circulation pour tous.

Comme chacun sait Mayotte manque d’eau. Ce qui oblige l’État à distribuer chaque mois 17 millions de bouteilles d’eau minérale achetées à l’île Maurice. Pour remédier à cette situation et pallier la production insuffisante de l’usine locale de dessalement d’eau gérée par le groupe Vinci, le préfet a décidé la construction d’une seconde installation, beaucoup plus performante. Seul problème : le lieu choisi, à Ironi Bé, se trouve sur le lagon, entouré d’une barrière de corail de 140 kilomètres de long, considérée par les biologistes marins comme un sanctuaire pour la bio-diversité marine. Jusqu’à présent les protestations des organisations écologistes, des riverains et de la députée locale sont restées sans réponse. Le préfet, qui avait reçu l’an dernier le soutien d’Élisabeth Borne, s’obstine malgré la catastrophe écologique annoncée. « Le quinquennat sera écologiste » disait Macron. Il n’en prend toujours pas le chemin.