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À Nanterre, ils veulent exclure ceux qui se battent pour ouvrir l’accès à la fac ! Relaxe pour les neuf de l’Unef !

À la fac de Nanterre, l’équipe présidentielle, pourtant officiellement progressiste, cherche, sur la base de faux témoignages, à exclure l’Unef de l’université pour défendre sa politique de sélection ! Elle a ainsi saisi la section disciplinaire contre neuf militants et élus étudiants de l’Unef : Héloïse, Salomé, Coppelia, Selim, Ayoub, Barth, Mickaël, Victor et Hajar. Tous ont participé à l’occupation des sans-facs contre la sélection tout au long de l’année universitaire 2021-2022. Parce qu’ils se sont battus pour une fac ouverte à tous, la présidence veut les exclure. À Nanterre, une campagne syndicale est menée chaque début d’année universitaire pour permettre aux jeunes recalés de l’enseignement supérieur via les diverses plateformes de sélection (Parcoursup, eCandidat, Campus France) ou qui n’ont pas pu candidater dans les délais (très restrictifs), de s’organiser collectivement pour contester l’injustice qui entend condamner les jeunes des classes populaires ou les étrangers et étrangères à subir les frais du sous-financement des universités. À la rentrée 2021 ce sont des dizaines de jeunes qui se sont organisés en collectif avec des syndicalistes de l’Unef pour revendiquer un droit essentiel, celui de pouvoir étudier dans la fac et la filière de son choix.

Fin octobre 2021, face au refus de la présidence de Nanterre de poursuivre les négociations permettant d’aboutir à des inscriptions, les sans-facs de Nanterre et les militants et militantes de l’Unef ont entamé une action d’occupation de la tour Grappin qui héberge les bureaux de la direction. Cette action d’occupation, rythmée par des meetings qui ont réuni plusieurs centaines de personnes contre la sélection, de nombreux rassemblements et expressions de soutien de syndicats et de partis, des actions interprofessionnelles, des rencontres nationales du mouvement étudiant, la participation aux manifestations du mouvement social plus global, a duré neuf mois. Au terme de cette campagne syndicale et de cette action collective, ce sont plus de 70 jeunes qui ont pu accéder à l’université.

Ces neuf mois d’occupation contre la sélection ont été l’occasion d’une répression inédite de la part de l’équipe présidentielle et de ses services de sécurité, avec le soutien des syndicats professionnels de l’université (de la CFDT jusqu’à la FSU en passant par la CGT et l’Unsa) : tout au long de l’action d’occupation, les militants et militantes de l’Unef, syndicat représentatif des étudiants majoritaire sur l’université, se sont vus harceler par les vigiles de l’université et d’entreprises privées, filmés en permanence, suivis jusque dans leurs partiels, victimes d’insultes sexistes, homophobes et islamophobes et de violences physiques. Le NPA, parce qu’il a soutenu l’occupation, s’est vu expulser du local qu’il avait depuis des années dans un bâtiment de la fac. Cette escalade répressive, qui a coûté trois millions d’euros à l’université, aboutit aujourd’hui à une action disciplinaire contre neuf militantes et militants de l’Unef, dont la sanction pourrait aller jusqu’à l’exclusion définitive de l’université et dont la procédure et le jugement ont été délocalisés à l’université Gustave Eiffel de Marne-la-Vallée. Parmi les nombreux griefs et accusations fallacieuses, il est reproché aux syndicalistes de porter atteinte à la réputation de l’université ! Dans l’épais dossier, on trouve des accusations fantaisistes appuyées par des preuves plus que bancales : il est reproché aux camarades d’avoir consommé de l’alcool et pour étayer l’accusation, la photo d’une bouteille… sauf que si l’on se penche un peu sur l’image et que l’on fréquente Lidl, on reconnaît une bouteille de vinaigre balsamique. Cet exemple illustre assez bien la procédure et permet de saisir que ce que l’on reproche aux militants, c’est bien d’avoir mené une action syndicale collective contre la sélection et que ce que craignent avant tout la présidence de Nanterre et le ministère, c’est que ce type d’initiative prenne de l’ampleur, se propage et se coordonne.

La présidence de la fac de Nanterre cherche à exclure de l’université le syndicat majoritaire qui n’a pas voulu baisser les bras. Face à cette offensive d’une ampleur inédite contre des syndicalistes étudiants il faudra redoubler de soutien : rassemblements nombreux, relais de soutien sur les réseaux sociaux et participation à la caisse de solidarité pour payer les frais d’avocat qui s’élèvent à près de 20 000 euros. Ne laissons pas se banaliser les trop nombreux cas de répression, du mouvement écologiste aux syndicalistes d’entreprise, des Gilets jaunes aux étudiants et étudiantes mobilisés. Soutenons toutes celles et tous ceux qui contestent le fonctionnement profondément inégalitaire de cette société et faisons front contre la répression.

Il en va de l’intérêt général et tout particulièrement des jeunes de classes populaires, de la sauvegarde d’une université ouverte socialement, c’est-à-dire qui n’accentue pas la ségrégation sociale existante. Ouverte politiquement aussi, qui reste un lieu de débats et de discussions politiques ouvert à toutes et tous.

Correspondants locaux