Nouveau Parti anticapitaliste

Nos vies valent plus que leurs profits

À Vertbaudet, les nôtres !

Mardi dernier 16 mai, la police est intervenue pour déloger le piquet de grève des ouvrières de l’entrepôt Vertbaudet, à Marquette-lez-Lille, une entreprise de vêtements pour enfants. Une ouvrière s’est retrouvée aux urgences de l’hôpital pour une lésion au cou à la suite des violences policières. La veille, deux militants qui étaient venus soutenir le piquet de grève avaient été arrêtés. Et le lendemain, c’est un des syndicalistes de l’entreprise qui était agressé par des individus en rentrant chez lui. Mais la grève continue.

Cette grève qui dure depuis deux mois est révélatrice de la colère du monde du travail, face à la rapacité et brutalité du patronat et de l’État aujourd’hui.

11 millions de bénéfices, 0 % d’augmentation

C’est à un riche fonds d’investissement, Equistone Partners Europe à la tête de 5,5 milliards d’investissements, qu’appartient l’entreprise Vertbaudet. À elle seule, elle a rapporté à ce fonds 11,4 millions de bénéfice annuel. Mais c’est 0 % d’augmentation que la direction annonçait lors des NAO. Avec tout au plus quelques primes aléatoires, en fonction de la performance, et le droit de faire, au volontariat, une heure supplémentaire par jour. Le fameux « travailler plus pour gagner plus »… et se ruiner la santé.

La direction a eu l’appui sans faille des pouvoirs publics. Appui de la justice qui a donné raison au patron lorsque celui-ci a embauché des intérimaires pour remplacer les grévistes, bafouant la loi sur le droit de grève. Appui de la police intervenue plusieurs fois contre les grévistes, à la mi-avril et cette semaine. Quant aux trois individus qui ont agressé un militant syndical le 17 mai en se disant de la police et en le traitant de « sale gréviste », difficile de savoir s’ils étaient vraiment de la police, en heures sup’, ou s’il s’agissait de nervis patronaux d’extrême droite – ou les deux !

Retraite, salaire, indemnisation du chômage, un même combat

Ce comportement de la police, de la justice et de l’appareil d’État au service du patronat, c’est la réplique de ce qu’on a connu tout au long de la lutte contre la réforme des retraites, avec la morgue du gouvernement, les violences de sa police et la partialité de son Conseil constitutionnel – tous ligués pour qu’on se tue au boulot jusqu’à 64 ans, voire 67 ans, pour avoir ses annuités.

Et Macron, qui n’ose plus annoncer à l’avance ses visites de peur d’un concert de casseroles, s’est réfugié à Versailles, le 15 mai dernier, pour recevoir au château une fournée de richissimes patrons auxquels il a vanté « l’attractivité de la France » pour les investisseurs. Entendez les salaires bloqués et la précarité qui pourraient tenter, espère-t-il, un Elon Musk.

En guise de « social » et pour éviter aux patrons d’augmenter les salaires, il promet une réduction d’impôts pour « les classes moyennes » : ceux qui, selon lui, seraient « trop riches pour être aidés et pas assez pour bien vivre ». Comme si les salariés les plus pauvres ou ceux qu’on veut faire bosser presque à l’œil pour toucher le RSA étaient aidés. L’aumône en question, de 2 milliards de réduction d’impôts, représenterait tout au plus 75 euros pour chacun. Alors que pour ceux qui sont réellement trop riches, c’est 162 milliards d’aides de l’État aux patrons.

Notre colère qui s’est manifestée depuis janvier est toujours là. Les travailleuses de Vertbaudet en sont la preuve. Elles ne sont pas les seules. C’est le cas des intérimaires à PSA Stellantis, dont la paye est amputée à chaque jour décrété chômé par l’entreprise et qui se rebiffent malgré la menace que fait peser sur eux leur statut précaire ; des cheminots contre la dégradation de leurs conditions de travail ; des postiers pour l’embauche en poste fixe des intérimaires. La lutte contre la réforme des retraites n’est pas finie, la prochaine journée de grève et de manifestation du 6 juin doit être massive, n’en déplaise à ceux qui veulent nous faire taire comme à ceux qui reprennent « le dialogue social » avec des sourds. Nous toutes et tous, salariés ou jeunes révoltés par les injustices de la société et la rapacité du capitalisme, n’avons pas dit notre dernier mot.

Éditorial du NPA du 22 mai 2023

 


 

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