Nouveau Parti anticapitaliste

Nos vies valent plus que leurs profits

Aujourd’hui dans la rue, demain on continue… jusqu’au retrait !

Neuvième journée nationale de grève et de manifestations depuis la mi-janvier, et dans beaucoup de villes « la plus importante depuis le début du mouvement ». À nouveau des marées humaines, denses, blindées de banderoles, ballons et pancartes suggestives (« L’eau bout à 100 °C, la rage à 49.3 »). À nouveau des travailleurs de tous secteurs et d’autres catégories aussi, dont tout particulièrement des masses de jeunes, étudiants ou lycéens. Certainement les plus grosses manifs de jeunes depuis 2006 et la lutte contre le CPE. Pour bien des manifestants, c’était la première manif. Notable. À tel point que pas mal de ces nouveaux manifestants parlaient du mouvement comme s’il n’était qu’à son début : « c’est un commencement. » Donc toujours un gros souci à se faire pour Macron ! À commencer par la visite du roi Charles III d’Angleterre qu’il est obligé d’annuler !

Plus que de la colère, de la rage…

Et surtout, ce n’étaient pas tout à fait les manifestations précédentes. Une nouvelle colère était au rendez-vous, du moins avait-elle monté d’un cran. Le 49.3, auquel s’est ajoutée l’intervention d’un Macron considéré comme méprisant et arrogant à la télé, ont « grave » indigné et révolté. C’est le déclic qui a fait réagir, a grossi les rangs de la lutte. Quelles que soient les illusions sur le fonctionnement des institutions, le 49.3 est apparu comme une insulte à la démocratie. À l’indignation contre l’injustice sociale de la réforme des retraites s’est ajoutée l’aspiration à la démocratie. Certainement confuse mais politique. Et, last but not least, ces manifestations du 23 mars, plus « chaudes » que les précédentes, leur climat plus tendu, ont fait plus grande impression sur leurs participants eux-mêmes, pris d’une grande émotion à participer à ces marées humaines dégageant un tel sentiment de force, et surtout la conviction qu’on pouvait gagner. Un sentiment que même de plus anciens n’avaient pas connu.

Violences policières

Les flics mobilisés par dizaines de milliers se sont déchaînés : gazages de masse, tirs de LBD et de grenades de désencerclement. Des blessés. Des arrestations et gardes à vue, y compris ciblant des militants syndicaux. On a pu relever ici ou là aussi, en marge des manifestations, la présence de « fachos ». Les violences sont-elles le fait des seuls « black blocs » ? Ces violences sont-elles répréhensibles ? Des travailleurs de bien des secteurs en lutte, énergéticiens ou cheminots, travailleurs des ports et docks, ont pu faire l’expérience de la violence des forces de l’ordre, en particulier pour les déloger quand ils étaient grévistes, au mépris du droit de grève et de manifestation. Une police au service de Macron et de ses amis patrons, une violence d’État qui cherche à imposer un ordre social inique. Il y a donc une certaine compréhension de la violence de manifestants, sans commune mesure avec celle des forces de répression. Ces bris de verre, qu’est-ce que c’est face à des vies brisées par des lois anti-sociales scélérates ? Ce qui explique que des collègues soient allés faire un tour dans les cortèges de tête. Oui, c’est la rage contre Macron, président des riches, qui s’exprime aussi de cette façon-là.

Ne pas lâcher l’arme de la grève et des manifestations pour l’« outil institutionnel » du RIP

Dès le soir du 23 mars, l’intersyndicale annonçait une prochaine journée nationale de grève et manifestation pour le mardi 28 mars. Moins d’une semaine plus tard. Cette fois sans traîner et en accord avec la détermination et l’envie générale d’en découdre. Surtout que les affrontements comme la présence massive de la jeunesse ont donné du courage, confirmé qu’il était possible de gagner, d’aller jusqu’au retrait. D’ici là bien sûr, il ne va pas rien se passer. Le communiqué de l’intersyndicale évoque des actions et rassemblements à organiser le week-end. Si elle ne les avait pas mentionnés, ils auraient eu lieu de toute façon. Mieux valait donc valider d’avance ! Toute la semaine écoulée depuis le 49.3, ce sont des mobilisations dites « sauvages » parce que non impulsées par les directions syndicales, mais organisées d’en bas, souvent par des équipes syndicales combatives, qui ont marqué la situation. Reste que si c’est la rue qui fait la loi – et en ce 23 mars elle l’a faite pour la neuvième fois de façon spectaculaire – les responsables confédéraux de l’intersyndicale restent attachés aux embrouilles et impasses institutionnelles. Dans leur communiqué, ils annoncent qu’ils vont s’adresser au Conseil constitutionnel qui pourrait, peut-être, contester la réforme de Macron (sur des arguties de forme). Ils annoncent qu’ils adhèrent à la perspective d’un référendum sur la réforme, qu’ils vont « prendre toute leur part » à cette initiative d’un RIP (ou référendum d’initiative partagée).

Certes un référendum sur la destinée de nos retraites, une consultation populaire apparemment démocratique, qui pourrait s’y opposer ? Mais signalons d’abord que ce RIP proposé par la gauche alliée dans la Nupes est une vraie usine à gaz : le Conseil constitutionnel a un mois pour se prononcer sur la validité du texte proposé à référendum ; si celui-ci est validé, suit une période de neuf mois pour réunir 4,87 millions de signataires ; puis le Parlement peut encore se saisir de la question pour qu’elle ne soit pas soumise à référendum – et il a six mois pour le faire ! Toutes choses qui peuvent prendre un an et demi. Et surtout, ce RIP, cet « outil institutionnel » est proposé dans un contexte de mobilisation montante voire de basculement possible dans une grève générale, donc un contexte où ledit « outil » s’oppose à l’arme des travailleurs qui est la grève. En cas de lancement d’un processus de RIP, qu’adviendra-t-il de la mobilisation qui est aujourd’hui le cauchemar de Macron ? L’arrêter, abandonner les grèves et les manifestations, en attendant l’organisation de ce cirque et son issue hypothétique ? Lâcher la proie pour l’ombre ? Force est de constater que l’intersyndicale, alignée sur les 252 élus de gauche (députés et sénateurs qui ont déposé ce texte), se prépare à offrir cette porte de sortie à Macron.

Amplifier la mobilisation, grève générale jusqu’au retrait !

À ce stade, ce n’est pas la préoccupation de celles et ceux qui sont à nouveau descendus dans la rue le 23 mars, et qui ce 24 mars poursuivent ou entament une grève reconductible, en rage contre un pouvoir à la solde des patrons. Contre un Macron qui a réitéré, à la télé, son projet d’obliger les bénéficiaires du RSA, les pauvres parmi les pauvres, à accepter un boulot pourri au risque de se voir couper les vivres. Valeur travail oblige !

Dans les jours qui viennent, nombreuses et nombreux vont militer farouchement pour que l’élan donné par cette nouvelle journée du 23 mars se transforme en grèves reconductibles, souhaitons-le en une grève générale dont le slogan a été largement scandé dans les cortèges. Travailleurs, militants et jeunes discutent déjà, dans leurs structures d’organisation du mouvement (assemblées de grévistes, comités de mobilisation, « interpros », comités lycéens et « interfacs » – voire coordination nationale étudiante qui doit se réunir le week-end prochain à Grenoble), d’idées d’actions pour le week-end, par exemple des déambulations dans des zones commerciales ou zones d’activité, des prises de parole de travailleurs grévistes à la porte d’entreprises voisines. Dans la perspective de s’y mettre toutes et tous, ensemble. Les propositions d’interventions collectives ne manquent pas pour que de nouveaux secteurs se mettent en lutte, pour qu’ils entrent en contact, agissent et surtout décident en commun de la poursuite de leur mouvement, s’arment pour réagir ensemble face à Macron et sa police, comme face à l’intersyndicale – le cas échéant. Ce qui manque encore et à coup sûr dans ce mouvement, c’est davantage d’organisation entre celles et ceux qui en sont les artisans, davantage d’organes propres de décision grâce auxquels ils puissent se coordonner… pour gagner.

Aujourd’hui dans la rue, demain on continue… Ce qui est à l’ordre du jour, ce sont les meilleurs moyens de cette lutte et organisation collectives. Jusqu’au retrait !

Communiqué du CE du NPA, 24 mars 2023