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Belgique : vent de colère et de révolte dans les magasins Delhaize

Le groupe de distribution Ahold Delhaize, est la maison-mère des supermarchés Delhaize. C’est un groupe multinational, présent aux USA et en Europe de la Hollande à la Serbie en passant par la Belgique. C’est une multinationale qui se porte bien : sur l’ensemble de l’année 2022 le chiffre d’affaires du groupe devrait s’élever à près de 87 milliards d’euros, soit 6,9 % de plus que l’année précédente (à taux constants). Son patron n’a pas de problèmes de fin de mois : il a gagné 6,519 millions d’euros en 2022, contre 5,7 millions d’euros en 2021 et environ 6 millions en 2020. Ses actionnaires aussi sont gâtés : les dividendes vont augmenter d’un peu plus de 10 % par rapport à 2021, soit plus de 47 millions ende dividendes.

Et pourtant !

Du pognon, en toute franchise !

Le groupe vient d’annoncer qu’il va franchiser 128 magasins en Belgique en expliquant qu’il y aurait une perte de croissance de l’ordre de 1,1 % pour les magasins intégrés, là où les modèles franchisés afficheraient une croissance de 3,5 %. Delhaize oublie de dire que, dans les magasins déjà franchisés, 25 % sont en difficulté et les licenciements ne sont pas rares. En réalité, en franchisant, le groupe souhaite augmenter encore sa rentabilité… sur le dos des salariés. Des licenciements sont déjà annoncés aussi au siège social de Delhaize par la direction.

Non à l’aggravation des conditions de travail

Pour les 9000 travailleurs concernés, changer de statut et devenir salariés de petites surfaces franchisées entraînerait un changement très important dans les conditions de travail. Les salariés changeraient de convention collective avec des conditions de travail nettement moins favorables : travail du dimanche (ce qui n’est pas le cas dans les magasins intégrés), heures d’ouverture beaucoup plus larges (et donc plus de flexibilité exigée des travailleurs avec des horaires élargis), différences de primes de fin d’année, prime de vacances et de régime de congés, pas de représentation syndicale, etc.

L’annonce de cette mise sous franchise a entraîné la colère spontanée des travailleurs, qui n’ont pas attendu d’être couverts par les syndicats, et 100 magasins sont restés fermés plusieurs jours.

Du côté syndical, radicalisme mais partenariat

Les syndicats annoncent un combat long et dur. En Belgique, ils savent se montrer radicaux par des opérations coups de poing, des blocages, des déclarations radicales, comme dimanche devant un magasin bloqué par des syndicalistes à Bruxelles. Cela va aussi de pair avec toute une politique de négociations avec le patronat en tant que partenaires sociaux. Ainsi, concernant les magasins Delhaize, le syndicat SETCa, de tendance de gauche socialiste, explique déjà : « Il y a d’autres manières de doper les ventes et d’assurer la croissance que de toucher à l’emploi. Une politique commerciale correcte serait certainement une solution toute aussi valable. »

Cette situation dans les magasins Delhaize n’est pas isolée. Le groupe de magasins Mestdagh vient de rompre les contrats qui le liaient à Carrefour : 86 des Carrefour Market et Carrefour Express présents en Belgique ont disparu au profit du groupe Intermarché (Les Mousquetaires) qui ne fonctionne que sur le modèle de la franchise en Belgique. Avec ce changement d’enseigne, ce sont des conditions de travail et les salaires qui vont se détériorer.

En se mettant en grève, en fermant spontanément les magasins Delhaize, les salariés ont montré la voie à suivre : la force des travailleurs, c’est la grève !

Paul Galler