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Brutalité policière pour défendre l’accaparement de l’eau par l’agro-industrie et ses méga-bassines !

Deux cents blessés, des dizaines grièvement dont deux avec un pronostic vital engagé. La violence d’État s’est déchaînée, les flics de Macron-Darmanin se sont lâchés ce 25 mars 2023 à Sainte-Soline (79), où près de 30 000 personnes avaient répondu à l’appel de « Bassines non merci », de la Confédération paysanne et des Soulèvements de la Terre, et ce malgré l’interdiction de manifester. Quatre fois plus de monde qu’en octobre dernier ! Un pied de nez à la préfecture des Deux-Sèvres et au gouvernement qui ont répondu par une brutalité inouïe !

En octobre 2022, à Sainte-Soline déjà, 7 000 personnes se rassemblaient, malgré déjà l’interdiction de manifester, pour demander un moratoire sur la construction des méga-bassines. Financées à 70 % par des fonds publics, elles sont un accaparement de l’eau au profit d’une minorité de gros agriculteurs qui détruisent la biodiversité et la fertilité, fragilisent les réseaux hydrologiques, pour cultiver principalement du maïs.

Ce samedi 25 mars, des milliers de manifestants avançaient déterminés dans un cortège qui s’étendait sur plus de six kilomètres avant d’arriver devant cette méga-bassine en construction, un cratère de 16 hectares. Les fourgons de police et de gendarmerie ceinturaient à touche-touche cette bassine et des milliers de robocops en faisaient autant. L’objectif des organisateurs était de faire une chaîne humaine autour de cette bassine. Mais alors que les manifestants commençaient à se positionner, dès que des groupes s’approchaient trop près des cordons de CRS, les lacrymogènes partaient et le canon à eau se mettait en action. Quand le cortège fut empêché de faire le tour, les échauffourées entre des manifestants aguerris et les forces de l’ordre ont démarré. Trois heures d’affrontement où les violences policières ont été sidérantes de brutalité : pluie de grenades de désencerclement et de LBD1, intervention de 20 quads pour prendre à revers les manifestants. L’assistance médicale mise en place par les manifestants était débordée et les ambulances se faisaient attendre. Bilan : plus de 200 blessés selon les organisateurs, plusieurs dizaines avec blessures graves nécessitant une hospitalisation, et ce lundi 27 mars, ce sont désormais deux manifestants qui ont leur pronostic vital engagé et un manifestant dont le pronostic fonctionnel est engagé.

« Cette violence est absolument criminelle quand on sait qu’il s’agissait pour la police d’uniquement protéger un cratère vide et de garder la face. Elle fait largement écho à la répression brutale subie par le mouvement social contre la réforme des retraites. Pire, la police a retardé la prise en charge des blessés en bloquant le Samu à Sainte-Soline, alors que celui-ci avait été appelé par les manifestants dès 13 heures. Une personne en urgence vitale a dû attendre plus d’une heure avant que la préfecture n’autorise le Samu à passer après des appels de la Confédération paysanne. » (Communiqué de presse des organisateurs) Le blocage a été confirmé dans un communiqué par les observateurs de la Ligue des droits de l’homme.

Les manifestants et manifestantes ont excavé et désarmé une pompe et une canalisation centrale de la bassine de Sainte-Soline, la mettant définitivement hors d’état de nuire. La Confédération paysanne a également monté une serre maraîchère afin d’aider à l’installation d’un paysan sur une parcelle proche de la bassine et a planté 300 mètres de haie en bordure de champs. Ces actions montrent qu’au-delà de l’opposition aux méga-bassines, c’est bien un autre modèle agricole plus résilient, partageur des ressources en eau et à taille humaine qui est défendu dans cette lutte.

Le samedi soir et le dimanche, la mobilisation s’est poursuivie dans la commune de Melle, par des concerts, des tables rondes sur les ravages de l’agro-industrie, les luttes à l’international pour la préservation de l’eau et l’agriculture paysanne, mais aussi des réflexions sur la suite et les convergences de nos luttes. Là aussi, des milliers de personnes sont venues débattre et affirmer leur détermination de vouloir une autre vie pour toutes et tous.

Malgré la douleur de savoir nos amis gravement blessés, nous sortons renforcés de nous être retrouvés quatre fois plus nombreux qu’à la mobilisation précédente : fin du monde, fin du mois, même système, même combat !

Élise Moutiers

 


 

1 Lanceurs de balles de défense.