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Nos vies valent plus que leurs profits

Comment se passer de l’agrobusiness pour nourrir l’humanité

Le modèle agricole actuel s’est développé en France dans les années soixante. L’État et le syndicat agricole majoritaire, la FNSEA, ont travaillé main dans la main pour moderniser l’agriculture, la rendre la plus rentable et productive possible, avant tout pour faire de la France une grande puissance agricole industrielle, concurrentielle sur le marché mondial.

Un « toujours plus » agricole, qui empoisonne le vivant…

En France et partout dans le monde, le bilan de l’agriculture « conventionnelle » et de l’agro-industrie fait froid dans le dos : épuisement des sols, pollution de l’environnement et de l’eau, empoisonnement chronique de la population par les résidus de pesticides, les excès de sucre et de graisses saturées. L’obésité est devenue une des principales maladies chronique dans le monde, tandis que plus de 800 millions de personnes sont victimes de la faim [ONU, 2021].

… pour engraisser les grandes entreprises

Cependant l’agriculture profite à quelques-uns : les grandes entreprises du secteur agricole et de l’agro-alimentaire, les équipementiers, semenciers, et bien sûr les grandes coopératives et distributeurs. L’industrie agro-alimentaire est le secteur le plus important en France en nombre de salariés. Dans le monde, il est dirigé par une poignée de multinationales, dont Cargill, Nestlé, PepsiCo sont parmi les dix premières. Ces grandes firmes ont bâti leur empire sur le modèle conventionnel qui nous emmène droit dans le mur.

Une autre agriculture est possible… sans le capitalisme !

Pour changer l’agriculture, et lui permettre de nourrir l’humanité, les solutions techniques existent et sont nombreuses. En sachant que les dernières recherches scientifiques et le « progrès », ça ne veut pas dire toujours plus de gadgets technologiques, de chimie, d’énergie pour « contrôler la nature ». Au contraire. Les recherches les plus récentes en biologie et sur les écosystèmes en témoignent. Il y a quantité d’exemples de systèmes agroécologiques, sans pesticides, limitant le travail du sol. Le principal frein à leur application à grande échelle reste que tout changement est soumis au rendement potentiel, à court terme : la logique du marché lisse toute initiative.

Or, nombre d’agriculteurs et de travailleurs agricoles aimeraient travailler sans s’épuiser ni se ruiner la santé, tout en produisant de la nourriture de qualité. Nous pourrions organiser l’agriculture de façon beaucoup plus logique, en tenant compte des rythmes du sol et de l’environnement, en prenant soin de la biodiversité. Beaucoup d’absurdités liées au profit disparaîtront, comme les transports dans le monde entier d’aliments que l’on pourrait produire localement, la surproduction de viande (de mauvaise qualité qui plus est), la monoculture sur des milliers d’hectares de plantes certes très productives, mais aussi très fragiles.

Le travail agricole pourrait prendre une forme beaucoup plus coopérative, plus en lien avec la recherche scientifique, pour privilégier les meilleures pratiques et surtout aider à leur mise en application. Et pour que l’humanité puisse manger à sa faim et sainement dans 20 ans, il faut qu’elle prenne soin de l’eau, des sols et de tout le vivant, maintenant. La révolution agricole du 21e siècle devra s’opposer aux vrais profiteurs du système agricole actuel, pour leur reprendre le volant et décider de quelle agriculture nous avons vraiment besoin.

Jean Einaugig

 


 

 

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