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Des possibilités d’explosion sociale que l’intersyndicale s’est efforcée de contenir… jusqu’à la prochaine étape ?

Coller aux institutions ou s’y affronter

Lors de toute la phase de mobilisation sur les retraites de 2023, l’intersyndicale a délibérément fait le choix de coller au calendrier institutionnel, en faisant correspondre systématiquement les dates d’appels à grève et manifestation avec les jours de votes à l’Assemblée nationale ou au Conseil constitutionnel. Alors même que, dans la population, la défiance vis-à-vis du régime s’accentuait, plutôt que de se raccrocher aux institutions, il aurait été possible de nourrir l’affrontement avec elles.

L’intersyndicale n’a jamais appelé non plus à la généralisation de la grève. L’occasion s’est présentée à au moins deux reprises : lors de l’enchaînement des trois dates de mobilisations les 7, 8 et 9 mars et lors du passage en force par le 49-3. L’écart laissé entre la manifestation du 1er mai et l’appel à la grève du 6 juin, ainsi que le retour au « dialogue social » avec Macron et le gouvernement étaient une façon de faire retomber la température.

Faire converger toutes les luttes

Pendant toute cette période, il y a eu des grèves sur les salaires et/ou les conditions de travail. Les faire converger aurait de toute façon été nécessaire. Peut-être alors les conditions pour que le mouvement sur les retraites et celui sur les salaires ne fassent plus qu’un auraient-elles pu être réunies. Cela aurait aussi pu aider à la généralisation dans une série de boîtes, notamment dans une partie du prolétariat plus jeune et plus précaire qui a tendance à penser que « de toute façon on n’aura pas de retraites ». Mais les confédérations syndicales se sont bien gardées de tenter quoi que ce soit dans cette direction.

Faiblesse de l’auto-organisation

Pour battre en brèche cette politique de l’intersyndicale, l’obstacle essentiel a été la faiblesse des grèves reconductibles et de l’auto-organisation. Contrairement à la RATP et à la SNCF en 2019-2020 par exemple, il n’y a pas eu de secteur « moteur » doté de cadres d’auto-organisation capables de définir d’autres objectifs que ceux fixés par l’intersyndicale. La mobilisation des raffineries a constitué un point d’appui mais aussi un piège, avec l’illusion que la perspective de la pénurie de carburant allait remplacer la généralisation de la grève… L’irruption des éboueurs et des dépôts d’ordure a joué un rôle important. Mais, en l’absence d’assemblées générales massives de grévistes pour prendre en main la lutte, la bagarre a fini par y être désamorcée. Les blocages routiers « de l’extérieur » n’ont pu pallier le manque de piquets de grève organisés par les grévistes eux-mêmes.

La mobilisation de la jeunesse a pesé mais elle ne s’est pas révélée assez puissante en termes de structuration dans les facs et les lycées pour bousculer le calendrier de l’intersyndicale.

Un débat reste ouvert néanmoins : qu’aurait-il été possible si les révolutionnaires avaient trouvé les moyens de généraliser les quelques exemples de comités de grève, comme les cheminots à Strasbourg, et d’assemblées générales interprofessionnelles comme dans les Hauts-de-Seine ? Si les groupes de grévistes même minoritaires s’étaient fédérés pour tenter d’étendre la grève en donnant une expression à toutes les colères du monde du travail, elles et ils se seraient peut-être crée d’autres possibilités. La colère sociale persistante en redonnera l’occasion.

20 juin 2023, Xavier Chiarelli

 

 

(Article paru dans Révolutionnaires numéro 3, été 2023)