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Éducation nationale : vers une généralisation de la grève ?

Plus de 200 grévistes en assemblée générale 93 à la bourse du travail de Bobigny

Faire sauter le fusible Amélie Oudéa-Castéra pour nommer Belloubet, ministre prétendue « de gauche », n’aura pas suffi à calmer la colère dans l’Éducation nationale. Elle s’était traduite par des taux de grève importants le 1er février, et une nouvelle mobilisation cinq jours plus tard, principalement dans les collèges. Malgré le « débarquage » de la ministre le 8 février, et les premiers départs en vacances le 10, la mobilisation a continué dans les différentes académies encore en cours, comme à Bordeaux, Rouen, en Indre-et-Loire, à Grenoble… Les enseignants et enseignantes ne veulent pas du tri social annoncé par Attal avec les « groupes de niveau », comme ils ne veulent pas des 700 millions de coupes budgétaires et 11 000 suppressions de postes annoncés dans l’Éducation nationale.

Dans le 93, « c’est la réforme de trop » !

C’est dans ce climat déjà propice à la mobilisation que, le 26 février, les collègues du 93 ont massivement fait grève et reconduit : 40 % de grévistes les deux premiers jours, et toute la semaine du 26 février au 1er mars, des AG départementales qui ont réuni à chaque fois entre 150 et 200 collègues. Sans compter les multiples AG d’établissements, de districts, les piquets de grève… Cette grève avait été préparée depuis trois mois par une intersyndicale CGT-FSU-Solidaires-CNT pour appeler à « un plan d’urgence du 93 » : 5 000 créations de postes de profs, 175 de CPE, 650 d’AED, pas plus de 20 élèves par classe… Des revendications qui parlent à tous, et qui se recoupent avec la lutte contre les réformes gouvernementales. Comme le disent des grévistes : « Contre le choc des savoirs [le nom donné par Attal aux groupes de niveau], il faut un choc des salaires et des moyens ».

Avec les parents !

Le fait marquant de cette grève, c’est qu’elle est non seulement rythmée par des AG régulières, mais également par des réunions d’information aux parents qui, elles aussi, rassemblent du monde. À Bagnolet, ce sont plus de 150 parents qui ont assisté à la réunion d’information organisée par les collègues mobilisés, une cinquantaine au Pré-Saint-Gervais, une centaine à Aubervilliers ou 160 à Aulnay…

Si la mobilisation est surtout très forte dans les collèges, les grévistes s’adressent aux autres secteurs, notamment aux écoles. Ainsi, au Bourget, ils ont organisé une opération « Écoles avec nous » le 1er mars, et ont réussi à entraîner deux écoles de la ville pour la grève du 7 mars.

Pour une extension de la grève

La grève reconductible lancée par les collègues du 93 a considérablement accéléré le souffle de mobilisation depuis février dans le secteur. Si c’est ce département qui est parti en premier, c’est sans doute parce que, comme beaucoup le disent, c’est un des départements qui a le plus souffert des attaques successives, particulièrement dans l’Éducation. Mais, en réalité, chacune des revendications établies par l’intersyndicale dans son « plan d’urgence » pourrait être reprise par l’ensemble des collègues dans tout le pays.

D’ores et déjà, plusieurs AG de départements limitrophes au 93 ont annoncé rejoindre la grève du 7 mars, nouvelle journée de grève appelée par l’intersyndicale 93. Le lundi 4 mars, c’étaient les grévistes de l’est du Val-d’Oise qui occupaient le rectorat de Versailles et annonçaient leur intention d’y rester jusqu’à obtenir des réponses sur leurs revendications… Une assemblée générale a été également programmée le matin du 8 mars à la Bourse du Travail de Paris, avant la manifestation féministe, afin de mesurer les forces mobilisées à l’échelle de toute l’Île-de-France.

Le 19 mars, une grève est appelée par l’intersyndicale dans toute la fonction publique. À cette date, toutes les académies seront rentrées de vacances : une occasion, certainement, d’élargir et d’étendre encore cette mobilisation, et de construire la grève à l’échelle nationale.

Aurélien Pérenna

 

 

(Article paru dans Révolutionnaires numéro 11, mars 2024.)