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Eiffage Énergie Val de Loire : grève pour les salaires et les conditions de travail

Le 26 mai, les travailleurs et travailleuses de l’entreprise Eiffage Énergie Systèmes Val de Loire des sites de Blois, Joué-lès-Tours et Châteauroux, se sont mis en grève dans un contexte tendu avec le patronat. Leurs revendications portent sur l’augmentation des salaires, sur la négociation d’un accord d’intéressement aux effets pervers sur la santé et la prévention des risques professionnels, ainsi que sur la division en deux de l’entreprise afin de favoriser la casse sociale.

Les revenus des fainéants, ce sont les dividendes !

Si les dividendes ont augmenté de 16 %, et le chiffre d’affaires de 15 %, on ne peut pas en dire autant des salaires grevés par l’inflation, poussant de nombreux travailleurs et travailleuses à travailler « au black » les week-ends. Pire, les salaires stagnent mais le travail s’intensifie avec un glissement institutionnalisé des tâches : les salariés se voient confier des tâches pour lesquelles ils n’ont pas de qualification et qui ne figurent pas sur leur fiche de poste. Du travail gratuit déjà dénoncé aux prud’hommes, comme nous l’ont expliqué les syndicalistes CGT du site.

Un contrat d’intéressement cynique

Autre sujet d’actualité dans la boîte : la renégociation de l’accord d’intéressement dans lequel la direction souhaite ajouter un critère dit « de prévention » : une part de la prime d’intéressement serait calculée en fonction de la fréquence des accidents du travail avec arrêt de travail. Une pratique de plus en plus répandue dans les entreprises du bâtiment ou de l’industrie et qui conduit les travailleurs et travailleuses à sous-déclarer les accidents du travail pour ne pas faire chuter la rémunération des collègues de leur service. C’est aussi une mesure injuste, voire discriminatoire : les différents services de l’entreprise ne sont pas tous également accidentogènes en fonction de leurs expositions aux différents risques. Sous la pression de ce « critère de prévention », des salariés ont déjà rayé la mention « accident du travail avec arrêt » de leur déclaration d’accident du travail établie par un médecin, afin de le transformer, sans l’avis du médecin, en « poste adapté » (aménagement de poste suite à un accident du travail ou à une maladie), une situation par ailleurs bien moins protectrice. Le patronat est gagnant sur tous les plans : il sème la division entre les salariés, fait des économies sur la caisse accidents du travail et maladies professionnelles (ATMP) de la Sécurité sociale, affiche des taux d’accident bas pour obtenir des marchés publics… sans jamais répondre à la revendication des salariés en termes de prévention : « On veut une vraie politique de prévention, pas cet objectif de 0 % qui n’est pas tenable et encourage la dissimulation » explique l’élu CGT de l’entreprise, avant de rappeler que le BTP est le secteur avec le plus de morts au travail (un mort par jour travaillé) et que les patrons ne sont jamais condamnés à des peines de prison ferme alors que leur responsabilité est reconnue.

Une riposte patronale bien rodée

Eiffage Énergie Systèmes Val de Loire compte 550 salariés, et il n’est pas toujours facile de s’organiser syndicalement sur plusieurs sites dans une entreprise travaillant dans des chantiers lointains, surtout quand le patronat déploie toute une stratégie de division.

La CGT, seule organisation syndicale dans l’entreprise, en fait les frais : l’employeur n’hésite pas à dire que si la CGT refuse de signer l’accord d’intéressement, les salariés n’auront aucune prime d’intéressement. Déjà en 2019, lors des dernières élections professionnelles, une autre liste (CFDT) était magiquement apparue et sa profession de foi avait été diffusée par la direction elle-même, qui rêve d’un syndicat de cogestion à ses ordres, quelle que soit l’étiquette. La direction veut maintenant scinder le comité social et économique (CSE) pour désorganiser l’action syndicale en la dispersant dans deux instances de représentation distinctes.

La direction s’agite dans ces offensives antisyndicales, la CGT gratte donc au bon endroit. Si ce critère de prévention extrêmement dangereux pour les conditions de travail est déjà passé dans plusieurs des entreprises du BTP, on ne peut qu’espérer que la grève des travailleurs et travailleuses d’Eiffage fasse la démonstration qu’il est possible d’imposer au patronat du bâtiment de faire machine arrière. Ces conditions de travail toujours dégradées dans le secteur du bâtiment, comme en témoigne le chantier du Grand Paris, doivent nous indigner ! Il est plus que jamais nécessaire de soutenir de toutes nos forces les initiatives, grèves et actions des salariés du BTP !

C.D. et Anne Cravero