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Esprit de carnaval, es-tu là ?

Jeudi 30 mars, la préfecture de Caen se félicitait du succès du carnaval étudiant : 35 000 participants, de quoi renforcer la renommée maintenant bien établie d’un événement qui attire des carnavaliers parfois de l’autre bout du pays – et engorge, les flots de bière aidant, les services d’urgence du CHU.

Autre ambiance à 19 heures devant la préfecture, solidement gardée par une escouade de flics. Organisé en moins de 48 heures par les militants du mouvement contre les retraites, avec la caution d’une coalition d’organisations associatives, politiques (dont le NPA) et d’un bout de l’intersyndicale (Solidaires, FSU et des pans de la CGT), un rassemblement s’est tenu en soutien aux victimes de la police à Sainte-Soline (la manifestation contre les « mégabassines ») et ailleurs. Ce n’est pas 250 à 300 personnes comme l’écrit hâtivement le correspondant de Ouest-France, mais bien trois fois plus qui étaient rassemblées – et ne sont pas parties manifester comme l’a écrit, là encore bien hâtivement, le même journaliste.

Une demi-heure plus tard, juché sur un caddie de supermarché, un bonhomme carnaval à l’effigie de Macron de trois mètres de haut fait son arrivée sous les applaudissements du public. Ici et là, de la paille dépasse. Après une prise de parole pour dénoncer les violences policières et une autre en défense de l’organisation écologiste Les Soulèvements de la terre, que le ministre de l’Intérieur Darmanin veut dissoudre, le bonhomme carnaval est brûlé.

Le lendemain, les autorités déclenchent une information judiciaire contre les auteurs du bûcher sacrilège, au nom de la fonction présidentielle bafouée. Le surlendemain, samedi 1er avril, un carnaval se tient dans un quartier de Caen, avec pour thème « La Mer ». Au milieu des enfants déguisés en pirates ou en marins, un poulpe en paille et papier mâché sur armature de grillage à poule est lui aussi brûlé – en suscitant, circonstances aggravantes, la joie des petits carnavaliers. Deux poids, deux mesures : les autorités n’ont pour l’instant pas déclenché d’information judiciaire au nom de la faune sous-marine maltraitée.

De carnaval, elles aiment l’ivresse, surtout quand elle abrutit, un peu moins la très politique tradition de moquerie des puissants…

Correspondant local