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États-Unis : combattre les lois transphobes

De nombreux médias se font l’écho des lois anti-trans (contre les personnes transgenres) qui pleuvent ces derniers temps aux États-Unis, tout particulièrement dans des États dont les gouverneurs sont républicains – au premier rang desquels la Floride de Ron DeSantis. Ce bon ami et néanmoins concurrent de Donald Trump pour la présidentielle de 2024 a récemment exprimé sa volonté d’autoriser les médecins à ne pas soigner n’importe qui… Il menace même Disney, institution pourtant peu révolutionnaire, de lui supprimer de vieux avantages fiscaux pour avoir critiqué une loi de l’État (surnommée « Don’t say Gay »), visant les homosexuels et interdisant les enseignements portant sur les orientations sexuelles en classe. Le Journal du dimanche du 8 avril comme le quotidien Les Échos du 1er mai s’en offusquent. Ce dernier s’amuse à rappeler : « Dans son ouvrage qui doit le propulser vers une candidature à la présidentielle 2024, le gouverneur républicain de Floride, Ron DeSantis, raconte comment, en 2009 et en uniforme blanc de la Navy, il avait accepté de se marier au “royaume magique de Mickey”… » Mais finie la « magie », place à la démagogie réactionnaire qui prend désormais pour cible favorite, non seulement les homosexuels mais les personnes « trans ».

Une explosion de lois anti-transgenres

La situation est inquiétante aux États-Unis. Les législateurs de l’Alabama, du Dakota du Nord, de Floride, du Kansas, du Mississippi, de l’Utah, de l’Arizona, de l’Iowa, et d’autres, mènent des offensives tous azimuts : contre l’accès des personnes trans aux parcours de transition, notamment des mineurs, y compris de personnes ayant déjà entamé une transition médicale ; contre l’accès des femmes trans à certains lieux comme les prisons ou les toilettes pour femmes ; contre leur possibilité de pratiquer des sports en tant que femmes, etc. On ne compte plus les lois qui s’en prennent aux trans, notamment aux femmes trans, dans un nombre toujours croissant d’États. Le Monde daté des 23 et 24 avril derniers, reprenant des informations du Washington Post du 13 avril, décompte « depuis janvier, 29 nouvelles lois restreignant les droits des personnes transgenres adoptées dans 14 États », et, « au cours de toute l’année 2022, 20 textes de ce type adoptés par 12 États ». En réalité, 500 textes ont été proposés, la plupart étant toujours en débat. Ces chiffres, importants, montrent deux choses : la réalité d’une véritable offensive contre les personnes trans menée par les Républicains, et leur indignité à le faire à des fins politiciennes.

Des attaques meurtrières

Ne mâchons pas nos mots, une telle politique tue. Les lois appliquées aggravent les conditions de vie des personnes trans, notamment des plus jeunes, en les privant des soins nécessaires quitte même à leur imposer une marche arrière dans leur transition, réduisant leurs espaces de sociabilité, niant leur identité, les privant d’espaces pour s’exprimer… La conséquence d’un tel torrent de haine est peu surprenante : alors que tous ceux qui partent en croisade contre les personnes trans prétendent avoir à cœur de défendre les enfants, 86 % des jeunes trans souffrent de problèmes psychologiques du fait de la transphobie subie et près de la moitié ont envisagé sérieusement de se suicider durant l’année passée. Qu’elles passent ou pas, ces lois et cette propagande qui sont du fait des Républicains et au-delà de toute une extrême droite, notamment chrétienne, maintient un climat de haine et de déshumanisation des personnes trans, donnant ainsi des ailes à ceux qui ne se contentent pas de discours. Les personnes trans ont quatre fois plus de risques d’être agressées physiquement que le reste de la population et des milices d’extrême droite dont certaines arborent des croix gammées, mènent des raids et jusqu’à des fusillades lors d’événements organisés par la communauté LGBTI.

La haine des uns, l’inaction des autres

Si les républicains sont à l’offensive, on ne peut pas dire qu’à l’opposé les démocrates se placent réellement en défenseurs résolus des personnes trans. Quelques discours de soutien, une opposition aux lois tout au plus : Biden cherche des compromis entre droits des trans à vivre et prétendus droits des transphobes à harceler et opprimer. Il répand la vague promesse qu’un succès démocrate améliorerait les choses demain, alors que des vies sont menacées aujourd’hui. Seules et avec leurs organisations, les personnes transgenres ont organisé des manifestations et des mobilisations, essentiellement à l’occasion de la journée de la visibilité trans, le 31 mars dernier, contre cette offensive des Républicains et de tout ce que l’Amérique compte de réactionnaires.

Une bonne partie de ces lois ne seront jamais appliquées mais peu importe, c’est surtout un coup de projecteur et une manière de surfer sur la vague réactionnaire tout en l’alimentant. L’argumentaire de ces réactionnaires est rodé : lutter contre la culture « woke » (formule péjorative contre tout ce qui se dit progressiste), prétendre protéger les femmes (que pourtant ils méprisent, précarisent et dont ils encouragent l’oppression), prendre la défense de la famille et de ses valeurs traditionnelles et préserver les enfants du lobby LGBTI. En somme tout l’argumentaire qui a déjà servi à s’en prendre aux homosexuels.

Celles et ceux qui crachent aujourd’hui leur haine des personnes trans sont les mêmes qui étalent leur racisme, leur sexisme et leur mépris de classe contre les travailleurs. Les milices d’extrême droite qui s’en prennent aux Noirs, aux femmes et notamment aux féministes, sont les mêmes qui viendront attaquer les piquets de grévistes. C’est pourquoi la place des travailleurs conscients, aux États-Unis comme partout dans le monde, est aux côtés et en solidarité avec les personnes trans.

Marinette Wren, le 30 avril 2023

 


 

https://translegislation.com/ décompte des lois anti-trans proposées, validées, en cours d’examen ou déboutées.