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Extrême droite : le danger est réel, le moyen de le conjurer est dans nos seules mains !

Les enquêtes d’intention de vote aux élections européennes publiées début mars annoncent un total de 41 % pour les candidats d’extrême droite ou « souverainistes » dont 30 % pour la liste du Rassemblement national menée par Bardella.

À 19 % des intentions de vote, le clan macroniste fait mine d’espérer encore éviter le naufrage mais de là à envisager une victoire, il faudrait croire aux miracles. Plus le gouvernement tape fort sur les classes populaires et peaufine l’arsenal des législations anti-immigrés, plus l’extrême droite se prépare à rafler la mise électorale.

Bardella en mode « veni, vidi, vici »

C’est le 3 mars, depuis un meeting à Marseille, que le RN a officiellement lancé sa campagne. Tout semble sourire à Bardella : les sondages ascendants, l’inédite popularité dans un parti qui a longtemps boudé tout autre nom de famille que celui de son fondateur, de multiples selfies au Salon de l’agriculture alors que Marion Maréchal a reçu un shampoing à la bière. C’était l’occasion de dérouler par le menu toute la panoplie nationaliste, raciste et xénophobe habituelle au RN, en agitant la peur du « grand effacement de la France ». Si le chiffre des 5000 présents annoncés doit être pris avec toutes les pincettes nécessaires, ce qui est incontestable, c’est le coût du meeting : 400 000 euros ! Dépenser beaucoup dans les campagnes électorales, c’est une tradition bien établie pour le parti créé par la famille Le Pen, qui se vante de défendre les « petites gens » mais qui a toujours eu des goûts de luxe et su trouver de nombreuses sources de financement pour sa propagande nauséabonde, de la captation d’héritage au recours à l’emprunt sulfureux.

La politique de l’extrême droite est déjà mise en place par les États européens

Fabrice Leggeri, ancien directeur entre 2014 et 2022 de Frontex, l’agence qui garde les frontières de « l’Europe forteresse », sera le numéro trois de la liste Bardella. Ce haut fonctionnaire, normalien, énarque, nommée par le gouvernement Hollande à ce poste, est une belle prise de guerre pour le RN. Leggeri a dû démissionner de son poste sous la pression de la Commission européenne après une enquête mettant à jour ses pratiques complètement débridées en termes de refoulement des migrants aux portes de l’Europe. Sa responsabilité est avérée dans plusieurs naufrages au large de la Grèce ayant couté la vie à de nombreuses personnes. Mais, avant de faire le fanfaron auprès de Bardella, Leggeri a surtout été le fidèle exécutant d’une politique assumée par l’ensemble des États européens : sous son mandat, la croissance de l’agence a été exponentielle, et son budget annuel a décuplé pour dépasser les 900 millions d’euros.

C’est bien la preuve que, dans une large mesure, la politique menée par les États n’est pas bien différente de celle préconisée par l’extrême droite. L’enjeu, pour notre camp social, est de barrer la route à toutes les politiques antisociales et racistes qui sont menées par les gouvernements au service des capitalistes et qui pavent la voie à l’extrême droite.

L’extrême droite se nourrit de la faillite de la gauche de gouvernement et des directions syndicales, qui non seulement n’ont jamais proposé aux travailleurs de lutter contre les reculs imposés par les patrons, mais a au contraire creusé le sillon que Macron approfondit.

L’extrême droite veut donner l’impression qu’elle est une solution pour les classes populaires. Mais elle n’a jamais participé, ni de près, ni de loin, aux luttes des travailleurs dont elle réclame les suffrages.

Les bagarres pour de meilleurs salaires sont nombreuses même si dispersées. Ni les diversions d’extrême droite, ni les manœuvres de directions syndicales domestiquées ne suffiront à contenir la colère sociale qui monte. La campagne des Européennes se déroulerait dans un tout autre contexte si nous faisions irruption collectivement sur la scène sociale.

La journée de grève du 19 mars à laquelle les syndicats appellent dans la fonction publique ne doit pas être une énième journée sans lendemain, mais pourrait être l’occasion pour les travailleurs de reprendre la main sur le terrain qui leur est le plus favorable, celui de la grève. Dans le public et dans le privé, car les problèmes sont les mêmes !

Une journée, même réussie, ne suffira pas à inverser le rapport de force et faire reculer patronat, gouvernement et extrême droite. Le NPA proposera un programme de lutte pour les travailleurs, pour les classes populaires, aux élections européennes.

Nos luttes peuvent faire bouger bien plus de choses que ne le peut un bulletin dans une urne. Non, l’affaire n’est pas dans le sac pour l’extrême droite !

Marie Darouen

 

 

(Article paru dans Révolutionnaires numéro 11, mars 2024.)