Depuis quelques mois, l’« effondrement de l’empire » Ohayon, l’« homme d’affaires bordelais » classé par Challenges 104e fortune française, fait la une.
Fin septembre 2022, Camaïeu était liquidée, laissant sur le carreau plus de 2000 salariés. Elle était depuis 2018 la propriété de HPB (Hermione, People & Brands), elle-même filiale de FIB (Financière immobilière bordelaise), la holding financière d’Ohayon. Vendredi 28 avril, le tribunal de commerce de Grenoble attribuait à Intersport le rachat de la société Go Sport (2150 salariés). Cette dernière, alors en liquidation judiciaire, avait été rachetée fin 2021 pour un euro symbolique par HPB qui s’est avérée incapable de la remettre sur pied. D’autres chaînes achetées dans les mêmes conditions sont dans le même état : Gap France (vêtements, 350 salariés, en liquidation judiciaire), Galeries Lafayette (25 magasins, 1100 salariés, en procédure de sauvegarde), La Grande Récré (jouets, 900 salarié), cafés Legal (140 salariés)…
Tout le mécano financier construit par Ohayon, incapable de rembourser ses dettes, prend l’eau. Avec un trou de 78 millions d’euros, la FIB, qui possède plusieurs palaces dont le Grand Hôtel de Bordeaux, un vignoble à Saint-Émilion, un spa de luxe à Paris, etc., s’est déclarée en cessation de paiement en février dernier. Le parquet de Paris a ouvert une enquête sur HPB pour « escroquerie en bande organisée, blanchiment habituel, banqueroute et abus de bien sociaux » suite à « plusieurs signalements de faits délictueux ». Des familles portent plainte contre un des fils Ohayon, dirigeant de Campus Academy, un réseau de six écoles privées post-bac hors contrat dont certaines ont fermé faute de financement, laissant leurs étudiants à la rue… Ça sent la fin de partie !
Les salariés de Go Sport se disent soulagés d’avoir échappé à la fermeture de l’entreprise, bien qu’Intersport ne reprenne que 90 % d’entre eux et qu’ils soient conscients que la promesse de ce dernier de ne supprimer aucun emploi dans les deux ans à venir n’est pas une garantie. Derrière les tribulations d’Ohayon se joue la logique destructrice du capitalisme ordinaire.
Daniel Minvielle
Pour plus de détails sur les pratiques de l’« homme d’affaires », lire par exemple l’enquête de Radio France : https://www.francebleu.fr/infos/economie-social/michel-ohayon-le-bordelais-qui-voulait-etre-roi-8400258