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Grève des infirmières en Corée du Sud

Pendant le mois de mai, une loi dont le but était de mieux lister les tâches et augmenter la rémunération des infirmières est votée au Parlement dominé par l’opposition. Néanmoins, sa promulgation sera empêchée par le véto du président Seok-yeol. La réaction est immédiate : le syndicat national des infirmières lance un appel à la grève.

Un appel entendu

D’après le syndicat, 100 000 infirmières et étudiantes se sont mis en grève et ont manifesté le 19 mai.

En cours de rédaction depuis 2021, cette loi répondait à la demande du syndicat d’augmenter le nombre de tâches dont peuvent être responsables les infirmières. Loin d’alourdir la journée de travail, l’intention était plutôt d’avoir une fiche de poste plus proche de la réalité. D’après une étude réalisée par le syndicat, les infirmières réalisent aujourd’hui très largement des tâches qui leur sont en théorie interdites par le droit du travail. Elles exigent donc que la reconnaissance formelle de la réalisation de ces tâches entraîne une hausse de leur salaire.

Une classe bourgeoise qui se donne les moyens de mettre en place sa politique anti-ouvrière

Le syndicat des médecins, proche du parti au pouvoir, avait fait connaître son opposition à cette loi qui d’après lui ouvrirait une boîte de Pandore. Les infirmières réaliseraient des soins sans licence médicale, mais qu’elles réalisent déjà ! Plus cyniquement, les infirmières entreraient en concurrence avec leur business. Dix mille médecins avaient manifesté au début du mois pour demander que le président utilise son droit de véto.

Ce mois de mai, et plus largement depuis 2022, le gouvernement sud-coréen s’est lancé une répression féroce contre les organisations ouvrières : de nombreux représentants syndicaux ont été arrêtés, et des locaux syndicaux font l’objet de raid par la police. Cela mena un ouvrier du bâtiment à s’immoler le 1er mai pour protester contre ce haut niveau de répression.

La riposte contre le gouvernement est menée jusqu’à présent par le puissant syndicat des travailleurs du bâtiment et des chauffeurs routiers, mais l’entrée des infirmières dans la lutte traduit une conflictualité de plus en plus prégnante dans la société sud-coréenne. La question de la production de soin est posée par le monde du travail : ce sont les travailleurs et les travailleuses qui produisent, ce sont elles et eux qui doivent décider.

Pierrot Forey