Nouveau Parti anticapitaliste

Nos vies valent plus que leurs profits

Il y a 80 ans, le ghetto de Varsovie se soulevait

Le 19 avril 1943, policiers et SS allemands entraient dans le ghetto (quartier fermé par des hauts murs et des barbelés) pour le détruire complètement et en finir avec les Juifs de Varsovie.

Cette mission prévue pour trois jours dans les plans des troupes allemandes dura un mois du fait de la résistance armée de quelques centaines de combattantes et combattants, qui savaient pourtant qu’ils ne pouvaient que perdre et mourir tant le rapport de force était en leur défaveur.

Le 16 mai, le général Stroop, en charge de la destruction du ghetto, signait son rapport quotidien : « L’ancien quartier juif de Varsovie n’existe plus. L’action de grande envergure entreprise a pris fin à 20 h 15 en faisant sauter la synagogue de Varsovie. Nombre total de Juifs dont le sort est réglé : 56 065. »

Ce soulèvement pour la dignité, pour ne pas mourir comme des agneaux conduits à l’abattoir, en inspira quelques autres dans les ghettos de Bialystok et Minsk et dans les centres de mise à mort de Treblinka et Sobibor. C’était la première insurrection d’ampleur dans une ville occupée par l’armée allemande. Revenons sur l’histoire du ghetto de Varsovie et sur quelques ouvrages qui permettent de la découvrir de l’intérieur.

De l’antisémitisme à la mise en place des ghettos

L’antisémitisme (avec l’anti-bolchévisme justifiant la volonté de détruire le mouvement ouvrier) était au cœur de l’idéologie nazie, désignant les Juifs comme boucs-émissaires pour ne pas s’en prendre au capitalisme, les rendant responsables de tous les malheurs. Une manière de diviser les exploités au nom d’une prétendue « pureté de la race aryenne » et, pour les nazis, de « transmuer l’anticapitalisme de leurs troupes en antisémitisme » pour reprendre les mots de Daniel Guérin1.

Très vite après l’arrivée au pouvoir de Hitler en janvier 1933, des mesures antisémites sont prises tel le boycott des magasins juifs, puis les lois de Nuremberg en 1935 qui mettent les Juifs hors de la nation allemande, leur interdisant d’être fonctionnaire ainsi que l’accès à un certain nombre de métiers et prohibant les unions avec des « aryens ». Des pogroms ont lieu ensuite en 1938 lors de la « nuit de Cristal » (à cause des bris des vitrines des boutiques appartenant à des Juifs) au cours de laquelle des centaines de personnes ont été tuées, d’autres arrêtées et déportées dans les camps de travail ouverts dès 1933.

Le début de la guerre en septembre 1939, avec l’attaque de la Pologne et de l’est de l’Europe, est l’occasion pour le régime nazi de recenser la population juive, assez nombreuse (10 % de la population polonaise) et de la parquer dans des quartiers fermés : la création des ghettos se fait dans toutes les villes importantes, avec regroupement imposé aux habitants juifs des campagnes environnantes.

En septembre 1940, le quartier du futur ghetto de Varsovie est mis en quarantaine ; il est alors habité par 240 000 Juifs et 80 000 non-Juifs. En octobre, un décret ordonne à tous les Juifs de Varsovie d’emménager dans ce quartier et aux non-Juifs de le quitter. Le 15 novembre, le quartier est fermé. Le lendemain, des murs de trois mètres de haut, avec des barbelés, sont construits. Le ghetto s’étend sur une surface d’environ 3 000 hectares (3 % de la surface de la ville). 400 000 personnes y sont enfermées : les quelque 300 000 Juifs de Varsovie et ceux des villages alentour qui y ont été conduits de force. Une densité énorme – plus de neuf fois plus élevée qu’à l’extérieur du ghetto – dans ce qui ressemble de plus en plus à une souricière mortelle. Un certain nombre de Juifs arrivent certes à fuir à l’étranger malgré les nombreux obstacles. D’autres se cachent dans le reste de la ville. On peut supposer que ce ne sont pas les plus pauvres. Parmi eux, il y a des agents de liaison entre le ghetto et la ville « libre », sous occupation allemande néanmoins.

Dans l’enfer du ghetto

Les hiérarchies sociales ne sont pas abolies à l’intérieur du ghetto et les dirigeants nazis en jouent pleinement pour éviter une révolte généralisée. Il y a ceux qui « dirigent »… sous le contrôle total des Allemands. Le conseil juif (« Judenrat ») constitué par les plus riches est créé pour assujettir la population du ghetto et mieux faire accepter l’ordre bourgeois et nazi. Les notables du conseil juif justifient leur collaboration au nom du « moindre mal ». Ils s’appuient pour cela sur une police juive de plus de 2 000 membres mêlant rejetons de bonne famille et truands.

Pour les habitants ordinaires, c’est la lutte quotidienne pour rester en vie. Le travail forcé est organisé par le conseil juif. C’est la seule façon d’obtenir de la nourriture, en faible quantité, rationnée bien sûr, pour les habitants du ghetto. Même s’il y a aussi de la contrebande et du marché noir avec le reste de la ville… qui peut coûter la vie si l’on est pris. Le conseil juif distribue aussi des « tickets de vie » donnés par les Allemands à tous ceux dont on estime qu’ils peuvent être utiles : des policiers aux ouvriers spécialisés. Une politique de division qui nourrit l’illusion que certains pourront s’en sortir individuellement aux dépens des autres.

La répression bat son plein. Les représentants des autorités allemandes, informés par des mouchards, font des incursions au cours desquelles ils tuent des gens, ainsi les rédacteurs supposés de la presse clandestine imprimée essentiellement par les organisations issues du mouvement ouvrier présentes dans le ghetto. Le ghetto se trouve de plus en plus coupé de l’extérieur, les Allemands s’appuyant également pour ce faire sur le fort antisémitisme régnant parmi la population polonaise – malgré des actes notables de solidarité individuelle envers les habitants du ghetto.

Le ghetto meurt sur lui-même : famine et épidémies s’installent et sa population commence à décliner. 100 000 personnes meurent entre novembre 1940 et juillet 1942. Le gouverneur général de Varsovie, l’officier nazi Ludwig Fischer, affirme d’ailleurs en 1941 que « la faim et la misère entraîneront la disparition des Juifs. De la question juive, il ne restera qu’un cimetière ». Le ghetto se transforme en un monde de morts-vivants où enjamber des cadavres fait partie du quotidien.

Vers l’extermination systématique des Juifs du ghetto

Mais ce n’est pas encore assez rapide pour les nazis et, en janvier 1942, la décision de la « solution finale » est prise. Celle de l’extermination complète et industrielle des Juifs d’Europe dans des centres de mise à mort au moyen des chambres à gaz. Dès l’été 1942, le camp de travail forcé de Treblinka, situé à cent kilomètres au nord-est de Varsovie, est ainsi transformé en centre de mise à mort. Le 22 juillet 1942, c’est le début de la « grande action » : le début de la déportation des Juifs du ghetto à Treblinka. Elle prend le nom officiel de « repeuplement vers l’est » et est vue par certains comme un moyen d’échapper à l’enfer… sans connaître – dans les premiers temps du moins – le sort qui leur sera réservé. Encore une fois, les commandants nazis prennent appui sur le conseil juif qui publie un décret de déportation des habitants du ghetto et fournit des listes aux autorités allemandes pour qu’elles déportent 6 000 à 7 000 personnes par jour. Trois kilos de pain et un kilo de confiture sont promis à ceux qui se présentent volontairement. La police juive organise les déportations… pour finir par être elle-même déportée. Le créateur et dirigeant du Judenrat, Adam Czerniakow se suicide plutôt que d’informer la population de ce qui se passe. En onze mois et demi d’activité, près d’un million de personnes, essentiellement des Juifs polonais, trouvent la mort dans le camp de Treblinka.

Au même moment, une résistance armée juive se crée dans le ghetto autour de deux organisations. L’Organisation juive de combat (OJC ou ZOB, de son nom polonais), de gauche, dirigée par Mordechaj Anielewicz (23 ans, membre du Hachomer Hatzaïr, parti sioniste de gauche) et Marek Edelman (24 ans, membre du Bund, organisation non sioniste socialiste, lutte de classe). La deuxième est l’Union militaire juive de l’organisation sioniste de droite du Betar, dirigée par Pavel Frankel et David Apfelbaum. On parle de 900 personnes en tout mais Marek Edelman a dit que pour l’OJC il s’agissait de 220 personnes dont il se souvenait de tous les noms… Ces combattants informent la population sur ce qui attend les déportés au bout du voyage en train : certains évadés de Treblinka reviennent en effet au péril de leur vie dans le ghetto pour transmettre la réalité macabre de la « solution finale ».

La nouvelle de l’extermination systématique des Juifs arrive également aux oreilles des Alliés, notamment par la voie d’envoyés du mouvement de résistance polonais. Sans que cela ne suscite aucune réaction notable des responsables de ces grandes puissances.

De la résistance armée au soulèvement

Le 18 janvier 1943, une nouvelle vague de déportations commence : il ne reste alors plus que 40 000 Juifs dans le ghetto, dix fois moins qu’en 1940. Mais, pour la première fois, les nazis rencontrent une résistance : un groupe de combattants armés de pistolets infiltre une colonne de gens emmenés de force vers l’Umschlagplatz (place située à la frontière du ghetto où se trouve une gare ferroviaire d’où s’effectuaient les déportations). Au signal, ils rompent les rangs et attaquent les gardes. Des prisonniers s’échappent, de nombreux combattants périssent lors des quatre jours de combats qui suivent mais l’opération de déportation est finalement interrompue. Les habitants restant dans le ghetto commencent alors à construire des bunkers et abris : le ghetto se double d’une vaste structure souterraine communiquant avec les égouts et permettant de passer d’un bâtiment à l’autre. Les combattants fabriquent des armes (des explosifs) et tentent d’entrer en contact avec la résistance polonaise (l’Armée intérieure polonaise, l’AK) qui leur fournit quelques armes. En fait dérisoires par rapport à l’armement allemand : chars, artillerie et lance-flammes !

Himmler a en effet donné l’ordre de détruire le ghetto et, le 19 avril 1943, jour de la Pâque juive, l’attaque est lancée. Les rues du ghetto sont vides : tout le monde s’est réfugié dans les abris. La première colonne allemande est accueillie par des coups de feu et explosifs et elle doit se replier. Le combat de rue se poursuit un mois durant ; les Allemands mettent le feu à des rues entières du ghetto, asphyxiant ainsi les combattants et les habitants, avant d’inonder les habitations et les souterrains.

Tous souffrent de la faim mais, comme l’a relaté Marek Edelman, « on peut vivre pendant trois semaines simplement avec de l’eau et du sucre ». Le 1er mai, quelques insurgés, qui savent leur fin proche, se réunissent dans un bunker. Feingold, un vieux militant communiste, résume l’état d’esprit général des combattants : « Notre lutte aura une grande signification historique, pas seulement pour le peuple juif, mais pour toutes les résistances d’Europe qui combattent l’hitlérisme les armes à la main. » Et ils entonnent l’Internationale.

Le bunker de commandement de l’OJC est pris le 8 mai et Anielewicz se suicide, après avoir tué son amie. Marek Edelman, qui était à la tête d’un des groupes de combattants constitué de 50 personnes (filles et garçons âgés de 13 à 22 ans) devient alors dirigeant de l’insurrection. Et il fait partie d’un petit groupe qui s’échappe par les égouts pour rejoindre Varsovie.

Sur les dizaines de milliers de personnes, la plupart très jeunes, restant dans le ghetto au moment du soulèvement, 13 000 sont tuées lors des combats, brûlées ou gazées lors de la destruction ; les autres sont déportées dans les camps d’extermination de Treblinka et Maïdanek et les camps de concentration de Poniatowa et Trawniki. Après la chute du ghetto le 16 mai, de petits groupes de survivants continuent à se cacher et à lutter pour certains, dans les ruines, jusqu’au mois de juin 1943. Tous les combattants qui sont sortis du ghetto continuent la lutte. Dans les groupes de partisans des forêts de la région ou dans la résistance à Varsovie, où ils ont participé en 1944 aux côtés de la résistance polonaise à l’insurrection de la ville contre l’armée occupante.

Liliane Lafargue et Boris Leto

 

1 Fascisme et grand capital, 1936, Gallimard

 


 

 

Une sélection d’ouvrages sur le ghetto de Varsovie et son insurrection du printemps 1943

 

  • Mémoires du ghetto de Varsovie, de Marek Edelman

    Liana Levi, grand format ou piccolo (poche)

L’édition grand format comporte un entretien, « Prendre le bon dieu de vitesse », datant de 1977, de l’auteur avec une journaliste polonaise, Hanna Krall. Le texte de l’édition de poche se compose d’un rapport écrit en 1945 par Marek Edelman pour son parti, le Bund, intitulé « Le ghetto lutte ». Il y rapporte la vie dans ce qui devient le ghetto de Varsovie, de l’arrivée des Allemands en septembre 1939 (les dirigeants politiques, la plupart des riches ont alors quitté Varsovie) à sa fuite par les égouts le 10 mai 1943. Il raconte les exactions des Allemands, mais aussi celles des policiers juifs, considérés comme des ennemis ; la naissance de la résistance, les actions pour empêcher les déportations et le combat acharné de l’insurrection finale. Un récit et témoignage précieux.

 

  • La Vie malgré le ghetto, de Marek Edelman

    Liana Levi (aussi en fichier électronique), 2010

Publié peu après le décès de l’auteur, ce livre est constitué d’une série de chapitres, dont certains très courts, consacrés à des thèmes divers, tels que l’amour dans le ghetto, l’année 1943 (sur l’insurrection), l’Umschlagplatz (la place où avaient lieu les déportations), etc. Ils ont été écrits par Paula Sawicka, amie de Marek Edelman, sous la dictée de celui-ci, lors d’une série d’entretiens. Le premier texte écrit, mais qui n’ouvre pas le livre, est celui sur l’amour dans le ghetto, dont Marek Edelman disait qu’il avait permis aux gens de tenir… Le dernier chapitre, « Je suis sans doute le seul à avoir connu tous ces gens », est une série de mini-biographies d’anonymes dont Edelman voulait se souvenir et laisser une trace.

Solidarité, fraternité mais aussi révolte irriguent cet ouvrage écrit dans une langue simple.

 


 

Marek Edelman (1919-2009) mérite quelques lignes supplémentaires tant sa vie est emblématique d’une partie de l’histoire de la Pologne.

À la fin de la guerre, alors qu’il a survécu aux deux insurrections auxquelles il a participé, celle du ghetto et celle de Varsovie, il a fait partie des rares Juifs choisissant de rester en Pologne. Il s’est alors lancé dans des études de médecine, lui qui avait quitté l’école très jeune, et est devenu médecin cardiologue. Suite à une vague d’antisémitisme orchestrée par le pouvoir polonais en 1968, il a perdu son poste à l’hôpital de Lódz (sa femme et ses enfants ont décidé quelques années après de s’exiler en France, lui non).

Il a fait partie de Solidarność à sa création, ce qui lui a valu quelques jours de prison, et il est devenu le médecin des opposants.

Il a refusé tout au long de sa vie de participer aux cérémonies officielles de commémoration de l’insurrection du ghetto.

Et, surtout, il n’est jamais devenu sioniste : ses visites en Israël étaient l’occasion de critiquer la façon dont les Palestiniens étaient traités. L’État israélien le lui rendait bien : il n’y a jamais été décoré et le héros officiel du ghetto de Varsovie est Mordechai Anielwicz (qui s’est suicidé lors de l’assaut allemand du bunker de commandement).

Une fidélité à ses engagements et ses valeurs qui a néanmoins souffert d’un angle mort : son soutien aux interventions militaires des puissances impérialistes au Kosovo puis en Irak, justifié au nom de la « lutte pour la liberté ». L’histoire a pourtant montré en quoi ces interventions – ou non-interventions – étaient entièrement guidées par la défense de leurs intérêts politiques et économiques sur place, et en rien par le sort des populations locales. Dans la droite ligne, d’ailleurs, des propres mots de Marek Edelman concernant la création de l’État d’Israël : « Si Israël a été créé, c’est grâce à un accord passé entre la Grande-Bretagne, les États-Unis et l’URSS. Pas pour expier les 6 millions de Juifs assassinés en Europe, mais pour se partager des comptoirs au Moyen-Orient. »

 


 

  • La Muraille, de John Hersey

    Folio, deux volumes

Ce roman très documenté raconte l’histoire du ghetto de Varsovie du début à l’insurrection jusqu’à la destruction finale, à travers un groupe d’amis.

Il est inspiré de la vie d’Emmanuel Ringelblum, historien, qui, à partir d’octobre 1939, a entrepris de rassembler les documents sur le sort des Juifs. Un groupe de soixante bénévoles s’est rassemblé autour de lui. Pour eux, se souvenir était une forme de résistance. Ils ont caché dans des bidons de lait ou des boîtes en fer-blanc ces milliers de documents avant de les enterrer peu avant la fin du ghetto.

John Hersey en tire un roman exceptionnel qui fait revivre le ghetto à travers l’exposition des sentiments et réflexions de ce groupe d’amis. Plusieurs survivants du ghetto ont témoigné avoir été saisis par la justesse de cette fiction tant elle résonnait avec leur propre expérience.

 

  • Les fenêtres d’or, d’Adolf Rudnicki

    Gallimard, 1966 (réédité par les éditions Sillage en 2010)

Adolf Rudnicki est un écrivain juif polonais qui a participé à l’insurrection du ghetto. Dans ce recueil de nouvelles, celle qui donne son titre à l’ouvrage est particulièrement saisissante. On y suit l’insurrection dans le ghetto et les dilemmes qui animent les personnages. Aucune ligne étanche ne sépare les « traîtres » et les « héros ». À travers une écriture au couteau, Rudnicki livre un récit qui prend aux tripes.

 

  • L’extermination des Juifs de Varsovie, de Victor Serge

    éditions Joseph K., 2011

Ce livre rassemble des textes méconnus de Victor Serge, militant révolutionnaire antistalinien proche de Léon Trotski. Dans ces textes écrits à partir de la fin des années 1930, Victor Serge témoigne d’une attention soutenue au sort des Juifs et dénonce l’antisémitisme ambiant qui fait partout des ravages, y compris au sein du mouvement ouvrier. Il insiste à juste titre sur la nature contre-révolutionnaire des régimes fascistes acquis à la défense des intérêts du grand capital. L’antisémitisme leur sert de dérivatif idéologique en faisant des Juifs les responsables de tous les maux.

Le court texte daté de janvier 1943 sur le ghetto de Varsovie est une description clinique des atrocités commises par le régime nazi. Victor Serge souligne plusieurs points essentiels : la persistance des hiérarchies sociales ; le rôle d’intermédiaire joué par le conseil juif ; la nécessité de ne pas tirer un trait d’égalité entre le régime nazi et l’ensemble de la population allemande. Ce texte fait partie des rares prises de position à chaud, dans les pays occidentaux, par rapport à l’extermination des Juifs.

Enfin, dans le même recueil, se trouve aussi « Pogrom en quatre cents pages », une critique acerbe du pamphlet antisémite et misogyne de Céline, Bagatelles pour un massacre. Le texte de Serge – par ailleurs admirateur de Voyage au bout de la nuit – renvoie ce livre de Céline à l’endroit adéquat : les poubelles puantes de la politique et de la littérature.