Nouveau Parti anticapitaliste

Nos vies valent plus que leurs profits

Contre la réforme des retraites. Vidéos de la réunion publique du NPA Jeunes du 21 janvier 2023

Ci-dessous les vidéos des interventions à la réunion publique du NPA jeunes à Paris le 21 janvier 2021.

(Et en texte aussi, l’intervention d’Aurélia du secteur jeune)
 

Intervention d’Irina, du secteur jeune (1/5)

Intervention de Ken, travailleur dans l’automobile (2/5)

Intervention de Gaël, postier (3/5)

Intervention de Brenda, cheminote (4/5)

Intervention d’Aurélia, du secteur jeune (5/5)

 


 

Ci-dessous le texte de l’intervention d’Aurélia

Salut à toutes et à tous,

Macron et Borne nous ont fait attendre depuis des mois, on s’y préparait, mais à présent, on y est : la mobilisation contre la réforme des retraites a commencé. Bien plus qu’une mobilisation syndicale : une bagarre très politique entre d’un côté ce gouvernement au service du patronat qui cherche à se la jouer « rouleau compresseur » contre le monde du travail et, de l’autre, le monde du travail qui ne fait pas que subir l’offensive (à l’image des multiples mouvements locaux sur les salaires pour résister à l’inflation).

La réforme des retraites, la gauche et certains syndicats en parlent comme de « la mère des batailles », comme si c’était l’affrontement décisif qui allait sceller le destin des classes populaires pour toute une période. Comme si une fois passée, on était foutu pour toujours. En réalité, la lutte de classe, c’est du rapport de force permanent entre exploiteurs et exploités.

Aujourd’hui, les exploiteurs et leurs mercenaires du gouvernement repartent à l’assaut et espèrent nous faire reculer après avoir échoué en 2019. Ils veulent faire vite pour profiter de la situation actuelle et utiliser ce qui reste de capital politique à Macron. Car oui, cette réforme des retraites, si elle arrive maintenant, ce n’est pas par hasard.

Après avoir épuisé leurs arguments sur les plateaux télés en racontant que leur réforme est juste, belle et qu’elle va sauver nos retraites, les ministres ont changé de disque, car ils ont vu la mobilisation monter cette semaine. Avant même la grève de jeudi, ils avaient déjà un autre plan de communication : fermer leur bouche. C’est pas pour nous faire des vacances qu’ils ont choisi de se taire dans les médias, même si ça fait toujours plaisir, c’est pour éviter de dire des conneries qui auraient pu jeter de l’huile sur le feu. Et laisser faire le boss : Macron. Il était en Espagne avec son collègue le Premier ministre socialiste Pedro Sanchez. Et dans ce pays gouverné par la gauche où la retraite est à 67 ans, il a sorti l’argument ultime : cette réforme, vous l’avez voulue parce que vous avez voté pour moi en 2022.

Hum. Comment dire… Il a raison sur un point : cette réforme dégueulasse était présentée noir sur blanc dans son programme présidentiel. Et s’il a fait semblant d’être ouvert pour avoir les voix de la gauche au 2e tour, son calcul, c’était bien celui-là : profiter de son élection face à Le Pen pour affirmer une certaine légitimité à mener son offensive. Je résume : il annonce d’avance qu’il va nous taper dessus, il installe le duel avec Le Pen, on doit choisir entre la peste et le choléra, puis il nous roule dessus en expliquant qu’on lui a demandé. Quand on dit que cette société ne tourne pas rond…

Ça, c’est le piège électoral. Mais aujourd’hui, une nouvelle séquence s’est ouverte : de la pure lutte de classe. Et face à ça, la soi-disant légitimité de Macron à nous rouler dessus pour plaire au patronat ne va pas durer longtemps. On pourrait même dire que ça commence mal pour lui : à peine réélu, il vient d’encaisser la plus grosse journée de mobilisation depuis plus de dix ans. J’ai comme l’impression que la suite du quinquennat ne va pas très bien se passer… En tout cas, on va tout faire pour !

Alors, vu que tout le monde ici est convaincu que cette réforme est pourrie, il y a quand même 66 % des Français – et 90 % des salariés ! – qui sont contre la réforme malgré la propagande du gouvernement, je vais pas y revenir plus que ça. On était aujourd’hui dans une manif appelée par LFI qui répète en boucle que c’est une réforme « idéologique », « antidémocratique », ils nous disent : retirons cette réforme, nous serions déjà à l’équilibre.

Cet argument qu’on entend à gauche pour s’opposer à la réforme de Borne et Macron, il est mauvais : car si le système est aujourd’hui à peu près à l’équilibre – mathématique – (cotisations = pensions), c’est un équilibre complètement pourri : il faut comprendre qu’il repose sur des salaires bas, une vie à bosser et des pensions de misère pour ceux qui ont la chance de les toucher. C’est ça notre idéal à préserver ? Si on s’oppose totalement à cette réforme, ce n’est certainement pas pour défendre le système actuel.

En réalité, c’est une réforme taillée sur mesure pour le patronat. Bosser plus, c’est des taxes et des impôts en plus sur le dos des salariés, mais c’est aussi « rassurer » les marchés financiers pour montrer que l’État fait des économies et peut rembourser sa dette. Ces marchés financiers qui lorgnent d’ailleurs sur les retraites (346 milliards d’euros de pensions de retraite chaque année, ça fait rêver les investisseurs !) et ils aimeraient bien développer le système par capitalisation, c’est-à-dire que les salariés « placent » individuellement leur argent chez eux : en attendant la retraite, ils sauront quoi faire de ce fric. Ce n’est pas l’objectif direct de la réforme, mais quand on est convaincu d’avoir une retraite de misère au bout de votre carrière, on fait quoi ? On épargne ! Et encore faut-il avoir de quoi épargner : le problème pour des millions de travailleurs, c’est plutôt de rembourser les crédits !

Finalement, l’objectif fondamental de cette réforme, c’est de nous faire bosser plus. Pour produire du profit capitaliste. C’est le travail salarié qui produit leurs dividendes records, donc pour ça, ils veulent qu’on bosse plus, mais dans des conditions toujours pires. Parce que si, d’un côté, la réforme va obliger des millions de personnes à s’épuiser au boulot jusqu’à 64 ans, d’autres vont se retrouver au chômage, contraints d’accepter tous les petits boulots en attendant d’avoir le droit de toucher leur pension. N’importe quel boulot, quel que soit le salaire, surtout après la réforme de l’assurance-chômage qui baisse la durée et le montant des indemnités. Déjà, c’est totalement l’inverse qu’il faudrait faire, pour laisser la place aux jeunes qui cherchent du boulot. Le chômage reste très élevé chez les moins de 25 ans. Cette jeunesse pauvre, qui passe d’emploi précaire à période de chômage, qui galère pour étudier et fait la queue à l’aide alimentaire, va prendre de plein fouet les conséquences de cette réforme.

On entend autour de nous des jeunes dire : « De toute façon, on n’aura pas de retraite », ou « il n’y aura pas de retraite sur une planète morte ». Mais ça veut dire quoi ? Qu’on ne peut rien faire ? Exploitation sauvage et ensuite suicide collectif ? Bah non ! Nous, au NPA Jeunes, on propose d’autres perspectives : riposter à l’offensive patronale pour défendre nos droits et en gagner d’autres, et en finir avec ce foutu système capitaliste.

Aujourd’hui la colère est forte, c’est la goutte de trop pour tout le monde. On tourne en rond, coincés dans cette société qui ne cherche qu’à créer des profits, c’est-à-dire à engraisser les uns pendant que les autres se serrent la ceinture. Ici, et c’est encore pire ailleurs.

C’est ça le capitalisme du 21e siècle : les bourgeois font du tourisme spatial pendant que les pauvres sont pris à la gorge par l’inflation.

Le ministre des licenciements et des pénuries (ils appellent ça l’économie chez eux), Bruno Le Maire, nous explique que ça va passer. Tranquille. Il suffit d’attendre quelques mois et on pourra peut-être faire nos courses sans calculette et ne plus devoir choisir entre faire le plein et payer les factures d’énergie. Beaucoup en sont là aujourd’hui : il faut choisir entre manger et se chauffer. Car tout augmente. Tout… oui, sauf les salaires.

Et à côté, on nous prend pour des cons. Quoi qu’il se passe dans le monde. Une crise économique, une crise écologique, une pandémie, une guerre ? Il faut rester focus : l’important, c’est les profits. L’inflation d’aujourd’hui a émergé de certains secteurs qui ont profité de la désorganisation des chaînes de production pendant la crise sanitaire pour augmenter leurs profits en faisant grimper les prix. Mais pendant que les riches s’enrichissent, les travailleurs trinquent. Pour s’en sortir, il n’y a pas le choix : il faut augmenter les salaires et faire payer les patrons. Et on a vu qu’ils ont les moyens.

Face à ce constat, une série de révoltes ont eu lieu dans le monde à cause de l’inflation : au Sri Lanka, en Équateur, en Iran, au Panama… Dès le mois de mai, le FMI s’inquiétait dans une note de bilan de la forte progression des manifestations. Oui, on ne compte pas se laisser faire !

En France les grèves pour de véritables augmentations de salaire se sont multipliées en 2022 : raffineries, industries chimique, pharmaceutique, automobile et chez des dizaines de leurs sous-traitants, dans les transports en commun comme chez Keolis dans l’Isère, grève où on est intervenu, etc. Et ce, jusqu’à la dernière en date, pendant Noël, la grève des contrôleurs à la SNCF. Les revendications de ces luttes ne s’arrêtaient pas seulement à des primes qui ne comblent pas le retard des salaires sur les prix et ne comptent pas pour la retraite. La grève des raffineurs, d’ailleurs, parlons-en : pendant quelques semaines, on a entendu parler de nos revendications, de nos problèmes du quotidien et plus des mêmes litanies racistes dans les médias. Pendant des semaines, ce sont nos préoccupations qui étaient à l’agenda. D’ailleurs, les raffineurs, ils avaient bien compris qu’il fallait s’adresser aux autres, se coordonner, étendre la lutte, et ça a marché en partie, car ce sont d’autres secteurs, notamment les cheminots, qui ont poussé à la base pour que la date du 18 octobre soit posée par les directions syndicales. Il y avait du soutien et une volonté de rejoindre les raffineurs qui était palpable, malgré la propagande anti grève qu’on a subie sur toutes les chaînes TV. Dans le cadre de la lutte contre la réforme des retraites, il y a une lutte contre le gouvernement, mais surtout un ras-le-bol général sur les salaires, les conditions de travail et tous les aspects de l’exploitation que toutes ces grèves illustraient déjà en germe au cours de l’année et qui peuvent exploser là. Dans la bouche de beaucoup de manifestants et de grévistes d’avant-hier, c’est le retrait de la réforme qui est présent, mais aussi des embauches dans les secteurs en tension comme la santé, et des hausses de salaire, partout !

Et ce n’est pas le cas seulement en France, c’est aussi le cas chez nos voisins de l’autre côté de la Manche. La sortie de pandémie et le choc de l’inflation ont mis le feu aux poudres. De nombreux secteurs se mettent en grève. Il s’agit du plus grand mouvement de grève au Royaume-Uni depuis plus de trente ans. Après les cheminots, les infirmières, les ambulanciers ou les agents publics, c’est au tour des enseignants de rejoindre la liste des secteurs en grève. Il s’agit encore pour le moment de journées de grèves qui se succèdent les unes aux autres pour réclamer secteur par secteur des augmentations de salaire en lien avec l’inflation, mais ça montre bien l’étendue du ras-le-bol.

Tout ce qui se passe, ça motive. Certaines de ces grèves ont été victorieuses. Certaines entreprises se sont vu contraintes de lâcher des primes (primes non comptées dans les retraites d’ailleurs…) ou des petites augmentations, c’est le cas dans énormément de boîtes du transport. Mais on ne peut pas s’épuiser à faire du cas par cas alors que le problème est général. Que ce soit ailleurs ou en France, la ligne est tracée : ils l’ont dit, il n’y aura pas d’augmentation générale des salaires. Le résultat c’est mettre dans la tête des travailleurs de chaque boîte que c’est de leur responsabilité d’aller toquer à la porte de leur patron pour demander des augmentations. Cette sectorisation des grèves pose problème : il faudrait agglomérer les luttes. La question des retraites, fédératrice on l’a vu, peut permettre ça, et il n’y a que comme ça qu’on pourra imposer l’augmentation des salaires. Comme à chaque fois, les patrons se plaignent des si grosses grèves qui sont un danger pour l’économie, rendez-vous compte qu’une journée de grève coûte 1 milliard à l’économie ! Il était temps de se rendre compte que ce sont les travailleurs qui créent les richesses !

En France et en Europe, une partie du monde politique propose plutôt comme solution de taxer les « superprofits ». Au moment où l’on en parlait le plus, Bruno Le Maire prétendait ne pas savoir « ce que c’est qu’un superprofit ». Je cite : « Il n’y a que des profits. » Effectivement, on tombe d’accord, oui, il n’y a que des profits, mais alors pourquoi certains font-ils cette différence ? Parce que cette différence arrange bien la gauche institutionnelle, qui préfère taxer certains profits que remettre le pouvoir patronal en cause, d’ailleurs elle ne le peut pas et on le verra.

Nous savons qu’il n’y a pas de profits spéciaux à partir desquels il faudrait une taxe à reverser à l’État, on ne donne aucune légitimité à ce système de profits que les patrons se font sur le dos de notre travail : c’est de l’exploitation. Ce n’est pas un scoop : ça ne vient pas de leur effort et l’argent ne tombe pas du ciel. Taxer les profits, c’est en mettre une partie dans les poches de l’État qui l’utilise comme bon lui semble… Et cette utilisation, elle ne correspond pas aux intérêts de la classe ouvrière ! Vous avez vu hier Macron qui annonce une enveloppe de 413 milliards d’euros de financement des armées pour les sept années à venir. C’est à ça que servirait cette taxe ? Non, ce ne sont pas des taxes que nous voulons à court terme : ce qu’il faut, c’est que le patronat crache ses thunes directement aux travailleurs : il faut imposer des super salaires. Et ce qu’on veut à terme, ce qu’on cherche à construire, c’est une société libérée de la loi du profit !

En attendant, toutes les réformes qui s’accumulent (assurance-chômage, retraites) font des heureux : les patrons. Réjouissons-nous : l’homme le plus riche du monde est français, c’est Bernard Arnault avec 179 milliards d’euros de fortune personnelle. On ne réussit même pas à imaginer ce que représente une telle fortune ! Une belle démonstration de capitalisme où l’accaparement des richesses suit son cours. À côté, le nouveau rapport d’Oxfam est sorti et le verdict est tombé : le taux de pauvreté a recommencé à augmenter, pendant que, tous les x mois, les unes des journaux titrent sur de nouveaux dividendes records versés aux actionnaires.

Les gouvernements qui se succèdent font mine de répondre à ce problème. Alors, face à l’inflation, il ne faudrait pas s’inquiéter, le gouvernement pense à nous. La solution proposée : de maigres chèques cadeaux pour payer l’électricité ou l’essence. Enfin payer l’essence… Avec ces chèques (accessibles seulement aux travailleurs qui cochent toutes les cases, bye bye retraités et chômeurs) de 100 euros, il n’y a même pas de quoi faire deux pleins. On ne veut pas de ces bons d’achats hyper spécifiques et qui disparaissent aussitôt qu’ils sont apparus. Nous, ce qu’on veut, c’est augmenter les salaires.

Et dans ce contexte d’inégalités, qu’est-ce que nous pond le meilleur agent de la bourgeoisie, j’ai nommé Macron ? Une réforme de l’assurance-chômage évidemment, réforme qui fait baisser la durée et le montant des indemnisations. La recette suivie est simple : austérité pour tous les travailleurs ! Et, surtout, pour ceux qui galèrent. La réforme de l’assurance-chômage s’inscrit dans ce projet d’attaques contre les travailleurs : en coupant les vivres, il n’est plus question de refuser un job, quel qu’il soit, quel qu’en soit le salaire, mais de faire tourner l’économie à tout prix pour les beaux yeux de Bernard Arnault qui, pendant ce temps, place sa fille à la tête de la maison de luxe Dior… mais elle a dû être très méritante, aucun doute là-dessus.

Il nous faut être sur nos gardes, car la bourgeoisie, elle, fait tout pour nous diviser : les méchants chômeurs contre ceux qui bossent dur, les vilains grévistes contre ceux qui baissent la tête et prennent sur eux pour continuer à « faire tourner le pays » et leur préféré : les horribles étrangers qui viennent profiter du système contre le bon Français qui paie ses impôts. Cette rhétorique raciste, elle a été sur un piédestal pendant toute la campagne présidentielle : tapis rouge pour Le Pen, tapis rouge pour Zemmour… et tapis rouge pour Darmanin, car le gouvernement n’est pas en reste non plus concernant la xénophobie. Mais tous ces gens-là, Le Pen, Zemmour, qui prétendaient représenter la France d’en bas, qu’est-ce qu’ils ont à redire sur la réforme des retraites et sur les salaires ? Zemmour, c’est clair et net : il a déclaré que ceux qui voulaient la retraite à 60 ans étaient des irresponsables, et que le plan du gouvernement reprenait ses propres principes. Du côté du RN, ça louvoie : on est contre la réforme des retraites bien sûr, opportunisme oblige, mais surtout, surtout, ne combattons pas la réforme dans la rue ! Par ailleurs, ils se sont toujours prononcés contre des hausses de salaire, en particulier du Smic pendant la Présidentielle. Heureusement, les travailleurs ne sont pas dupes et savent que ce n’est pas de l’Assemblée nationale ni de ces politiciens d’extrême droite opportunistes qu’ils peuvent attendre leur salut, politiciens qui passent d’habitude le plus clair de leur temps à tenter de les diviser.

Le nouveau projet de loi de Darmanin reprend et actualise la politique pro-Medef « d’immigration choisie » en mettant à jour la liste des « métiers en tension » : pour ces métiers-là, la France pourrait accepter de faire venir des travailleurs étrangers. De cette façon, les travailleurs exploités dans des boulots le plus souvent extrêmement durs et mal payés, où leur présence est indispensable, pourront renouveler chaque année leur titre de séjour. Cette loi est dégueulasse, elle donne au patronat une main-d’œuvre corvéable à merci, obligée d’accepter des salaires misérables et des conditions de travail éprouvantes, elle encourage le tri entre les « bons » et les « mauvais » migrants. Cette politique pèse sur l’ensemble des travailleurs, en tirant une fois encore les salaires vers le bas en jouant sur les différences de statut, c’est pour ça qu’on est pour la régularisation de tous les sans-papiers.

Le fameux Bolloré, qui propulsait Zemmour sur le devant de la scène pendant l’élection présidentielle, avec ses idées racistes et anti-immigrés, de l’autre côté, il exploite ces mêmes personnes en profitant de cette liste de métiers en tension dans les secteurs de l’automobile, des transports… Et donc, là, quand on parle des affaires du patronat, il n’est plus question de la course au plus raciste avec l’extrême droite. Il ne faudrait pas que la chasse aux migrants fasse perdre de précieux profits.

Le problème, c’est que cette propagande est malheureusement assez efficace, les idées racistes se répandent à cause d’une propagande bien rodée depuis des dizaines d’années, à l’extrême droite, à droite mais aussi à gauche : on se rappelle des sorties de Mélenchon hasardeuses sur les Tchétchènes, pour n’en citer qu’une, ou l’adoption du règlement Dublin II sur le droit d’Asile par Hollande. On l’a dit tout à l’heure, les mouvements sociaux changent l’ambiance et la teneur des débats, c’est un souffle d’air frais pour nous dans ces moments-là. Mais en tant que communistes révolutionnaires, on rappellera tant qu’il le faudra, et peu importe le contexte, que la seule division qui compte dans la société, c’est la division entre classes ! Nous sommes internationalistes, et qu’on soit immigrés, sans-papiers, français, peu importe, notre combat, c’est contre le patronat, c’est contre la bourgeoisie, qui ne voit les frontières que quand ça l’arrange : pour nous diviser ! Et on ne reculera pas face aux opportunistes de tout bord, qui sont à la remorque du RN et de Zemmour pour tenter de gagner des voix.

Les opportunistes de tout bord ont d’ailleurs déjà bien défoncé nos retraites : c’est en 2014 que la loi Touraine a été votée par le PS, que la CFDT a soutenue. Cette loi prévoyait l’augmentation progressive de la durée de cotisation à 43 ans pour pouvoir partir à la retraite avec le taux maximum de 75 % : mais une retraite à taux plein, c’est pas 75 % ! C’est 100 % ! Donc, merci à la gauche d’avoir prouvé une fois de plus que la trahison était dans ses habitudes. Après ça, elle voudrait maintenant qu’on s’en remette à elle pour faire reculer le gouvernement ? Mais ça, c’est hors de question, on n’a aucune confiance dans ces gens-là, ni dans ceux qui nous proposent un référendum comme le PS ou le PC par la bouche de Roussel il y a deux jours. Alors après, il y en a qui sont dans l’abus des formules pseudos radicales : Tondelier, des Verts, qui nous dit qu’ils vont « faire la ZAD à l’Assemblée » : alors, elle a raison, les vieux crapauds de l’Assemblée sont surement en voie d’extinction, on veut bien croire Tondelier sur parole, mais nous on ne va pas les pleurer, et c’est notre mobilisation qui peut leur faire peur ! Dans ces mobilisations, il faut avancer nos revendications, et pas que défensives : non seulement on ne veut pas de cette réforme, mais on veut revenir à 60 ans maximum, et pour tout le monde ! Ce que nous demandons, c’est : pas un salaire et pas une pension en dessous de 2 000 euros ; on l’a dit, on le répètera, cet argent il existe, on sait tous où il est : dans les caisses du patronat, et il faut aller le chercher par la lutte.

Ce que j’ai dit dans mon intervention, ce ne sont pas des paroles en l’air : on veut que le capitalisme dégage ! Notre rôle dans tout ça, c’est de pousser dans cette direction, par des assemblées générales, par des comités de grève, par-dessus les bureaucraties syndicales. On ne va pas attendre les bras croisés. C’est bien plus que la réforme des retraites qui a mis tout ce monde dans la rue. C’est le trop plein général. On n’en peut plus. Poussons pour remettre en cause toujours plus, organisons pour aller au-delà du retrait de la réforme, appuyons-nous sur ces mobilisations pour remettre en cause l’intégralité de ce système qui nous exploite.