NPA Révolutionnaires

Nos vies valent plus que leurs profits
Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

La grève féministe, une stratégie pour le mouvement féministe

Depuis le mouvement #MeToo, la parole s’est libérée en France, mais, concrètement, peu de choses ont changé : les violences faites aux femmes par exemple n’ont pas diminué avec 120 féminicides en moyenne par an.

Une partie du mouvement féministe a bien compris que pour se libérer du patriarcat, il fallait renouer avec la lutte collective contre toutes les oppressions, par la grève féministe, c’est-à-dire une grève des travailleuses et travailleurs pour des revendications féministes. Et qui s’accompagne aussi pour les femmes, parfois, de la « grève » du travail ménager et des soins.

Le 8 mars, des milliers de femmes font grève et défilent à travers le monde, que ce soit en Amérique du Sud, en Espagne, en Islande, etc. Dans certains de ces pays, les femmes ont gagné concrètement des droits. À cet égard, l’Espagne fait figure d’exemple : le taux de féminicide (nombre de féminicides par rapport à la population totale) a fortement baissé et il est aujourd’hui deux fois moins important qu’en France.

La grève féministe pour s’affronter au capitalisme et au patriarcat

Mais la grève est aussi la meilleure manifestation du fait que les femmes sont essentielles pour faire tourner la société : « Si on s’arrête, le monde s’arrête. » Par conséquent, si on le fait tourner, c’est qu’il est également possible de décider de ce que l’on veut pour la société.

La construction de la grève féministe pose donc fondamentalement la question du système dans lequel nous vivons et donc des liens entre le capitalisme et le patriarcat. Ce constat s’impose à toutes celles qui rejoignent les groupes féministes inscrits dans cette stratégie de lutte.

Pour combattre les violences faites aux femmes, il faut des moyens. La stratégie de lobbying pour quémander de l’argent aux gouvernements et collectivités ne peut pas fonctionner : il faut l’imposer par l’action collective. Mais même avec cet argent, il n’est pas possible de décontextualiser les inégalités de genre ou les violences faites aux femmes du reste du monde. Le système capitaliste et les différents gouvernements qui le servent ont contribué à maintenir la précarité des femmes et il est difficile de quitter un conjoint violent lorsqu’on est en situation de précarité.

De plus, les capitalistes s’enrichissent aussi parce qu’une grande partie du travail nécessaire à la reproduction de la société est un travail gratuit qu’effectuent les femmes dans le cadre familial (tâches domestiques, soins aux enfants, aux personnes âgées, malades ou handicapées).

La grève féministe en France aujourd’hui, davantage un mot d’ordre qu’une réalité mais qu’il vaut la peine de construire

Si la grève féministe est une réalité dans certains pays, ce n’est pas le cas en France actuellement. Les difficultés sont réelles pour faire vivre cette journée de lutte dans les lieux de travail. Mais progressivement, le sillon se creuse dans les syndicats qui coorganisent de plus en plus cette journée avec les associations féministes.

La prise de conscience, née de #MeToo, que le patriarcat fait système avec le capitalisme est parfois confuse. La stratégie de la grève féministe apparaît comme l’un des meilleurs moyens pour transformer cette prise de conscience en l’idée que c’est un affrontement global qui est nécessaire pour mettre fin à ce monde-là.

Chloé Dorbo

 

 

(Article paru dans Révolutionnaires numéro 11, mars 2024.)