Nouveau Parti anticapitaliste

Nos vies valent plus que leurs profits

Laboratoire Tetra Médical : un scandale sanitaire

Le laboratoire Tetra Médical fabriquait, jusqu’à sa fermeture après une liquidation judiciaire, le 28 février 2022, « des dispositifs médicaux à usage unique et des produits de soins et de bien-être » dans ses établissements d’Annonay dans l’Ardèche et près d’Orléans. Un effectif total de 204 salariés, dans deux usines dont le produit phare était la compresse en quatre épaisseurs.Cette entreprise était connue en France et à l’international, avec pour partenaires les hôpitaux, les cliniques, les officines et les revendeurs de matériel médical. Mais le soin et le bien-être n’’étaient visiblement pas pour les salariés.

Une réunion, dans l’Ardèche, vient de se tenir un an après la fermeture : des salariées ont développé des cancers de l’utérus, du sein et des malformations congénitales ont été décelées chez des enfants du personnel. En cause : une exposition chronique à l’oxyde d’éthylène, gaz classé « cancérigène, mutagène et reprotoxique » et utilisé dans l’entreprise. Un ouvrier, qui a travaillé trente ans à la stérilisation dans cette entreprise, témoigne : « Je faisais partie des personnes ayant fait une prise de sang. Normalement il ne faut pas dépasser le taux de 60, mon taux était de 1 547 ». Et il poursuit : « Nous avions des masques à gaz, la cartouche devait être changée tous les jours mais finalement, elle n’était changée qu’une fois par semaine […] » Une ouvrière, reconnue en maladie professionnelle, après un cancer de l’utérus et ensuite du sein, ajoute : « On nous répétait que ce gaz restait au sol et qu’il n’était pas dangereux pour nous. »

Une réunion de trois heures autour des anciens salariés a eu lieu à l’initiative de la CGT, avec la mairie, le préfet, le sous-préfet et l’Agence régionale de santé. Beaucoup de monde… pour pas grand-chose ! A été décidée la mise en place d’une cellule de crise avec une cellule psychologique, et à terme une convention avec l’hôpital d’Annonay pour une prise en charge médicale et le suivi des salariés malades. Mais aucun calendrier n’a été fixé ! Une action aux prud’hommes sera aussi engagée pour faire reconnaître la faute de l’entreprise. Un délégué de l’UL CGT conclut : « Après l’amiante, on avait dit : plus jamais ça. Qu’a fait la médecine du travail ? Ces salariés ont été exposés pendant des années. Je pense qu’autour de la table, ils ont enfin compris que s’il y avait eu de la prévention, on n’en serait pas arrivé là. »
L’amiante a tué et continue de tuer des milliers de salariés. L’exposition à l’oxyde d’éthylène se traduit en plus par des malformations graves sur les enfants des travailleuses de l’usine : un drame sanitaire sur plusieurs générations.

Sur nos lieux de travail, la santé comme la sécurité doivent être assurés. C’est notre affaire. Une affaire trop importante pour la laisser aux mains des patrons. Nos vies valent plus que leurs profits !

Paul Galler