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Latécoère Toulouse : grève illimitée contre la délocalisation de l’usine de Montredon

En mai 2018, Latécoère inaugurait son « usine 4.0 » de fabrication de pièces élémentaires (machines dernier cri, robots pour transporter les pièces d’une machine à l’autre, etc.) à Montredon, sur un terrain vendu à prix modique par la mairie de Toulouse et avec des subventions de la région Occitanie et de l’Union européenne couvrant plus de la moitié de l’investissement.

Mais la direction veut délocaliser la production dès 2024, paraît-il pas assez rentable, en France, au Mexique et en Tchéquie. 145 emplois sont menacés à Montredon ainsi qu’à Labège et Colomiers, sites qui doivent fermer (la production de Labège partirait vers Fouchana en Tunisie, où le syndicat trop combatif a été démantelé en 2014).

Delga, présidente de la région, Moudenc, président de Toulouse-métropole, et le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, se disent choqués. Ce dernier parle du « devoir social » qu’aurait Latécoère « vis-à-vis de ses salariés et du territoire ». Sont-ils naïfs ? Mais aucun d’entre eux n’envisage de faire rendre l’argent reçu. La région a juste bloqué une nouvelle tranche de subvention. Latécoère est un exemple de plus d’entreprise arrosée à fonds perdus avec l’argent public.

Alors, les travailleurs de « l’usine du futur » à Montredon ont éteint les machines et sont sortis à l’arrivée du directeur de la division aérostructures mercredi 15 mars. C’était un premier avertissement pour la direction : elle aurait tort de compter sur une production à 100 % des capacités pour faire le stock permettant d’alimenter Airbus et Boeing pendant qu’elle déménagerait les machines ! Des débrayages de deux heures ont ensuite eu lieu, tandis que la productivité avait une nette tendance à faiblir.

Mais la direction a néanmoins lancé la discussion d’un accord de gestion des emplois et des parcours professionnels (GEPP) fondé sur une légère révision du plan initial : quelques machines resteraient, associées à une dizaine d’emplois. Cependant, alors qu’en janvier la direction prétendait reclasser tous les 145 salariés de Montredon et Labège impactés par son plan de casse, seule une quinzaine de propositions de poste a été affichée.

Depuis le 12 avril, l’usine est donc en grève, car pas question de produire des pièces pour permettre à Latécoère de constituer un stock en vue d’une « délocalisation douce ». Contre l’avis de la majorité des travailleurs impactés par le projet, l’accord GEPP a néanmoins été signé par FO et la CGC (syndicats majoritaires sur Latécoère Toulouse) mardi 18 avril. Les responsables de ces syndicats n’ont pas encore osé venir s’expliquer au piquet de grève…

En réponse, la CGT a appelé à un rassemblement devant l’usine mercredi 19 (voir les photos) où sont venus des militants, le maire de la commune et deux députés LFI. Et, le lendemain, une délégation de Latécoère a participé au rassemblement organisé par la CGT Airbus devant l’usine de Saint-Éloi. Latécoère est un des principaux sous-traitants d’Airbus et la machine à faire du cash commence à s’enrayer !

Même si les deux députés ont promis d’interpeller le gouvernement sur ce scandale, c’est bien sur leur lutte et sur la solidarité des autres travailleurs que les grévistes doivent compter.

Correspondant