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L’autre : Tahnee en stand-up

Elle entre sur scène : costume à paillettes, sourire jusqu’aux oreilles. Ce soir comme déjà beaucoup d’autres depuis la création de son spectacle de stand-up en 2019, Tahnee capte immédiatement l’attention de la salle. En interaction permanente avec le public, elle ne lui laisse aucun temps mort. Sans jamais cesser de le faire rire… mais pas seulement.

Pendant plus d’une heure, Tahnee nous prouve qu’il est possible de parler avec humour de racisme, de sexisme et d’homophobie sans pour autant être insultant, donnant ainsi tort à tous les réacs qui prétendent qu’on ne peut plus rire de rien. Ici on rit avec « l’autre » (comme le titre du spectacle), jamais contre elle ou lui ! C’est un rire qui fédère tout en faisant réfléchir aux discriminations et aux oppressions, un moment de bonheur pur sans pour autant s’empêcher de voir les rapports de domination et les combats qui restent à mener pour les renverser.

Certains « autres », en revanche, en prennent pour leur grade ! Dans sa lancée, Tahnee distribue les coups : Macron, Le Pen, le Sénat, le CAC 40, ou même encore François Bayrou ou Bruno Le Maire… Elle glisse ici un « Darmanin démission » ; parle là, avec conviction, clarté et pédagogie, des violences policières, du Giec, du Bumidom ou encore de la PMA. Et regrette de voir chaque combat, féministe, LGBT, antiraciste, écologiste… se faire trop souvent isolément des autres, plutôt que converger contre les mêmes adversaires.

« Je n’ai plus peur de dire ce que je pense »

Les applaudissements viennent ainsi tout autant récompenser des jeux de mots ou des vannes bien senties, que des moments comme celui où Tahnee cite la poétesse américaine Audre Lorde (1934-1992) : « Ton silence ne te protégera pas. » Ne pas se laisser réduire au silence et affirmer sa dignité, c’est à cela qu’invite le spectacle de Tahnee. Comme l’ont fait celles et ceux qui ont participé aux grèves, aux émeutes, aux mobilisations, aux révoltes de toutes ces dernières années, ici et partout dans le monde.

Au détour d’une conversation, Tahnee nous avoue que ce climat de luttes a sans doute dû contribuer à ce qu’elle est aujourd’hui. « Ça m’a permis de dire des choses plus frontalement : je n’ai plus peur de dire ce que je pense. » Tout en expliquant que l’actualité l’inquiète… Pour se sauver de la morosité, plus encore que de parler, il va sans doute falloir hausser le ton ; il va falloir se parler, et mener plus loin les bagarres contre ceux d’en haut qui entretiennent nos divisions.

En attendant, la colère de Tahnee et l’heure de rire qu’elle nous offre restent salutaires. Encore à son programme : Paris, Toulouse, Le Mans, La Rochelle, Hauts-de-Seine et Morbihan, métropoles lyonnaise et montpelliéraine… On a jusqu’à septembre pour se faire plaisir tout en réfléchissant devant ce joyeux « seule-en-scène ».

Claire Lafleur