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MANIFESTATIONS LE 29 AVRIL. Rafle xénophobe à Mayotte

Rafle xénophobe à Mayotte : décasons Darmanin et Macron !

Au prétexte de lutter contre la « délinquance » à Mayotte, Darmanin a lancé une vaste opération anti-migrants dénommée « Wuambushu », qui signifie « reprise » en mahorais. Les moyens déployés pour cette opération sont démesurés : plus d’un demi-millier de gendarmes et de policiers en renfort des 1 350 déjà sur place, des membres du GIGN, des Éris (leur équivalent pour les prisons), huit magistrats… Un véritable corps expéditionnaire envoyé sur l’île !

Sur place, syndicats et collectifs promettent de documenter et signaler toutes les violations de droits dont ils seront témoins. Et ces craintes sont légitimes puisque, pour atteindre les 25 000 expulsions qui ont lieu en moyenne chaque année, les droits les plus élémentaires sont déjà piétinés : des expulsions sont réalisées le jour même où l’OQTF est notifiée, des mineurs sont rattachés de façon fictive à des majeurs, ou leur âge majoré pour pouvoir les expulser, tandis que des expulsions de parents laissent aussi à Mayotte de nombreux mineurs isolés. Pour ces milliers d’enfants livrés à eux-mêmes, la délinquance dont parle le gouvernement correspond à la lutte pour la survie. L’opération Wuambushu ne fera qu’aggraver cette situation dramatique.

Si le gouvernement, relayé par les politiciens locaux, accuse les migrants de tous les maux dont souffre l’île, c’est pour mieux se défausser de sa propre responsabilité. En déversant sa xénophobie, Darmanin veut diviser Mahorais et Comoriens. Rien de nouveau, pour garder un pied dans la région, l’État français a détaché Mayotte des autres îles des Comores devenues indépendantes en 1974. En 1995, les ordonnances Balladur ont imposé des restrictions de circulation dans un archipel qui a toujours été en lien. Depuis l’instauration de cette frontière artificielle, des milliers de Comoriens meurent chaque année dans la traversée.

Il s’agit cette fois d’expulser plus de 20 000 personnes en deux mois, soit 300 par jour… Plusieurs centres de rétention doivent ouvrir, car les 150 places de celui de Pamandzi seront insuffisantes. Cette rafle d’envergure s’accompagnera de la destruction de bidonvilles, à coup de bulldozers. Pour la préparer, il est prévu de couper l’eau aux habitants quelques jours avant son déclenchement. Darmanin promet que les habitants qui ne sont pas expulsables – mais néanmoins expulsés ! – seront relogés, une promesse qui n’a jamais été tenue dans le passé. Mahorais ou non, les habitants de ces quartiers de fortune, parfois installés là depuis plusieurs décennies, s’apprêtent donc à payer le prix fort de cette opération, sur une île gangrenée par la misère.

En effet, qu’ils aient la nationalité française ou non, 80 % des habitants vivent sous le seuil de pauvreté ; 40 % de la population vit avec moins de 160 euros par mois. Les infrastructures, notamment médicales, sont insuffisantes, le réseau d’eau est régulièrement coupé… D’après le Défenseur des droits : « Les droits fondamentaux – le droit à l’éducation, à la sûreté, à la santé, le droit à vivre dans des conditions décentes, notamment – y sont gravement entravés du fait de la carence des services publics. » Les « décasages » prévus par Darmanin sont avant tout une opération anti-pauvres et pourraient être la goutte de trop, dans ce territoire officiellement français, où les conditions de vie sont indignes. Premier revers pour le gouvernement, prompt à bafouer ses propres lois : le tribunal judiciaire de Mamoudzou a suspendu l’expulsion du bidonville Talus 2 près de Mamoudzou.

Norbert Moravcik, 25 avril 2023

 


 

Samedi 29 avril

Manifestations dans de nombreuses villes pour exiger le retrait du projet de loi immigration de Darmanin et l’arrêt immédiat de l’opération Wuambushu à Mayotte !

Nous appelons à manifester contre cette ignominie.

(À Paris, rendez-vous à 14 h, place de la République)


Voir aussi le communiqué du NPA du 27 avril 2023