À partir de lundi, des restrictions drastiques vont être imposées aux Mahorais, privés d’eau les deux tiers du temps dans la quasi-totalité du territoire. « L’eau sera coupée à 16 heures puis remise à la même heure 48 heures plus tard », a écrit la préfecture dans un communiqué.
Si le manque de pluie y est bien sûr pour quelque chose, il n’explique pas tout. Depuis des années les autorités ont laissé les infrastructures à l’abandon. Par exemple les chantiers annoncés après la sécheresse catastrophique de 2016 ont pris du retard. La remise à niveau de l’usine de dessalement de Petite-Terre devait être terminée pour une mise en service à l’été 2022. Cela n’a pas été le cas et la date repoussée à la fin de cette année. Pour les habitants, la situation est d’autant plus insupportable que les coupures surviennent aussi en dehors des horaires imposés par la préfecture. Certains s’en tirent en achetant de l’eau minérale mais tous ne peuvent pas le faire, faute de moyens financiers, 77 % des Mahorais vivant sous le seuil de pauvreté. De plus l’Agence régionale de santé recommande de faire bouillir l’eau du robinet avant de la consommer, car elle peut être polluée
Comme le fait remarquer un enseignant de Mamoudzou interviewé par France info : « On a été capable d’envoyer 1 800 gendarmes et policiers dans le cadre de l’opération Wuambushu (contre les migrants) on aurait mieux fait de trouver une solution aux coupures d’eau. » Preuve que là-bas aussi, pour nos gouvernants, la chasse aux clandestins passe largement avant le bien être de la population.