Nouveau Parti anticapitaliste

Nos vies valent plus que leurs profits

Par les manifestations et par les grèves, dégageons la réforme, Macron et le Medef qu’il sert !

Le mouvement contre la réforme des retraites n’a pas encore gagné l’abrogation mais Macron a déjà beaucoup perdu politiquement. Plus de place pour les faux-semblants : les manifestations massives, les nombreuses actions et les grèves reconductibles, même minoritaires et restreintes à quelques secteurs, agissent comme un révélateur et poussent tous les camps politiques dans leurs retranchements. Ce qui laisse imaginer tout ce que permettrait une grève de masse, une grève générale.

Démocratie bourgeoise et dictature du capital

Le vernis de la démocratie institutionnelle a été le premier à voler en éclat. Rien d’étonnant, tant la couche de parlementarisme est fine dans la Cinquième République qui donne des pouvoirs démesurés au monarque présidentiel. Le piétinement de l’Assemblée par l’exécutif a certes ajouté à la crise politique, mais la loi n’aurait pas été plus acceptable si elle avait été adoptée par la poignée de parlementaires qui manquait pour éviter le recours au 49.3.

Face à la persistance voire au renforcement du mouvement à chaque étape de son « cheminement démocratique », comme a pu le dire Macron sans ironie, ce sont les droits collectifs qui ont été attaqués : le droit de manifester sévèrement limité par la répression policière, le droit de grève par les réquisitions et le droit de réunion par les menaces de dissolution qui pèsent sur l’association écologiste Les Soulèvements de la Terre, et même sur la Ligue des droits de l’homme.

Tout cela crée ce que Laurent Berger a qualifié de « crise démocratique » – quelques jours avant de quitter le navire. Crise, parce que quelques politiciens au service du patronat imposent leur loi au monde du travail ? Non, ça c’est le fonctionnement normal de leur démocratie bourgeoise ! Si leur système est en crise, c’est parce que cette fois la pilule ne passe pas, parce que les travailleurs et les travailleuses ne désarment pas et n’acceptent pas cette loi, même promulguée. Leur démocratie pour les riches est en crise quand une majorité d’exploités s’obstine à donner son avis !

Macron et le mythe du barrage

Pas de crise démocratique mais une crise politique qui pèse sur Macron pour l’anniversaire de sa réélection. La pression du mouvement plonge le gouvernement déjà minoritaire à l’Assemblée dans l’isolement politique, le coupant même de ses alliés les plus naturels que sont les Républicains. L’impopularité de Macron en fait un pestiféré tant que le mouvement maintient la pression.

Tenu d’imposer brutalement l’agenda patronal, le camp Macron en est réduit à consolider sa base bourgeoise, réduite mais fidèle, en accentuant sa dérive réactionnaire – déjà très nette dans le précédent quinquennat. Le « techno » Bruno Le Maire explique sur RMC que les aides sociales ne doivent plus partir au Maghreb, Darmanin parvient à sauver sa loi contre les travailleurs immigrés et Macron met l’immigration et la sécurité en bonne place dans ses chantiers de « l’apaisement ». Ces indignes manœuvres de diversion racistes, destinées à renforcer les idées réactionnaires, ont des conséquences immédiates dramatiques pour les populations prises pour cible comme à Mayotte. Faisons entendre ici, avec beaucoup d’autres tout particulièrement ce Premier mai, notre refus de la politique raciste criminelle menée dans ce territoire traité comme une colonie : « pas en notre nom » !

L’extrême droite et le mythe de l’opposition à Macron

Cette fuite en avant réactionnaire des macronistes est la conséquence naturelle de leur politique dictée par le Medef. Si elle permet au camp présidentiel de trouver une future majorité, alors ce sera sur les bases d’une droite extrême. Et si Macron échoue à cela, c’est le RN qui en ressortira d’autant renforcé que ses idées auront été une fois de plus légitimées.

L’extrême droite est tenue d’afficher une certaine hostilité à la réforme des retraites – impossible sinon d’apparaître comme l’opposition principale à Macron. Mais elle a bien du mal à concilier son programme pro-patronal avec l’affichage démagogique du slogan sur la retraite à 60 ans. Dans le mouvement, ses troupes de choc de petites frappes se sont révélées pour ce qu’elles sont fondamentalement : des supplétifs d’une police au service de l’ordre social capitaliste.

Dialogue social et corps intermédiaires

Le patron du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, a déclaré dimanche 23 avril : « C’est la première fois que, pendant un mouvement social de cette ampleur, on a continué à discuter et à signer des accords avec les syndicats. » « Pendant la crise politique, les affaires continuent », se vante le porte-parole des exploiteurs ! Tandis que les syndicats des exploités, réduits au triste rôle de « corps intermédiaires » chargés d’éteindre les incendies sociaux allumés par le gouvernement et le patronat, quémandent une « sortie de crise ». Métier usant, on souhaite un bon repos à Laurent Berger !

Mais la crise c’est tous les jours pour les travailleurs et les travailleuses, surtout quand l’inflation remplit les marges et vide les caddies. Pour en finir avec la crise sociale permanente, poussons la crise politique jusqu’au bout, jusqu’à avoir la peau des vrais responsables de la situation : non seulement le commis Macron et ses semblables mais également ses commanditaires patronaux. Capitalisme dégage !

Raphaël Preston, le 25 avril 2023