Nouveau Parti anticapitaliste

Nos vies valent plus que leurs profits

Pas de pause, pas de miettes, travailleurs et jeunes : tous ensemble jusqu’au retrait !

Les médias en vue parlent d’un « échec » de la rencontre de ce matin mercredi 5 avril entre l’intersyndicale et Élisabeth Borne. Du côté des travailleurs et jeunes qui, depuis près de trois mois, sont mobilisés sous une immense variété et créativité de formes (grèves, assemblées, interpros, blocages, barrages filtrants, cortèges et rassemblements, s’ajoutant à déjà dix journées de manifestations nationales) contre une réforme honnie et vomie, c’est plutôt un fort sentiment de succès. La force du mouvement a permis que l’intersyndicale ne flanche pas ! Macron-Borne se sont fait envoyer dans les cordes ! Contre une réforme déjà dite par des millions de voix « ni négociable ni amendable », pas de dialogue évidemment ! Pas de discussion avec une Première ministre qui, comme Macron, pensait qu’on pouvait passer à autre chose !

L’intersyndicale, toutes organisations confondues, tout en réitérant au passage sa vocation à négocier et dialoguer, est restée ferme dans son refus de toute discussion sur les retraites tant que la réforme Macron-Borne n’était pas retirée. Choix des plus sages et réalistes, dans une situation où des millions de travailleuses et travailleurs, militants syndicaux et non syndiqués, grévistes ou simples manifestants, du public comme du privé et de tous âges, continuent à faire savoir qu’ils ne veulent pas lâcher, qu’ils ne veulent pas crever encore deux ans de plus pour le patronat – et le monde du travail a été rejoint depuis une quinzaine de jours par des dizaines de milliers de jeunes des universités et lycées. Les tentations de chercher une médiation ou une pause qui se sont exprimées il y a quelques jours du côté de directions syndicales ont été étouffées par la poursuite de la mobilisation toute la semaine écoulée, entre autres par des grèves qui ont continué comme par l’accueil réservé à Vire à Élisabeth Borne. Même les fins limiers des services de police annoncent davantage de rassemblements que jamais demain, le 6 avril, à l’occasion de la onzième journée nationale de mobilisation : dans 370 villes de toutes tailles. Peut-être davantage de monde aussi. Trains, avions, écoles, raffineries et bien d’autres secteurs seront en grève. Le niveau important de mobilisation ne se dément pas. Confirmé en haut lieu !

Il faut certainement souligner le rôle de Darmanin, ministre de l’Intérieur, dans la détermination et la rage sans faille contre le pouvoir. Darmanin éructe contre l’extrême gauche ou « l’ultra-gauche », croyant viser ainsi le mouvement, aussi ridicule que Trump qui traite de communiste le procureur de New York ! Auprès des classes populaires, Darmanin n’a pas convaincu de la légitimité des violences policières qu’il ordonne, contre lesquelles une grande partie du pays comme de l’opinion internationale se sont dressées. Darmanin a fait procéder à des milliers d’interpellations arbitraires ou ciblées contre des militants syndicaux, est responsable de centaines de blessés, dont au moins quatre très grièvement victimes des forces de police – en particulier lors de la répression sauvage du rassemblement écologiste à Sainte-Soline contre les megabassines –, dans le but manifeste d’intimider et dissuader de manifester, dans le but de restreindre le droit de grève et les libertés politiques. Il a certes obtenu l’effet inverse : jeudi 30 mars au soir, les opposants à tous les volets de sa politique (antisociale, anti-démocratique, anti-écologique et répressive meurtrière) ont manifesté tous ensemble dans une même protestation véhémente, dans toutes les villes du pays.

Macron n’est pas tiré d’affaire ! La fuite en Chine ne le fera pas échapper à la grande muraille que sa politique de président des riches a dressée entre lui et les classes populaires.

Certains évoquent maintenant l’échéance institutionnelle du 14 avril prochain, où le Conseil constitutionnel (des « sages » très sagement au service des possédants !) pourrait invalider la réforme, ou valider un projet de référendum qui aurait lieu un an et demi plus tard. Ces procédures pourraient suspendre la réforme, ou obliger Macron à promulguer sa loi vomie, en passant à nouveau en force comme son gouvernement l’a fait avec le 49.3. Si ces jeux institutionnels sont conçus (y compris par les partis de gauche qui les ont proposés) pour offrir une porte de sortie à un gouvernement bien mal parti, ils peuvent aussi exacerber la colère et amplifier la mobilisation. La meilleure façon de faire pression sur ces « sages », plutôt que de faire appel à eux, serait d’appeler à la grève générale pour les 13 et 14 avril, et jusqu’au retrait.

« La vraie démocratie, elle est ici », entend-on depuis des semaines dans les cortèges. C’est un des slogans forts du mouvement. On est effectivement dans un bras de fer, social mais très politique, dans un rapport de force où Macron et Borne, s’ils croient pouvoir gagner, ont pourtant déjà tout perdu tant le mouvement les bouscule et les dépasse. Rien n’est terminé. Une première réponse sera donnée demain 6 avril, par nous toutes et tous, ensemble dans la rue : « On ne lâchera rien ! » Mais elle est aussi dans la poursuite du mouvement de grèves et de manifestations jusqu’au retrait, ce qui exige d’approfondir et élargir encore les multiples formes d’organisation des travailleurs et jeunes en lutte.

Le comité exécutif du NPA, mercredi 5 avril 2023