Nouveau Parti anticapitaliste

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Pour leurs salaires, les travailleurs de Keolis Porte de l’Isère sortent le Ruban rouge !

Vendredi 17 mars, au pied du siège de la Communauté d’agglomération Porte de l’Isère (CAPI) à L’Isle-d’Abeau, une cinquantaine de personnes se place en cercle. Ce sont des grévistes de Keolis Porte de l’Isère (KPI), la filiale qui exploite le réseau urbain de Bourgoin-Jallieu nommé « Ruban », (pour se repérer dans la jungle des sigles et des entités correspondantes, voir l’encadré ci-dessous).

Leur lutte pour des augmentations de salaire dure depuis une semaine. Lors de la dernière réunion des négociations annuelles le vendredi 10 mars, la direction s’est cantonnée à une augmentation de 4,8 % en deux temps, 4 % au 1er janvier 2023, 0,8 % au 1er juin. Elle a ajouté à cela l’augmentation d’une prime d’assiduité et de nouveaux dispositifs de type « prime de repas ».

Les salariés ne pouvaient se contenter de si peu. Mais pour obtenir leur assentiment, la direction menace de ne mettre en application qu’une partie de ses propositions si la délégation syndicale ne signe pas. Une sorte de 49.3 patronal ! Les travailleurs ont refusé ce chantage et l’ont fait savoir en entamant un mouvement de grève, d’une heure par jour reconductible d’abord, puis d’une journée entière aujourd’hui. C’était le meilleur moyen de reprendre la main !

Alors, en ce vendredi 17 mars à L’Isle-d’Abeau, après un échange sur le parvis avec un responsable de la CAPI qui les a renvoyés aux négociations avec Keolis, les grévistes ont tenu une assemblée générale qui a permis de faire le point sur les revendications et la suite du mouvement.

Beaucoup de grévistes sont opposés à la multiplication des primes qui sont dénoncées à juste titre comme toujours incertaines. Et, alors que la lutte contre la réforme des retraites rebondit, plusieurs font remarquer que c’est le salaire de base qui entre dans le calcul des pensions, et pas les primes. Dans le transport urbain, ce salaire de base se calcule un peu comme pour les fonctionnaires : il faut multiplier un nombre de points attaché au poste de travail – le « coefficient », 200 pour un conducteur selon la convention collective, 205 chez KPI – par la valeur du point1 – 8,65 euros à l’embauche dans la convention, 9,083 euros chez KPI.

Concernant la suite des réjouissances, le débat a été vif : continuer la grève perlée d’une heure par jour ? Faire des journées complètes ? Une nouvelle rencontre avec la direction est prévue le mercredi 22 mars, la veille de la prochaine grosse journée contre la réforme des retraites. Ne serait-ce pas l’occasion d’enchainer deux jours complets de grève, car salaires et retraites sont, au fond, le même combat ? Pierre, conducteur d’une filiale voisine de Keolis qui a connu une grève pour des augmentations de salaire similaire au début du mois de janvier, est venu défendre cette idée sur le piquet.

 

 

Pour l’instant, le principe de la grève perlée en début de semaine prochaine a été décidé. Mais la détermination des grévistes de KPI est pleine de promesses.

 

 

 


 

CAPI, KPI, Okapi…

Dans le transport, l’organisation des réseaux (tracé des lignes, fréquence…) est entre les mains des « autorités organisatrices de la mobilité » (AOM), au choix des structures intercommunales ou régionales. Dans le Nord-Isère, l’AOM en charge du réseau urbain autour de Bourgoin-Jallieu, dont le nom commercial est « Ruban », est la CAPI, (Communauté d’agglomération Porte de l’Isère).

Ruban est un réseau dit urbain mais qui traverse un territoire qui mélange ville et campagne – sur les 22 villes que compte la CAPI, trois comptent plus de 10 000 habitants et onze moins de 2 000. Il y a donc huit lignes « urbaines » qui relient les villes (Bourgoin-Jallieu, Villefontaine, L’Isle-d’Abeau) et sept lignes « périurbaines » qui amènent sur Bourgoin les habitants des communes rurales. À noter également l’existence de deux lignes « Flexibus » qui desservent la zone d’activité de Chesnes sur la commune de Saint-Quentin-Fallavier, première plateforme logistique terrestre de France, troisième d’Europe.

Les AOM peuvent choisir de gérer le réseau directement, on parle alors de régie publique comme à Grenoble ou à Toulouse. Elles peuvent aussi déléguer à une entreprise privée, par des délégations de service public (DSP) ou des marchés publics. Dans ce cas-là, l’AOM a bien souvent recours à une des trois grosses entreprises françaises suivantes : Keolis, Transdev ou RATP Dev. Le réseau Ruban est pour sa part exploité par une filiale de Keolis, Keolis Porte de l’Isère. Mais régie ou délégataire privé, les patrons restent les patrons et les maigres acquis que les travailleurs peuvent leur arracher dépendent du niveau de la combativité ouvrière !

 


 

Note

1 Sans oublier le coefficient de majoration lié à l’ancienneté.