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Produits agricoles ukrainiens : la solidarité des capitalistes s’arrête là où commencent leurs intérêts !

Depuis le 19 février, des agriculteurs polonais bloquent à nouveau la frontière avec l’Ukraine. Les manifestants ont détruit un chargement de céréales. Un tel mouvement avait déjà eu lieu en septembre 2023, au point que le gouvernement polonais avait annoncé l’arrêt des livraisons d’armement polonais à l’Ukraine. La Pologne, la Hongrie et la Slovaquie avaient également proclamé un embargo sur les céréales ukrainiennes. En janvier, ce sont les agriculteurs et routiers roumains qui avaient manifesté et bloqué les routes. À nouveau, la Pologne parle de mettre en balance ses livraisons d’armes.

En effet, depuis le début de l’invasion russe, l’Union européenne a ouvert son marché aux produits agricoles ukrainiens, en supprimant les droits de douane en juin 2022. Or, l’Ukraine est un producteur majeur en matière agricole : premier exportateur mondial de tournesol (huile et tourteaux), quatrième exportateur de maïs… 10 % à 15 % du PIB ukrainien provient du secteur agricole, qui compte pour 20 % de l’emploi et un tiers du total des exportations du pays.

L’intégration de l’Ukraine au marché agricole européen ébranle ce dernier, avec des marchandises qui viennent concurrencer celles des autres pays européens.

Parce que, derrière la « solidarité des démocraties » face à « l’autocrate russe », la réalité revient au galop : l’Ukraine est un État capitaliste, avec une bourgeoisie, qui vient concurrencer les autres États capitalistes européens et leurs bourgeoisies.

On peut prendre l’exemple du géant de l’agro-business MHP, dirigé par l’ukrainien Yuriy Kosiuk. Une société qui produit des milliers de poulets, avec plusieurs usines, et des centaines de milliers d’hectares de terres riches en blé. Grâce à des prêts de plusieurs millions de la Banque européenne de développement, depuis 2010, ses installations produisent jusqu’à 1000 tonnes de viande par jour. Déjà, en 2018, cette entreprise avait tenté de racheter l’éleveur français Doux. Aujourd’hui, avec la suppression des droits de douane, ses poulets sont vendus moins chers. D’où la plainte des capitalistes de l’agro-alimentaire, en France notamment.

Cette compétition entre capitalistes explique sans doute toutes les tergiversations sur l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne. Ainsi, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, qui plaidait en 2022 pour une adhésion très rapide de l’Ukraine, se montre nettement plus réservée aujourd’hui. Dans tous les cas, les dirigeants européens le répètent : l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne prendra du temps.

Tout cela vient rappeler que, derrière les grands mots de « solidarité », de « démocratie », « d’unité face à l’autocratie russe », en réalité ce sont bien des capitalistes qui s’affrontent, et qui n’oublient pas où sont leurs intérêts !

Aurélien Perenna

 


Dossier : Deux ans de guerre en Ukraine

 

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