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Réanimation néonatale de Saint-Denis : « 42 jours de grève, et on a gagné ! »

42, c’est la distance d’un marathon ! Celui que les infirmières et auxiliaires de puériculture du service de réanimation néonatale du centre hospitalier de Saint-Denis ont entamé le 29 décembre en se mettant en grève pour obtenir des embauches et l’amélioration de leurs conditions de travail et de rémunération, et qu’elles ont terminé victorieuses le 8 février.

Au point de départ, une situation devenue inadmissible : destruction d’une équipe passée en quatre ans de 56 à 39 soignantes, dépassement du ratio1 bébé-IDE/IPDE2 et mise en danger des nouveau-nés dans une unité accueillant des grands prématurés.

La direction comme obstacle

Surcharge de travail et épuisement avaient préparé les salariées à cette course de fond. Elles ne s’attendaient pourtant pas à ce que la direction, pour les dissuader d’aller au bout du mouvement, la transforme en course d’obstacles.

Aux tentatives de la hiérarchie, que nous rapportait une infirmière dans notre précédent article, d’invisibiliser la grève en faisant disparaître affiches et banderoles, s’est ajoutée la désorganisation délibérée du service par la direction pour épuiser et faire céder le peloton des grévistes. Au mépris de l’inquiétude, exprimée dans la mobilisation, des impacts sur leur vie personnelle de l’extensibilité et de la disponibilité exigées d’elles par l’hôpital, la direction a imposé aux grévistes des changements incessants de planning dans des délais réduits au minimum ! Sans considération des revendications d’augmentation des salaires portées par la grève, la direction a recouru à des intérimaires et vacataires, et renvoyé certaines des grévistes assignées à leur domicile au moment où elles s’apprêtaient à prendre leur poste, pour les taper au portefeuille ! Mais les grévistes ont riposté par la mise en place d’une caisse de grève, qui a permis de compenser les retenues sur salaire. L’encadrement a aussi joué sa partition, en tentant de faire porter aux grévistes, par des menaces, la responsabilité des défaillances dans la prise en charge des nourrissons. Un renversement des rôles par la direction qui déniait par là-même l’imputabilité de ces défaillances au sous-effectif structurel.

Poker menteur

Il fallait donc une détermination certaine pour renverser la table, quand l’Agence régionale de santé et la direction de l’hôpital se renvoyaient la balle pour mieux botter en touche, et se défausser de leurs responsabilités et prérogatives. La direction a joué un premier coup de bluff en proposant aux grévistes un protocole de sortie de grève qui ne répondait à aucune de leurs revendications. Au terme de trois rounds de négociation, portées par leur détermination à « maintenir la grève le plus longtemps possible » pour gagner, les grévistes ont obtenu la satisfaction de la majorité de leurs revendications : le respect du ratio bébé/IDE-IPDE, l’embauche, réclamée depuis 2021 de dix auxiliaires de puériculture, et six supplémentaires quand le service aura retrouvé sa capacité de 26 lits, la majoration à 100 %, avec effet rétroactif, des heures supplémentaires auxquelles le sous-effectif du service les astreint depuis novembre, et la réorganisation des tâches et achat de matériel permettant une diminution de la charge de travail.

« La lutte continue au quotidien pour imposer de bonnes conditions de travail et de soins »

Parmi les revendications restées insatisfaites : l’augmentation des salaires et la stagiairisation des auxiliaires de puériculture et des aides-soignantes, qui devait mettre un terme à la précarité de ces emplois, pour lesquels les agents recrutés doivent cumuler deux années de CDD avant de pouvoir espérer une titularisation. Autant de raisons de continuer à mettre la pression et de se tenir prêtes à recommencer ?

Correspondante


Notes :

1 Les ratios, fixés par décret, sont de deux par infirmière en réanimation, de trois pour une en soins intensifs et de six pour une en néonatalogie.

2 Infirmière diplômée d’État/Infirmière puéricultrice diplômée d’État.


Communiqué de grève victorieuse de l’équipe de réanimation-néonatale du centre hospitalier de Saint-Denis

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