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Réforme des lycées pro : mettre les lycéens les plus défavorisés toujours davantage sous la coupe du patronat !

Jeudi 4 mai, Emmanuel Macron et Pap Ndiaye étaient en visite au lycée Bernard Palissy de Saintes (Charente-Maritime), pour une opération de communication destinée à vendre leurs réformes de l’éducation. Malgré les tentatives d’interdiction, ils ont été accueillis par des centaines de manifestants et manifestantes, et l’électricité a été coupée dans le lycée.

Comme prévisible, les annonces de Macron sur les lycées professionnels ne sont qu’une confirmation de la réforme des lycées professionnels depuis octobre dernier : une mise sous tutelle toujours plus importante de la voie professionnelle sous la coupe du patronat.

En effet, la réforme prévoit une augmentation de la durée des stages en entreprise, au détriment des enseignements généraux et théoriques. Chaque lycée se verra désormais désigner un « mentor » issu du « monde du travail ». Un « bureau des entreprises » sera créé dans chaque établissement. Pap Ndiaye a déclaré qu’il fallait que « les filières [répondent] aux besoins de l’économie ». Dès la rentrée prochaine, les cartes des formations devront être établies en fonction des besoins locaux des entreprises. L’année de terminale va être complètement réorganisée : les examens auront lieu en mars, pour que le reste de l’année consiste en stages (PFMP, périodes de formation en milieu professionnel). Pour Macron et Ndiaye, c’est donc clair : le lycée pro ne doit pas former des élèves capables de s’émanciper, mais des salariés taillables et corvéables à merci pour les capitalistes.

Macron a annoncé la fermeture de filières entières, sans préciser lesquelles. C’est une véritable épée de Damoclès sur des centaines de collègues, qui peuvent voir leur poste menacé du jour au lendemain. Qu’à cela ne tienne, Pap Ndiaye a prévu le coup en expliquant que « les enseignants des filières supprimées peuvent se diriger vers le professorat des écoles ou les collèges » ! Une véritable provocation, et une véritable remise en cause du statut des professeurs de lycée professionnel (PLP).

Et pour ceux qui pourront rester en lycée pro, le ministre a prévu une version spéciale du « pacte », qui prévoit une masse de travail bien plus importante que dans la filière générale, et non modulable. Ainsi, les PLP devront nécessairement s’engager à effectuer sur l’année l’équivalent de 72 heures supplémentaires de cours de soutien et d’options, 18 heures de remplacement, ainsi que deux missions « non quantifiables », dont la gestion du fameux « bureau des entreprises », ou encore le fait d’être référent des élèves stagiaires, formateur de tuteur de stage…

Un pacte spécifique donc, qui non seulement alourdit considérablement la charge de travail, mais vise à tourner toujours davantage le lycée pro vers « le monde des entreprises », c’est-à-dire le soumettre aux besoins économiques des capitalistes. Cette réforme s’inscrit dans le projet global de Macron et des capitalistes pour l’école : casse de l’éducation prioritaire et du collège, casse du bac et mise en place de la sélection à l’entrée de l’université.

En décembre dernier, une grève historique avait réuni les collègues de lycées professionnels contre cette réforme. Mais l’absence de suites données par l’intersyndicale, et son refus de le lier à la politique générale du gouvernement contre l’Éducation nationale, avait laissé les collègues sans perspectives. La mobilisation en cours, contre la réforme des retraites et plus généralement contre la politique du gouvernement, offre une occasion de relancer la bagarre contre ces réformes de casse de l’éducation.

Aurélien Perenna

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