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Réforme des retraites : les femmes protégées ?… ou désavantagées une fois de plus !

Dès l’annonce du projet du gouvernement Macron-Borne de repousser l’âge légal de la retraite de 62 à 64 ans et d’allonger progressivement la durée de cotisation, des études (dont celle présentée dans le dossier de presse du gouvernement) sont tombées dénonçant l’injustice spécifique faite aux femmes dans cette injustice globale.

Sur un plateau de télévision, Franck Riester, le ministre chargé des Relations avec le Parlement, acculé face aux questions sur ce sujet, a fini par lâcher que les femmes seraient effectivement impactées.

Polémique sur la situation des femmes

Du coup, le gouvernement a sorti l’artillerie lourde ! En commençant par la Première ministre elle-même, qui à l’Assemblée s’est indignée : « je ne peux pas laisser dire que notre projet ne protégerait pas les femmes. Au contraire ! »

Dimanche 29, sur France Info, elle a remis ça et s’est expliquée : « cette réforme, elle protège les femmes, notamment celles qui ont des carrières interrompues, en ne décalant pas l’âge où vous pouvez partir sans décote, quel que soit le nombre de trimestres. »

Oui vous avez bien lu : les femmes sont protégées puisque l’âge d’annulation de la décote ne bouge pas (pour les hommes non plus d’ailleurs !), il reste à 67 ans ! Quelle bonne nouvelle ! C’est vrai qu’il aurait pu être reculé aussi à 69 ou pourquoi pas 70 ans… Les femmes l’ont échappé belle.

Mais continuons avec Borne : « Elle (sa réforme) protège les femmes qui ont des plus petits revenus tout au long de leur vie professionnelle et qui sont largement majoritaires dans celles qui ont la retraite minimale en revalorisant cette retraite minimale. Les deux tiers des retraités qui vont bénéficier d’une revalorisation, ce sont des femmes. Les deux tiers des retraités qui, demain, partiront avec 100 euros de plus par mois, ce sont des femmes. Donc on a été très attentifs à la situation de ces femmes qui ont des carrières difficiles. »

Franchement, comment accuser le gouvernement de ne pas faire attention aux femmes après ça ? Problème : qui peut penser, à part Borne et son gouvernement, qu’avec 1200 euros par mois, on s’en sort ? D’autant que, après réforme, il restera 25 % des retraités qui auront une pension inférieure à 1200 euros… dont 40 % des femmes !

Alors mensonges ? Pensée magique ? Les mots qui, parce qu’on les répète, finissent par devenir réalité ? Cynisme ? Inconscience ?

Sûrement tout cela à la fois, aggravé par une bonne dose de mépris de classe…

Réalité de la situation des femmes

Car en réalité, en raison de leurs salaires plus faibles (de 16,4 % en moyenne) et de leurs carrières plus courtes car hachées (28 % des femmes sont à temps partiel, qu’il soit choisi ou imposé), les femmes, qui ont une pension inférieure à celle des hommes de 40 % en moyenne, ne peuvent qu’être pénalisées par tout recul de l’âge de la retraite ou augmentation de la durée de cotisation. Ainsi, à âge égal, une femme née en 1972 devra travailler neuf mois en plus selon la réforme contre cinq mois supplémentaires pour un homme.

Une femme sur deux, hors congé maternité, réduit ou arrête son activité professionnelle à un moment ou un autre. Après la naissance d’un enfant, faute de places en crèche ou pour s’occuper d’un parent dépendant, par manque de services pour ces personnes ou d’argent pour les payer. Car, dans cette société, ce sont les femmes qui continuent majoritairement à s’occuper des enfants et des soins à autrui…

Alors, il y a de quoi nous mettre en colère : oui, cette réforme est injuste et inégalitaire. Plus les travailleurs sont mal payés et ont des conditions de travail difficiles et pénibles, plus elle l’est. Et donc les femmes sont une fois de plus maltraitées.

Quand on pense que l’égalité hommes-femmes se prétend la première cause du quinquennat, on a juste envie de dire à Macron de ne surtout plus s’occuper des femmes ! L’égalité salariale, l’émancipation, le respect, c’est par la lutte qu’il faut aller les chercher et c’est ce que nous avons commencé à faire depuis le 19 janvier et allons continuer dans les jours qui viennent.

Liliane Lafargue