Nouveau Parti anticapitaliste

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Réponse au texte des scissionnistes de l’ex-PFB

Réponse au texte des scissionnistes de l’ex-PFB qui ont quitté le 5e congrès autour de Philippe Poutou, Olivier Besancenot et Christine Poupin

« Le meilleur des traditions du mouvement ouvrier »

C’est sous cette bannière que le NPA s’est fondé à l’initiative de la LCR, en appelant d’autres forces d’extrême gauche, courants, militants organisés ou non, à se regrouper. Dans les rangs du NPA maintenu à l’issue du 5e congrès de décembre 2022, notre organisation qui est aujourd’hui vilipendée par des soutiens de Philippe Poutou, Olivier Besancenot et Christine Poupin comme « les fractions de l’ex-plateforme C », certains ont lancé cet appel en 2007 (des militants de la LCR organisés dans un courant comme DR ou sans courant ou bien des militants des JCR), d’autres l’ont rejoint à sa fondation en 2008-2009 (comme les militants de la fraction l’Étincelle), d’autres, encore plus nombreux, ont fait leurs premières armes dans le NPA à l’occasion de la lutte contre l’état d’urgence en 2015, contre la loi travail, pendant le mouvement des gilets jaunes, contre la retraite par points ou lors d’une des trois campagnes Poutou en 2012, 2017 et 2022. Tandis qu’une partie des « historiques » de la LCR quittaient le NPA en 2012, avec la Gauche anticapitaliste.

Le NPA a toujours été une arène de débats, parfois houleux. Mais ce qui nous réunissait avant le départ de l’ex-plateforme B, tenait certainement dans cette formule, « le meilleur des traditions du mouvement ouvrier », même si nous avions chacun notre manière de la préciser. Avec son communiqué du 3 mai, la direction du groupe autour de Philippe Poutou, Olivier Besancenot et Christine Poupin a abandonné de manière spectaculaire cette filiation politique minimale, rompant toute forme de solidarité élémentaire entre courants d’extrême gauche. Ce n’est pas le premier reniement de ces camarades, et certainement pas le dernier, malheureusement. En signant « NPA », ce noyau de « direction » à la dérive engage les camarades qui l’ont suivi. Sont-ils certains d’être d’accord avec ce texte mensonger et calomniateur signé en leur nom ?

La dérive politique est devenue une liquidation organisationnelle

Il faut reconnaître une certaine constance à Philippe Poutou dans le projet de liquidation du NPA. Dès les municipales de 2020, il s’engage dans une liste avec la gauche institutionnelle « Bordeaux en lutte », contre l’avis d’une majorité de militants de la fédération de Gironde. Il récidive aux régionales de 2021 en présentant une nouvelle liste commune avec la FI, contre l’avis d’une majorité de militants des fédérations concernées et malgré un vote majoritaire du CPN, la direction nationale.

Cette tentative de liquidation du NPA 33 pour « bosser avec la FI », qui n’a heureusement pas détruit le NPA 33, mais mené à la scission de la fédération, a été reproduite à grande échelle moins de deux ans plus tard à l’occasion du 5e congrès national. Entre-temps, lors de la présidentielle, les prétendues « fractions de l’ex-PFC », accusées aujourd’hui de tous les maux, ont été indispensables pour réunir les 500 signatures et mener une campagne qui a touché un public jeune et populaire – dont plusieurs centaines sont toujours au NPA.

Pour le noyau de direction de l’ex-PFB, cette campagne présidentielle du NPA devait être la dernière. Un mois après la campagne Poutou, la majorité de la direction sortante engageait le NPA dans le soutien à la Nupes et à « Mélenchon Premier ministre » lors des législatives. Des membres de cette direction expliquaient ce revirement par le fait qu’il fallait « dépasser le NPA » car « le NPA était un échec » et que l’urgence était de participer aux « recompositions de la gauche ».

Personne n’empêchait ce groupe autour de Philippe Poutou de rejoindre la FI ou la Nupes. L’ennui est qu’ils voulaient le faire en emmenant le NPA avec eux, ou plutôt son nom et son appareil.

Pourquoi l’ex-plateforme B a quitté le 5e congrès

Se sachant dans l’incapacité de gagner une majorité du NPA à cette ligne politiquement destructrice, la direction de l’ex-PFB a manœuvré au mépris de l’opinion des militants qu’elle influence. Fini « l’échec du NPA », ce groupe en est devenu la seule « continuité historique ». Finie la dissolution dans la Nupes ou la FI, il s’agissait seulement d’une prétendue tactique révolutionnaire trotskiste de « front unique ». Finies les menaces de scission, l’ex-PFC était même accusée d’hallucinations ou de se poser en victime pour éviter les débats politiques ! Des camarades de l’ex-PFB ont peut-être cru à ces mensonges des membres PFB de l’ancien comité exécutif (CE) et cru qu’il n’était nullement question d’une scission dont une large majorité du parti ne voulait pas. Mais au moment où les membres PFB de l’ex-CE niaient, devant les AG de militants, avoir un projet de scission, ils déposaient les statuts d’une nouvelle association de financement « NPA-soutien », déclarée en préfecture de Seine-Saint-Denis le 28 novembre 2022.

Les membres PFB de l’ex-CE ont joué la comédie d’une « commission paritaire de fonctionnement », devant laquelle nous prenions toujours plus d’engagements, qu’ils jugeaient toujours insuffisants : « trop tard » disaient-ils, alors qu’aucune proposition sérieuse n’avait jamais été formulée par eux… Et pour cause, ils avaient déjà décidé la scission entre eux, ils avaient déjà déposé leur nouvelle association de financement destinée à financer un autre parti, le leur. Mais ils n’en avaient pas informé leurs militants.

Les mensonges et les manœuvres n’ont pas permis de réunir une majorité des voix du congrès. La PFB a obtenu 48 %, à peine 40 voix de plus que la PFC. C’est la raison pour laquelle l’ex-PFB est forcée d’argumenter sur « la continuité politique et organisationnelle du NPA », de la « revendiquer » comme elle dit car… le congrès ne la lui a pas donnée ! Les militants du NPA eux-mêmes n’auraient pas bien compris qui a la « légitimité » ?

Minoritaire sur son projet de scission-exclusion, la direction de la PFB ne pouvait pas le soumettre au vote du congrès, car elle l’aurait perdu. Elle a donc choisi de quitter la salle. Mais pas avant d’avoir voté le rapport de la commission des mandats et ratifié les résultats des votes des militants dans les congrès locaux.

L’ex-PFB met ces résultats en avant car elle est arrivée en tête avec 48 % des voix : c’est ce qu’elle appelle une « majorité », sans crainte du ridicule. Mais en même temps, elle les conteste en expliquant « qu’un nombre significatif de votants n’étaient pas de véritables militants du NPA ». Mais pourquoi n’a-t-elle pas saisi la commission des mandats pendant le congrès ? Parce que c’est un mensonge pur et simple que ces camarades ne pouvaient défendre devant aucune instance capable de vérifier la réalité des faits. Une belle façon de piétiner les votes des militants. On espère que « les autres organisations » appelées, malgré elles, à la rescousse apprécieront.

D’autant qu’alors même que ce projet d’éclatement du NPA était minoritaire, cela n’a pas empêché Philippe Poutou, d’annoncer sur BFM-TV, le vendredi 9 décembre au soir, donc en plein congrès et avant même son issue, l’intention de ses camarades de « se séparer » parce qu’il faudrait « bosser avec la FI ».

Faute de majorité pour leur projet de scission, les délégués de l’ex-PFB ont quitté le congrès juste après le vote qui approuvait le rapport de la commission des mandats et avant la distribution des mandats. Ils n’ont donc participé à aucun vote avec mandats du congrès, ils n’y ont soumis ni leur orientation « officielle » mensongère, ni leur orientation réelle de scission à marche forcée pour rejoindre la Nupes.

Nous avons regretté ce choix et continué les travaux du congrès du NPA, dans les lieux prévus par les convocations, en soumettant notre orientation aux votes des délégués présents, à commencer par la motion « continuer le NPA », qui a recueilli une majorité dans les AG locales de militants où elle a été présentée, bien qu’elle ait été combattue par la direction de l’ex-PFB. Nous voulions « continuer le NPA », pas eux. Les choses étaient claires, au point que l’AFP titre le soir même : « Olivier Besancenot et Philippe Poutou rompent avec le parti ».

La « séparation » revendiquée par les responsables de la plateforme B (dans leur déclaration lue au congrès avant leur départ, de même que lors de leur conférence de presse du 11 décembre 2022), à l’occasion du congrès qu’ils quittent, ne peut être que leur séparation du reste de l’organisation. Et donc leur départ, ou scission, du NPA. Sauf à ce qu’ils cherchent à désigner par « séparation » la séparation forcée des militants qui ne se réclament pas de leur plateforme, c’est-à-dire une exclusion de ces militants ? Mais pour cela, aucune des conditions statutaires n’est réunie. A minima aurait-il fallu être majoritaire.

La notoriété de certains de ces camarades ne peut les exonérer de respecter le vote des militants de l’organisation, qui n’étaient pas, et c’est incontestable, majoritairement pour une scission. Il s’agit donc bien de leur départ de l’organisation – ce qui est un choix qui leur appartient – mais ils ne peuvent, dès lors, se prévaloir de représenter le NPA.

Et depuis le 5e congrès ?

Le 5e congrès est allé au bout de ses travaux et a élu une nouvelle direction, le CPN. Le CPN a ensuite élu un comité exécutif (CE) qui a désigné des camarades aux tâches de représentation administrative nécessaires, dont la présidence et la trésorerie du parti.

Notre nouvelle direction élue a eu comme première préoccupation d’obtenir un règlement avec l’ex-PFB qui permette aux deux parties d’avoir les moyens de continuer à militer. Malgré notre étonnement que l’ex-PFB se réclame du NPA après avoir quitté le 5e congrès, nous avons accepté de discuter comme s’il y avait deux NPA, de manière à ne pas insulter nos interlocuteurs.

Ainsi nous avons demandé un partage des tâches et des moyens, des recettes et des dépenses à la hauteur approximative des résultats du 5e congrès : accès à la presse, au site internet, aux locaux, aux réseaux sociaux… pour que chacun puisse défendre sa politique, avec l’engagement de ne pas étaler les divergences de manière trop polémique en public.

Cela nous a été refusé – sans même nous accorder la moindre réponse. Trois semaines plus tard, fin décembre 2022, nous étions privés de moyens d’expression. La direction de la PFB a monopolisé tous les moyens de l’appareil technique et les a privatisés à son service exclusif.

Nous avons donc été contraints de reconstruire les moyens d’expression du NPA : site internet et réseaux sociaux pour commencer. Contraints de repartir à zéro, avec les responsables de l’ex-PFB qui nous mettaient des bâtons dans les roues en contactant les multinationales Facebook et Youtube pour interdire nos comptes et en menant une campagne publique qui nous qualifiait « d’usurpateurs ».

Nous n’avions aucune garantie d’accès aux comptes bancaires du NPA, qui sont tous intégralement à la main d’une seule personne, l’ancien trésorier, parti avec la PFB. Dans l’attente d’un règlement à l’amiable, nous n’avons procédé, à titre conservatoire, qu’à la mise à l’abri de faibles sommes, qui reposaient sur des comptes locaux dont nous avions la charge, mais que l’ex-trésorier pouvait vider à tout moment. À raison, puisque nos trésoriers locaux ont été brutalement privés de leur accès aux comptes locaux dès la fin du mois de décembre, d’une manière complètement anti-statutaire, et sans aucune consultation des militants des fédérations concernées.

Malgré ces difficultés, nous avons continué à assurer l’apparition politique et la construction du NPA : manifestations, meetings, stages de formation politique et technique, rencontres nationales ouvrières… réunissant selon les cas des dizaines ou centaines de militants. Le CPN s’est déjà réuni trois fois, en janvier, février et avril. Le CE s’est réuni chaque semaine sans exception.

Diffamations en série

En janvier, nous avons adressé un texte à la direction élargie de l’ex-PFB dans lequel nous demandions la poursuite des négociations et proposions un plan de travail. Mais les membres PFB de l’ex-CE ont rompu les discussions de manière particulièrement brutale et totalement unilatérale après avoir présenté un prétendu « protocole de séparation », vide de contenu, qui s’adressait non pas au NPA, mais à trois « fractions » ou courants séparément, DR, A&R et l’Étincelle. Une gifle pour tous les militants et toutes les militantes du NPA qui n’appartiennent à aucune de ces tendances, une tentative de division vouée à l’échec.
À la réception de ce « protocole », qui n’avait strictement rien à voir avec l’ébauche de plan de travail que les membres PFB de l’ex-CE nous avaient vaguement présenté à l’oral dans les discussions précédentes, nous avons choisi de modifier notre délégation à ces discussions, en y incluant un camarade, militant de longue date à la LCR, qui n’est membre d’aucune des trois tendances décriées. Depuis, la PFB de l’ex-CE a refusé toute discussion. Nous avons adressé un nouveau texte à la direction élargie de l’ex-PFB qui proposait un nouveau plan de travail pour renouer les discussions.

En mars, nous avons appris indirectement que les responsables de l’ex-PFB s’apprêtaient à supprimer les prélèvements des cotisations des militants du NPA – celles et ceux qui ne les avaient pas suivis –, les excluant de fait ! Depuis la création du parti, les cotisations sont prélevées par l’association de financement NPA-Souscription. La présidente et la trésorière de cette association sont membres du NPA et ont refusé de suivre Philippe Poutou, Olivier Besancenot et Christine Poupin dans leur opération de scission. L’ex-trésorier s’apprêtait donc à faire une opération d’exclusion de nos militants, en notre nom !

La présidente et la trésorière de NPA-Souscription ont donc contacté la banque gestionnaire du compte de l’association pour empêcher l’ex-trésorier de procéder à cette manœuvre, non seulement totalement illégale, car le compte NPA-Souscription ne lui appartient pas, mais surtout parfaitement illégitime du point de vue de nos statuts de parti. La banque en a informé l’ex-trésorier comme nous en avons eu confirmation lors de la dernière rencontre entre nos délégations.

Ceci ne l’a pas empêché d’anticiper les prélèvements du mois d’avril, d’exclure une partie des militants du NPA, avant de virer au plus vite toutes les sommes cotisées sur le compte « NPA » qu’il est le seul à contrôler, à la veille de perdre l’accès au compte NPA-Souscription. Qui est coupable de « manœuvres secrètes » ?

Mais ce n’est pas tout. L’ex-trésorier, accompagné de l’ex-président du NPA, Philippe Poutou, ont officiellement demandé en avril à la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) de retirer l’agrément de « NPA-Souscription » comme association de financement du NPA pour la remplacer par « NPA-soutien », structure créée en secret, dans le dos même des délégués PFB au congrès, deux semaines avant la scission. C’est la direction de l’ex-PFB qui a saisi « la CNCCFP afin de couper les financements du parti ». Nous n’avons pas « manœuvré » auprès de cette commission, mais avons été sommés par elle de défendre NPA-Souscription face à l’agression de l’ex-PFB. C’est bien la direction de l’ex-PFB qui a mêlé l’État à nos conflits internes.

La direction de l’ex-PFB a commis tous les faits dont elle nous accuse dans son texte diffamatoire. Néanmoins nous pouvons ajouter deux griefs à cette liste. La direction de l’ex-PFB a licencié de manière totalement illégale une camarade qui travaillait à temps partiel pour le parti depuis des années. Un licenciement particulièrement inqualifiable puisque cette camarade a son emploi principal dans l’Éducation nationale et qu’elle ne pourra recouvrer un temps plein qu’à partir du mois de septembre 2023. Les responsables de l’ex-PFB ont également suspendu les ressources financières du NPA-Jeunes, secteur de jeunesse du parti, dans lequel ils n’avaient certes aucun membre, mais qui regroupe plusieurs centaines de militants actifs – les cortèges de manifestation et la mobilisation actuelle en témoignent. Les responsables de l’ex-PfB ont d’ailleurs depuis créé, en violation des statuts du parti, une nouvelle organisation, distincte du NPA, intitulée « Jeunesses anticapitalistes ».

Nous ne souhaitons pas régler nos comptes politiques devant les tribunaux et les commissions de l’État. Nous ne menaçons pas et n’avons jamais menacé l’existence financière de l’organisation issue de l’ex-PFB. Nous n’avons jamais attaqué ses moyens de militer. À l’inverse, la direction de l’ex-PFB tente de nous entraver à chaque pas. Malgré les calomnies, malgré les menaces judiciaires, malgré aussi le ridicule que nous inspire son texte, nous réitérons les appels à une sortie négociée de cette situation ubuesque.

Le CE du NPA, vendredi 5 mai 2023