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Russie : plus le mensonge est gros !

L’attentat du vendredi soir 22 mars au Crocus City Hall de Moscou, qui a fait 143 morts et des centaines de blessés, victimes entre autres d’un incendie géant, a été aussitôt revendiqué par une branche afghane de l’ÉI (État islamique), des fondamentalistes en lutte contre les talibans. Poutine a pris acte, a fait arrêter et sauvagement torturer par sa police une dizaine d’agresseurs réels ou supposés, dont des ressortissants du Tadjikistan – la plus pauvre des cinq ex-républiques soviétiques d’Asie centrale, aux confins de la Chine et de l’Afghanistan où culminent des sommets de 7 500 mètres d’altitude.

Poutine prend acte de la revendication de l’attentat par l’ÉI. Dès le lendemain pourtant, il n’en déclare pas moins à la télévision qu’une « trace ukrainienne » existerait, des complicités épaulées par les Occidentaux. Et Poutine d’en appeler à la relance de la mobilisation pour la guerre contre l’Ukraine, que son porte-parole désigne désormais par son nom : une guerre. L’attentat meurtrier est pour Poutine matière à relancer son offensive contre l’ennemi extérieur, l’Ukraine, les États-Unis et l’Otan. Mais à relancer aussi l’offensive contre les ennemis intérieurs : les jeunes, travailleurs, personnalités universitaire ou du spectacle hostiles à cette guerre (dont des centaines emprisonnés), les mouvements LGBT qualifiés à nouveau de « terroristes », et les migrants, boucs émissaires jamais oubliés !

Ils sont nombreux, venus du Caucase ou d’Asie centrale, à travailler sur les chantiers du bâtiment, dans les cuisines, les commerces, voire à être raflés pour être envoyés sur le front ukrainien. Et voilà qu’on discute de restaurer la peine de mort, de réintroduire les visas à leur encontre. Les témoignages convergent à propos d’une nouvelle flambée de racisme d’une extrême droite nationaliste russe forcenée. Poutine en serait préoccupé, car il lui revient malgré tout de contenir dans un tout cohérent une société multiethnique et multiconfessionnelle (il s’affiche avec les fleurons de l’orthodoxie chrétienne, mais le pays compte 20 % de musulmans). Or la misère sociale, sur fond d’autoritarisme politique et de crimes commis en Tchétchénie, au début des années 2000, ainsi que dans la guerre russe en Syrie en 2015, renforcent les forces centrifuges. Entre autres, la menace islamiste qui s’est concrétisée dans une kyrielle d’attentats terroristes durant les vingt-cinq ans du règne de Poutine – dont certains ont été fomentés par les services secrets russes, pour justifier des escalades guerrières dans le Caucase.

Du côté occidental, ce sont les larmes hypocrites. On pleure les victimes de l’attentat de Moscou, on compatit avec le peuple russe, mais on passe sous silence les 33 000 victimes du terrorisme d’État d’Israël et de Netanyahou, que Biden et Macron continuent à armer.

Michelle Verdier

 

 

(Article paru dans Révolutionnaires numéro 12, avril 2024.)