Nous reproduisons ici le courrier d’un de nos lecteurs sur une absurdité du réseau de cars dans le Nord-Isère, drôle en elle-même, mais révélatrice des problèmes d’offre qui touchent les transports en commun.
Fraîchement installé à Pont-de-Chéruy et désireux d’utiliser les transports en commun, j’ai récupéré quelques infos sur les lignes de cars autour de chez moi. Tiens, il y a une ligne dénommée T21 qui part de Pont-de-Chéruy et qui nous emmène jusqu’à Bouvesse en passant par La Balme-les-Grottes. Si si, il y a même une pub dans la fiche horaire :
Ci-dessus, extrait de la fiche horaire de la T21, ci-dessous, les grottes de la Balme, un « site naturel rare et exceptionnel »… et inaccessible en transports !
Parfait ! Je vais y emmener les enfants un week-end. Première déception, la ligne ne circule ni samedi ni dimanche. Qu’à cela ne tienne, on ira pendant les vacances scolaires. Ah, par contre, pendant les vacances scolaires, la ligne s’appelle T25, c’est la même ligne mais sur réservation à l’avance1. Très bien, j’ai compris, on ne partira pas sur un coup de tête.
Bon alors, regardons tout ça. C’est 3,60 euros pour tous, sauf pour les enfants qui ont une réduction. Mais pour en profiter, il faut obtenir une carte… Et niveau horaire ? Pas le choix, pour y aller ce sera l’unique départ de 18 h 07…! Et pour le retour, 7 h 06 à La Balme. C’est tout. Donc, récapitulons, si je veux y aller en transports en commun, il faut partir le lundi, passer la nuit sur place, visiter le mardi, deuxième nuit sur place, puis retour le mercredi matin. Sacré budget ! À moins que le plan ne soit de dormir dans les grottes ? De plus en plus exceptionnelle cette visite !
À force de réductions de l’offre, les transports collectifs disparaissent de nos petites villes et villages. Pourtant, en ces temps de prise de conscience environnementale, il serait bien que les citoyens désireux de changer de mode de transport puissent le faire !
Il y a une dizaine d’années le trajet de Pont-de-Chéruy à La Balme était encore largement faisable, même le week-end et depuis la gare de la Part-Dieu, à Lyon. Plus loin dans le temps, mon arrière-grand-père pouvait emprunter le tram no16 sept jours sur sept et bénéficiait d’un tram toutes les deux heures. Aujourd’hui, le tram est plus fréquent, mais il s’arrête à Meyzieu, puis laisse la place à un réseau de cars qui gagnerait à être amélioré. Pour cela, il faut les moyens adéquats et permettre une mobilité réelle en transport en commun, et pas seulement de la publicité mensongère…
Photo : Deux réseaux se croisent à Décines, à l’est de Lyon. À droite, l’avenue Jean Jaurès par laquelle passait le tram 16 supprimé après la Deuxième Guerre mondiale, à gauche les rails des actuels trams T3 et T7.
1 En Auvergne-Rhône-Alpes, il y a ainsi sept lignes de cars organisées sur le mode du « transport à la demande » (TAD), c’est-à-dire qui ne roulent que si on en fait la requête la veille ou le vendredi pour le lundi (car le TAD ne marche pas le week-end). Concernant la T25, la demande doit être faite avant 17 heures sur le site des cars Région, par mail ou par téléphone.