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Shanwei, Chine. Grève des livreurs de la plateforme Meituan

Au cours du mois d’avril, la plateforme de livraison de repas chinoise Meituan s’est largement attaquée à la rémunération des travailleurs : suppression de la participation à l’achat d’un véhicule électrique, de la compensation en cas de mauvais temps, réduction du bonus de la course longue-distance de 15 à 5 yuans, et également ajout d’une pénalité de 50 yuans en cas d’absence sur la plateforme.

En réaction, le 21 avril, plusieurs centaines de livreurs se sont mis en grève pour défendre leurs conditions de travail. La plateforme a immédiatement été paralysée. Le jour suivant, Meituan a fait venir d’autres villes des livreurs afin de casser la grève, leur proposant une rémunération trois fois supérieure au taux minimum. L’information a circulé et enragé les réseaux sociaux. Ces derniers ont appelé à saboter les véhicules et détruire les repas livrés des briseurs de grève.

Une lutte pour de meilleures conditions de rémunération

Après une semaine de grève, Meituan a proposé un nouveau plan de rémunération : une prime pour le 1er mai, la rémunération de base passe de 3,8 yuans à 5 yuans (pour comparaison, le salaire horaire moyen est d’environ 20 yuans), la mise en place d’un dialogue social et le retrait des briseurs de grève.

Les travailleurs ont décidé de reprendre le travail mais ont néanmoins peu confiance dans leur direction. Dans le même temps, un système de rang mis en place afin de récompenser les livreurs les plus acharnés vient mécaniquement pénaliser les grévistes qui ont une carence dans leur livraison, certains ont même été exclus de la plateforme.

Quelles perspectives pour les travailleurs de plateforme en Asie ?

C’est donc une victoire en demi-teinte pour ces travailleurs. Néanmoins la lutte a pu éveiller les consciences des centaines de travailleurs, pas seulement à Shanwei mais dans le pays tout entier. Un livreur ironisait sur Internet : « Il faut accepter les commandes, comment votre patron va-t-il se payer une Rolls-Royce ? » Ce milieu s’organise avec difficulté mais l’actualité internationale montre des premiers signes de structuration (grève aux Philippines, à Taïwan, en Malaisie et au Japon), notamment à travers une tentative en Corée du Sud d’organiser tous les travailleurs de plateforme quelle que soit l’activité.

Pierro Forey