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Troisième semaine de grève pour les salaires à Safran Mérignac

Safran Electrical and Power-Service Mérignac

Troisième semaine de grève reconductible pour des augmentations de salaire, pas pour des primes !

Au moment où nous écrivons, nous en sommes à notre onzième jour de grève reconductible et nous revenons ce mardi 21 février d’une action à Toulouse devant le siège de Safran où nous sommes allés à huit de Mérignac, au total une cinquantaine avec des collègues et camarades de Toulouse et Marseille. Depuis mardi 7 février, journée de mobilisation contre la réforme des retraites, un petit groupe de salariés a prévenu la direction qu’il se mettait en grève pour 200 euros net mensuels d’augmentation générale pour tous (AG) et pour une durée indéterminée. Inédit !

La grève illimitée travaillait les têtes depuis un moment et comme l’intersyndicale, au niveau du groupe comme au niveau de notre société, faisait trop longuement attendre des appels qui dépassent de simples débrayages d’une heure… l’initiative a été prise !

Nous avons été une vingtaine de travailleurs et travailleuses, dont la CGT sur le site, à emboiter le pas aux intrépides. Le plus grand nombre d’entre nous est en sous-traitance chez Dassault Mérignac. Nous représentons presque 40 % des CDI du site de Mérignac.

Des régressions qui enragent

Dans les NAO, la première proposition de la direction à 1,7 % d’AG qui ne couvre pas l’inflation de 5,9 % nous a fait dégoupiller. Idem pour la deuxième à 2,4 %. Nous faisons depuis des années des efforts importants accentués par la crise Covid : en sous-effectif chronique, des AG minables, des promesses de promotion jamais exaucées, un accord de compétitivité qui a imposé des reculs comme la fin de l’indemnisation des kilomètres qui fait mal pour ceux qui vivent loin… Des régressions qui enragent !

Un passage de la direction contre-productif

La direction du siège qui s’est déplacée depuis Toulouse, mercredi 8, et la direction locale, jeudi 9, nous ont tenu le même discours : ils entendaient notre « ressenti »… mais nous avions quand même eu des augmentations et des primes en 2022 !

Face au mépris, nous avons rétabli quelques vérités : c’est par la mobilisation pour des AG en 2022 que le groupe Safran a concédé 60 euros brut en juillet et une prime de partage de la valeur de 750 euros en décembre 2022. Le passage de la direction a décuplé la colère et la détermination pour des AG, pas pour des primes !

La vie du piquet de grève

Donc, depuis mercredi, tous les jours, nous tenons un piquet de grève devant l’agence de Mérignac : nos copains CGTistes de Dassault Mérignac participent aux discussions, respectueux de cette lutte qu’ils aident avec leur expérience et leurs idées. Vendredi 10, c’est le collectif de l’USTM33 qui venait nous soutenir financièrement et ce jour-là, on décidait l’ouverture de la caisse de grève. Nous échangeons avec tous nos multiples soutiens mais chaque décision est prise par les grévistes en assemblée générale. « C’est sérieux et joyeux » disait un camarade de Dassault Martignas. Et chaque gréviste est devenu militant ou militante de la lutte.

Nos décisions d’action

Le lundi 13, dans le froid atténué par un énorme braséro des camarades de Dassault Mérignac, nous diffusions, en leur présence et celle d’autres camarades de la CGT, un tract à l’adresse des salariés de Dassault et des autres sous-traitants avec banderole « pas de pognon, pas d’avions ». La direction de Dassault n’est pas ravie parce que la grève met un coup de frein au Falcon 6X no4 qui doit se présenter flambant neuf au salon de Las Vegas en octobre 2023 et notre direction subit la pression de pénalités de retard. Touchés ! Un copain gréviste disait « pour nous c’est une première, mais faut pas croire, pour eux aussi ! »

Jeudi 16, huitième jour de grève, nous étions à la manifestation pour la défense des retraites avec notre banderole et la caisse de grève. Idée d’un camarade dont on s’est emparé pour récolter quelques sous. Grand moment : les quelques grévistes qui s’étaient engagés à être présents ont été touchés par la solidarité que nous avons déclenchée.

Nos perspectives d’élargissement

Évidemment nous avions fait le pari que notre grève ferait tache d’huile assez vite dans tout notre établissement et qu’elle se généraliserait au-delà. Une première étape est franchie avec la journée réussie à Toulouse… qui nous encourage à poursuivre la grève pour cette troisième semaine. Nous sommes tous conscients qu’avec tous les chantiers que notre direction remporte, nous avons entre les mains un fabuleux moyen de pression pour renverser la vapeur. À suivre…

Correspondante