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Turquie : 28 000 morts, voire deux ou trois fois plus ?

Six jours après les deux tremblements de terre qui ont touché le sud de la Turquie et le nord de la Syrie, l’ONU annonce 28 000 morts et peut-être deux ou trois fois plus. À l’horreur du tremblement de terre s’ajoutent les conditions climatiques : la neige sur les routes qui empêche toujours les secours laissant mourir les blessés d’hypothermie. Nombre de villages sont encore injoignables. 20 000 habitations auraient été détruites, rien que du côté turc. Il ne reste quasiment plus aucune chance de trouver des rescapés, même si aujourd’hui, cinq jours après, un enfant vient encore d’être sauvé. Les secours ont mis énormément de temps à intervenir, laissant la population livrée à elle-même. Nous avons vu de nombreuses fois aux actualités des hommes déblayer à mains nues la maison de leurs proches faute de machines, faute de soldats ou autres secouristes qui n’arrivaient pas. Les rescapés sont entassés dans des gymnases où ils n’ont ni à boire, ni à manger : les cris de colère passent en boucle dans les actualités. Quelques blessés ont pu être envoyés à Istanbul ou à Ankara, les hôpitaux de la région ayant été dévastés. Mais qu’est-ce en regard du désastre, et de la puissance de frappe d’un pays comme la Turquie ?

Erdoğan réprime, au lieu d’apporter les secours

La réponse d’Erdoğan à la colère populaire aura été d’interdire Twitter sur le territoire pendant 24 heures pour stopper les critiques ouvertes à l’encontre du gouvernement. En effet, son absence dans certaines villes interpelle ; la cause n’en serait-elle pas la majorité kurde pro HDP qui se trouve dans cette région ? On ne peut s’empêcher de se poser la question.

Le poids de l’armée est énorme en Turquie, mais elle n’a pas été mobilisée pour apporter les secours. Beaucoup ont fait remarquer qu’Erdoğan était plus prompt à envoyer des tanks et des avions dans ces zones habitées majoritairement par les Kurdes que des ambulances et des pompiers. Face aux critiques et à la colère, le gouvernement répond par la répression en emprisonnant des opposants. Mais comme en 1999, date du tremblement de terre à Istanbul qui avait alors coûté la vie à au moins 30 000 personnes, la colère s’amplifie contre ce gouvernement corrompu, cynique et répressif, qui, depuis 25 ans, aurait dû sécuriser les anciennes habitations et exiger que les nouvelles constructions répondent aux normes antisismiques.

Mais les habitants se sont bien rendu compte que la plupart des bâtiments détruits ont moins de dix ans. La spéculation immobilière, la tricherie sur les constructions, la corruption des fonctionnaires d’État sont une répétition, en pire, de ce qui s’était passé en 1999.

Nous avons très peu de données sur ce qui se passe en Syrie. Les camions humanitaires restent bloqués à la frontière turque, mais les corps des réfugiés syriens, qui avaient fui la guerre et se retrouvaient entassés dans des camps de fortune dans la région de Gaziantep, commencent déjà à être renvoyés à leur famille. Le cynisme du gouvernement turc n’aura donc aucune limite.

12 février 2023, Marielle Touré