Bonne nouvelle : le pays s’est doté d’un « Centre de lutte contre la désinformation ». Mauvaise nouvelle : il est directement rattaché à la direction de la communication du président Erdoğan et sert surtout à poursuivre et à faire taire toute critique à l’égard du gouvernement, de la présidence et des pouvoir publics. Ces derniers ont ainsi fait poursuivre et arrêter coup sur coup trois journalistes qui avaient enquêté sur les pots-de-vin versés au sein du palais de justice d’Istanbul, deux autres qui avaient mis en ligne une vidéo montrant des gendarmes volant des tentes à des réfugiés au lendemain du tremblement de terre de février dernier et un sixième qui avait dévoilé les liens entre les grands entreprises du bâtiment et l’AKP, le Parti de la justice et du développement, la formation islamiste qui est celle du président. Et les malheureux risquent jusqu’à trois ans de prison pour propagation « d’informations trompeuses » , voire « l’intention de susciter l’inquiétude, la peur ou la panique au sein de la société ». En résumé, en Turquie, tout va bien et ceux qui s’inquiètent de l’inflation qui frôle les 60 %, qu’une fraction croissante de la population tombe sous le seuil de pauvreté, que nombre de victimes des récents tremblements de terre attendent toujours d’être réellement prises en charge, que régulièrement l’armée bombarde les régions kurdes et que nombre d’opposants sont muselés sont des suppôts de la « désinformation ». Les autres des soutiens d’Erdoğan.