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Union européenne : une aide… aux capitalistes et aux marchands de canons !

La Tribune dimanche du 18 février titrait fièrement : « L’Europe s’unit contre Poutine. » Deux jours plus tôt, la France et l’Allemagne ont en effet signé des accords bilatéraux avec l’Ukraine, permettant de concrétiser les promesses d’aide faites lors du sommet du G7 à Vilnius en juillet dernier. L’Allemagne s’engage notamment à verser 7,7 milliards d’euros sur l’année à l’Ukraine, dont 1,1 milliard effectif immédiatement. La France a quant à elle annoncé le renforcement de la « coalition artillerie », visant à renforcer le soutien militaire à Kiev, à la fois sur le court et sur le moyen terme. Macron s’est ainsi engagé à fournir cette année « jusqu’à trois milliards d’euros » d’aide militaire « supplémentaire » à Kiev. L’objectif est notamment d’assurer l’approvisionnement en obus de 55 mm, la formation d’artilleurs, et la livraison de 78 nouveaux canons Caesar.

En janvier, c’était le Royaume-Uni qui, le premier, avait signé un tel accord. Pour 2024, il s’engage à fournir 2,5 milliards de livres pour le soutien militaire de l’Ukraine (presque 3 milliards d’euros), dont 200 millions pour fournir des drones, et livrer 8 000 obus pour les chars Challenger livrés et 6 millions de munitions de petit calibre. Bien évidemment, les capitalistes n’oublient pas de se servir au passage. Ainsi, l’accord signé par Macron et Zelensky précise bien que la France aidera au « relèvement économique » et à « la reconstruction » de l’Ukraine après la guerre. Autrement dit, les entreprises françaises cherchent dès maintenant à se placer sur le marché de la reconstruction après la guerre.

Le chiffrage de ces aides militaires est d’ailleurs sujet à caution. Ainsi, un rapport parlementaire du 8 novembre dernier estimait à 3,2 milliards d’euros le montant du soutien militaire de la France à l’Ukraine. Un chiffre six fois plus élevé que celui avancé par l’Institut Kiel, qui l’estimait à 540 millions d’euros. En réalité, ce rapport parlementaire compte du matériel vieillissant livré à l’Ukraine au prix du matériel neuf, ce qui permet de gonfler le montant du total. Par ailleurs, cette somme compte un fonds modestement abondé par l’État français, à hauteur de 200 millions d’euros, qui est en réalité un fonds qui permet à l’État ukrainien d’emprunter pour acheter du matériel… notamment des canons Caesar. Cela permet donc au passage d’enrichir à la fois les marchands de canon et les institutions financières.

Des « aides » ? Plutôt des prêts avec intérêts

La signature de ces accords bilatéraux va de pair avec l’annonce de la réforme du dispositif européen « Facilité européenne pour la paix » (FEP). Un drôle de nom pour un dispositif qui, avant tout, a servi à transférer des armes à l’Ukraine. En effet, jusqu’à présent, les États européens ont essentiellement puisé dans leurs stocks. Stocks désormais vides, les États européens veulent réorienter ce dispositif vers la production et l’acquisition de nouveaux équipements militaires. Autrement dit, encore de nouvelles commandes pour les capitalistes de l’armement. D’ailleurs, la réforme de ce dispositif prévoit une incitation financière spécifique pour les consortiums accueillant des entreprises ukrainiennes : car oui, le plus gros du marché, c’est bien là-bas !

Quant aux 50 milliards d’aides accordés par l’Union européenne, intitulés « Facilité pour l’Ukraine », ce sont en réalité majoritairement des prêts : 33 milliards d’euros sont versés sous la forme de prêts à « taux d’intérêt faibles »… Ainsi, non seulement Kiev devra rembourser les deux tiers de cette « aide », mais avec des intérêts. Ce plan d’aide est par ailleurs destiné à financer un « plan de relance, de reconstruction, et de modernisation ». Exactement comme le FMI l’a fait à son époque : ces « aides » visent en réalité à faciliter une série de réformes antisociales et de privatisations. Il s’agit également de créer un cadre financier pour recevoir les « investisseurs » qui souhaitent investir en Ukraine : autrement dit, faciliter l’implantation de capitalistes européens sur le territoire ukrainien, pour pouvoir y exploiter une main-d’œuvre meilleur marché que dans les États membres de l’UE.

Facilité pour l’Ukraine ? Facilité pour les capitalistes et les marchands de canon !

Aurélien Pérenna

 


Dossier : Deux ans de guerre en Ukraine

 

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