Nouveau Parti anticapitaliste

Nos vies valent plus que leurs profits

Vidéo. Le forum du NPA à la fête de Lutte ouvrière

Ci-dessous en vidéo, les deux introductions au forum du NPA à la fête de Lutte ouvrière, le dimanche 28 mai 2023.

 

 

 

Intervention d’Armelle Pertus

 

 

Intervention de Damien Scali

 


 

Ci-dessous, le texte de l’intervention de Damien Scali

Commençons par faire les présentations !

Nous, le NPA, c’est qui ?

Pour beaucoup ici et dans le pays, le NPA est associé à Philippe Poutou. Et jusqu’à présent, nous étions plutôt fiers d’être identifiés par un porte-parole ouvrier, reconnu par de nombreux travailleurs comme révolutionnaire.

Mais depuis son cinquième congrès, en décembre 2022, les choses ont changé pour le NPA. Nous sommes le NPA issu de ce congrès mais une scission a eu lieu et Philippe Poutou et Olivier Besancenot s’en revendiquent également. Deux NPA pour le prix d’un, pourrait-on ironiser ! Même si ici, à la fête de LO, un seul a tenu à être présent, pour maintenir la tradition de rapports politiques privilégiés qui étaient jusqu’à présent incarnés par le traditionnel débat LO-NPA. Cette année, le débat n’aura pas lieu, les camarades de LO n’ayant pas souhaité le reconduire. Alors nous nous exprimons par ce forum, par notre adresse et par notre stand auquel nous convions tout le monde à venir discuter.

Quelques mots à propos de cette scission que nous n’avons pas voulue et que nous avons combattue à l’époque. D’un côté, Philippe Poutou et ses camarades ayant réalisé 48 % des votes des camarades pour le congrès, de l’autre notre plateforme ayant obtenu 45 %. Parce qu’ils n’avaient pas réussi à obtenir une majorité en soutien à leur politique d’alliance avec la Nupes, puis en faveur d’un rapprochement avec la FI, Philippe Poutou et ses camarades ont décidé de quitter le congrès. Une manière d’avoir les mains libres pour justement mettre en œuvre cette politique que nous avions combattue. Deux organisations sont donc issues de ce cinquième congrès.

Dont la nôtre, le NPA qui refuse ce choix de courir derrière la gauche soi-disant radicale, un NPA révolutionnaire, du nom justement du journal que nous avons lancé et dont le deuxième numéro est disponible. Un NPA qui a eu les deux pieds dans le dernier mouvement social d’ampleur que nous venons de connaître et où nos militants ont défendu la politique qu’Armelle a décrite dans le détail. Aujourd’hui, notre NPA est fort d’environ 800 militants, jeunes, travailleuses et travailleurs de différents secteurs, santé, cheminots, RATP, Poste, industrie automobile, chimie, etc.
Il y a un mois environ, nous avons rencontré les camarades de Lutte ouvrière, à notre demande, en vue de la fête actuelle et pour exposer cette situation nouvelle. La question qu’ils ont soulevée : puisque vous vous revendiquez être le NPA, assumez-vous son héritage politique ?

Il est toujours délicat de parler d’héritage entre révolutionnaires qui militent pour abolir la propriété privée. Par ailleurs, notre volonté est de démontrer dans les faits, par notre pratique militante, l’orientation que nous portons, bien plus que par un pedigree politique tourné vers le passé. Mais pour faire une réponse, c’est très simple : nous sommes les héritiers des bagarres politiques que nous avons menées au sein du NPA. Et cela, oui nous l’assumons pleinement et avec fierté.

Le NPA d’avant son cinquième congrès était un cadre de cohabitation entre différentes composantes du mouvement révolutionnaire en France. Un cadre parfois bien difficile à gérer, avec son lot d’hétérogénéité et de désaccords parfois profonds, le rapport à la gauche en étant l’un des plus marquants. Quand les choix de l’ancienne direction autour de Philippe Poutou se tournaient vers les alliances avec cette gauche, nous étions en première ligne pour les combattre. Avec des échecs, mais aussi des succès. Comme cette dernière campagne présidentielle que le NPA a menée, autour de Philippe Poutou, donc en présentant son propre candidat, ouvrier anticapitaliste, indépendant et donc forcément contre la gauche de Mélenchon. Notre NPA est donc le produit de ce refus intransigeant de filer le train à la gauche de la gauche à quelque occasion que ce soit. Mais aussi de ses capacités à militer avec d’autres révolutionnaires dès lors que des bases politiques minimum d’indépendance de classe sont réunies.

Notre héritage, ce sont ces deux jambes qui constituent notre ADN de départ pour envisager l’avenir.

Car même si nous avons toujours le même nom que celui sous lequel nous avons milité durant la dernière décennie, tout a d’ores et déjà complètement changé pour nous depuis quelques mois. Nous sommes en train de construire une nouvelle organisation. Une organisation qui se donne comme objectif de long terme celui de contribuer à la construction d’un parti des travailleuses et des travailleurs, communiste, révolutionnaire et internationaliste comme notre journal l’indique.

Alors une fois cet objectif proclamé, comment comptons-nous nous y prendre ? Je me contenterai d’évoquer trois pistes, parmi les plus essentielles.

1) Notre but est de faire vivre les idées révolutionnaires directement au sein du prolétariat. Et inutile de dire que la tâche est immense. La confusion ou le désintérêt politique au sein du prolétariat côtoie la montée des idées d’une extrême droite qui se prétend le premier parti ouvrier du pays. Mais cela se couple avec une politisation d’une partie du prolétariat qui, même confusément, cherche les voies et les moyens de sa propre émancipation. Aujourd’hui, nos idées communistes et révolutionnaires peuvent avoir un écho directement au sein de la classe ouvrière. À condition de ne pas ménager nos efforts et de les organiser en fonction de cet objectif. Grâce à une presse d’entreprise, autour de nos bulletins de boîte, que nous publions dans toutes les entreprises où nous existons.

2) Mais aussi en y combattant pour une politique permettant aux travailleurs de prendre en main leurs propres mouvements, y compris les grèves, dès lors qu’ils se mettent à contester le pouvoir du patronat ou de l’État à leur service. Les décisions prises en assemblée générale de grévistes, les comités de grève démocratiquement élus par les travailleurs eux-mêmes sont des organes ouvriers dans les luttes d’aujourd’hui encore bien trop rares. Souvent aussi rares que l’est la présence des révolutionnaires capable de porter ces perspectives. Autant dire que l’organisation que nous voulons construire cherchera, et cherche déjà, à placer son centre de gravité et son mode d’organisation autour de ces objectifs politiques essentiels.

3) Un certain enthousiasme nous anime, en toute modestie bien sûr ! Pourquoi ? Car nous avons la prétention de ne pas bluffer dans la tentative que nous faisons. Nous ne sommes pas en train de proclamer une nouvelle organisation mais de la construire. Et de la construire d’une manière nouvelle, telle que l’extrême gauche ne l’a pas connu depuis quelques années maintenant. Plutôt que chacun des courants qui sont à l’origine de notre NPA (l’Étincelle, courant issu de LO, A&R issu de la LCR et des JCR, et d’autres simplement de l’ancien NPA…) se disent : c’est autour de moi que ça se fera et contribue par la même à l’émiettement et même à la dégradation des rapports démocratiques et politiques au sein de l’extrême gauche révolutionnaire. Au contraire, nous disons : on va fusionner nos courants pour construire une organisation qui sera plus forte, plus implantée, plus vivante. Et en quelques mois, on est déjà passé à quelques travaux pratiques : édito commun, journal commun, Rencontres d’été révolutionnaires communes auxquelles tous ici sont invités.

Fusionner pour s’homogénéiser politiquement, y compris pour mieux comprendre nos désaccords. Mieux mesurer leur importance, parfois réelle d’ailleurs. Mais sans se priver de discuter en permanence, toutes les semaines, des possibilités d’agir ensemble. C’est aussi le melting pot nécessaire aux confrontations politiques, programmatiques et pratiques sans lesquelles aucun parti révolutionnaire ne verra jamais le jour.

L’effervescence sociale inédite que nous venons de connaître vient d’offrir de nouveaux défis à nos organisations révolutionnaires, dans un contexte où toutes ces organisations recrutent politiquement dans les classes populaires, et particulièrement dans la jeunesse étudiante et prolétarienne. Nous sommes certes bien loin de la constitution d’un véritable parti révolutionnaire, en situation de prendre la direction d’une telle poussée de fièvre sociale. Mais c’est un de ces moments charnières où les révolutionnaires doivent renouer le dialogue entre eux, et plus… si affinités ! Bref, on est loin encore d’avoir réussi notre pari, on a bien des problèmes à résoudre, mais on est enthousiastes, car on a la prétention de tenter de poser de manière un peu nouvelle la question de l’unité des révolutionnaires dans ce pays. Pas en la proclamant, mais en la tentant. Pas aussi à chaud qu’après Mai 68, quand Lutte ouvrière avait fait sa proposition de parti commun à tous les « gauchistes ». Mais bel et bien avec ce même état d’esprit. Et puisqu’on discutait « d’héritage politique », alors celui du courant LO de ces années-là, on est fiers de s’en réclamer également !