Nouveau Parti anticapitaliste

Nos vies valent plus que leurs profits

Violences policières, violences d’État

Face à la colère qui s’exprime depuis l’utilisation du 49.3 pour imposer la réforme des retraites, le gouvernement a fait le choix de la répression. Une répression extrêmement violente, dont les victimes ne cessent de témoigner tous les jours. Même la commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe s’alarme d’un « usage excessif de la force » envers les manifestants contre la réforme des retraites, appelant la France à respecter le droit de manifester.

Cette politique vise en effet à effrayer, voire terrifier, pour dissuader de manifester. En quelques jours, ce sont des centaines d’arrestations dites « préventives » qui ont eu lieu sur Paris (plus de 800 depuis le 16 mars) et donc des milliers à l’échelle du pays, dénoncées par de nombreux avocats comme une atteinte à la liberté de manifester. Sous le terme d’arrestations préventives, il faut comprendre que les personnes ainsi retenues pendant 24 ou 48 heures n’ont rien fait, parfois même pas participé aux manifestations, tels ce joggeur raflé, ou ces deux lycéens autrichiens en voyage scolaire, libérés sur intervention de l’ambassadeur d’Autriche… Ce qui n’empêche pas qu’ils soient tous victimes de violences lors de leur arrestation ou de leur détention, selon les témoignages de nombreux avocats présents pour les comparutions immédiates. Dans un courrier à la procureure de la République de Paris, le Syndicat de la magistrature dénonce les gardes à vue abusives, les violences policières et le choix d’arrêter une multitude de personnes sans motif, uniquement pour dissuader de manifester.

Les témoignages sur les violences policières lors de ces arrestations ne cessent de s’accumuler et sont repris par de nombreux médias. Les Brav-M1, ces flics qui pourchassent à moto les manifestants, sont particulièrement mises en cause. Cette vidéo d’un homme frappé au visage par un membre des Brav-M, qui s’effondre sur le trottoir à Paris, est devenue virale. Sur un enregistrement audio repris par le quotidien Le Monde, on les entend gifler un jeune Noir et le menacer : « Je peux te dire qu’on en a cassé des coudes et des gueules, mais moi je t’aurais bien pété les jambes, tu vas monter dans l’ambulance », sans parler des insultes racistes et à caractère sexuel. Un autre jeune témoigne avoir été percuté volontairement par une moto des Brav-M, qui lui a ensuite délibérément roulé sur la jambe. À terre, il est ensuite roué de coups. Des étudiantes nantaises témoignent avoir subi lors d’une fouille à corps des atteintes sexuelles par des policières, main dans les sous-vêtements. Quatre des jeunes filles ont porté plainte dans les jours qui ont suivi, estimant que les fouilles qu’elles ont subies sur place lors de ce contrôle s’apparentaient à des violences sexuelles. La liste de ces violences est sans fin, et leur médiatisation relative ne changera rien au fait que les flics auteurs de violences ne seront pas ou si peu inquiétés. Darmanin a annoncé l’ouverture par l’IGPN2 de onze enquêtes préliminaires pour violences policières présumées lors des dernières manifestations. Mais il a aussitôt volé au secours de ses troupes, mettant ces actes sur le compte de la fatigue, face à la violence des manifestants.

Mais ce sont les manifestants qui sont grièvement blessés, par des armes de guerre : comme Sébastien, syndicaliste de SUD-Rail, qui a perdu son œil suite à l’éclat d’une grenade de désencerclement lors de la manifestation parisienne de jeudi 23 mars dernier. Le même jour, une AESH3 à Rouen a eu le pouce arraché par une de ces mêmes grenades. Le week-end dernier, la violence d’État à l’égard de toute contestation a franchi un nouveau cap : suite aux manifestations contre les méga-bassines à Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres, deux manifestants sont entre la vie et la mort.

Le gouvernement de Macron a fait un choix politique : une guerre de classe, sans aucune retenue.

L. G.

 


 

1 Brigades de répression de l’action violente motorisées.
2 Inspection générale de la Police nationale.
3 Accompagnante d’élève en situation de handicap.