Nouveau Parti anticapitaliste

Nos vies valent plus que leurs profits

Adresse aux camarades du Comité politique national du NPA (pré-congrès) des 21 et 22 janvier 2023

En décidant de quitter le Ve Congrès, après la validation des mandats, de l’exercice financier, vous avez pris la responsabilité d’une rupture malgré la volonté exprimée de maintenir l’unité du parti d’une majorité des assemblées électives. S’il est difficile aujourd’hui de mesurer pleinement les conséquences de cette décision irresponsable, il nous semble néanmoins indispensable de discuter de sa signification, des formes de la séparation, auxquelles nous serons particulièrement attentifs puisqu’elles conditionnent nos rapports à venir.

L’heure des choix

La désinvolture de Philippe Poutou, le mardi 17 janvier lors de votre meeting réussi de la Bellevilloise, qui a évoqué la crise du NPA avec un simple : « nous avons réglé en décembre un problème », a pu arracher quelques sourires dans la salle. Mais si elle ne nous surprend pas après ses différentes tribunes dans la presse bourgeoise, la remarque de votre porte-parole n’en est pas moins l’illustration d’une certaine méthode, étrangère à ce que nous considérons comme les relations à avoir entre organisations révolutionnaires. Il ne s’agit pas ici du ton, ni des outrances d’autres camarades moins bien servis en perspicacité, mais du fond.

Pour notre part, les camarades du NPA qui avons poursuivi les travaux du Ve Congrès, par-delà toutes les différences qui s’y sont exprimées, nous estimons que les débats d’orientation, de séparation ou aussi de regroupements révolutionnaires à venir doivent se faire avec responsabilité devant les travailleurs conscients. Tout d’abord se réjouir de l’éclatement d’un outil militant, certes imparfait, au moment d’une grande bataille sociale à venir, ne nous fait pas particulièrement sourire. Nous ne rions pas des mêmes choses avec la gauche institutionnelle, ou les bureaucraties syndicales, et en principe vous non plus. Il faudra choisir le bon moment et être en bonne compagnie. Ensuite, résoudre des problèmes politiques par des ruptures n’indique rien de bon quant au capital politique que vous comptez transmettre aux nouvelles générations qui se mettent en mouvement. Et ce n’est pas parce que la jeunesse vous manque aujourd’hui qu’elle ne reviendra pas demain. À cela s’ajoute que c’est avec une gourmandise non dissimulée, que nous attendons vos discussions sur les modalités de la politique unitaire, entre l’exploration sans rivages de l’équipe de « Rejoignons-nous » et très probablement les hésitations des partisans d’une organisation militante indépendante de la France Insoumise. Là aussi il faudra choisir entre deux outils militants incompatibles. Enfin, et c’est le propos principal de cette adresse, cela marque un bien mauvais départ dans nos relations à venir : car il va falloir choisir, et c’est votre responsabilité puisque vous avez quitté la salle du Congrès. À savoir une séparation, une scission ou une exclusion.

Bilan d’étape

Camarades du CPN, votre direction exécutive vous a tenu au courant, mais juste pour rappel et pour expliciter clairement notre démarche : deux rencontres ont eu lieu les 12 décembre et 2 janvier dans le cadre de l’ancien comité exécutif issu du mandat du IVe Congrès. Avec une inflexion notable qu’il convient de rappeler. Lors de la rencontre du 12 décembre, votre délégation exprimait sa position par la reconnaissance de l’existence de deux NPA, qui nécessitait une période de transition. C’est dans ce cadre que vous avez consenti à publier notre déclaration du Ve Congrès. Néanmoins et assez vite, la transition s’est précisée avec l’éviction de camarades des listes de commissions, les litiges de trésorerie et d’expression publique (la moitié de l’organisation n’ayant plus de moyens de militer). À la deuxième rencontre du 2 janvier, selon vos déclarations, il n’y avait plus qu’un seul NPA, le vôtre, certes la moitié de lui-même, mais prétendument légitime au regard de l’histoire, selon vos dires, faute d’avoir eu une légitimité démocratique accordée par ses membres.

Nous avons explicité notre démarche et nos demandes par écrit. La promesse d’une réponse écrite et protocole de séparation nous a été faite, qui a tardé sans doute dans l’attente de validation par votre CPN.

Préparer l’avenir

En nous privant d’accès aux moyens d’expression du parti, aux ressources à proportion de notre contribution, puisque nous sommes, comme vous, des militants, nous avons dû prendre des mesures d’urgence pour préserver nos capacités d’intervention. Cette situation aurait pu être évitée avec une gestion raisonnée des outils communs du parti.

Alors vous vous trouvez à la croisée des chemins.

Soit c’est une exclusion (et donc l’appropriation hors des statuts, le congrès n’étant pas une plaisanterie, de la totalité des ressources du parti par une moitié) : auquel cas nous prendrons les mesures nécessaires, qui pour notre part sont fonction de nos principes révolutionnaires, et prendrons acte d’un choix politique et social. Et il faut le dire publiquement, l’assumer.

Soit c’est une scission, irresponsable à notre sens, qui nécessite un partage à hauteur de ce que nous avons contribué à apporter au NPA depuis la fondation. Et il faut dès lors un calendrier de discussions précis, qui nécessite certes un peu de temps mais qui est à notre portée.

Soit c’est une séparation, regrettable selon nous, qui partage de façon équitable – ce qui ne veut pas forcément dire égale – les ressources, envisage les liens et les collaborations entre organisations révolutionnaires à maintenir et cultiver avec attention, préserve les périmètres de chaque morceau du parti, programme des échanges malgré nos différences qui ne sont pas nouvelles. Et dans ce cas, faire baisser la tension avec la déclaration commune des deux morceaux du parti, devant nos camarades et sympathisants, d’un accord, d’une méthode pour envisager l’avenir militant de façon responsable.

Il n’y a pas d’autres possibilités.

Salutations communistes révolutionnaires,
Le CE du NPA