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Brèves

L’actualité en bref

Sans surprise, le président russe a annoncé qu’il serait candidat à un nouveau mandat à la tête de la Russie, son cinquième d’affilée. Sa réélection ne fait aucun doute dans la mesure où tous ses opposants sont soit en prison, soit en camps disciplinaires, soit assignés à résidence. Poutine, faussement modeste, a expliqué qu’il avait mûri longuement sa décision mais que finalement il s’était laissé convaincre par la pression populaire. À la tête du pays depuis près d’un quart de siècle, il peut voir venir tranquille. En effet il a fait adopter, en 2020, une révision constitutionnelle au terme de laquelle il aura théoriquement la possibilité de se maintenir au pouvoir jusqu’en… 2036. Dans ces conditions on voit mal pourquoi il s’embête à organiser des élections.

Après le scandale des lettres menaçantes envoyées par le rectorat de Versailles à des parents d’élèves qui protestaient car leurs enfants étaient victimes de harcèlement, la cellule investigation de Radio France révèle que dans des cas similaires, des établissements scolaires ont initié des enquêtes sociales contre les parents qui avaient effectué ces démarches. L’administration de ces établissements a alors envoyé un « signalement d’information préoccupante » aux services sociaux, notamment à l’aide sociale à l’enfance. Les parents ont alors été convoqués par les services sociaux et longuement cuisinés. Une fiche de transmission rédigée par un établissement faisait même porter la responsabilité du harcèlement d’une fillette sur… son propre père, suspecté de violences sur l’enfant. Une accusation dont il a été blanchi. Ce n’est pas un cas isolé. Les parents se sentent accusés, rabaissés, humiliés et montrés du doigt. Ce qui explique sans doute les réticences de nombreuses familles de signaler les cas de harcèlement.

La Première ministre, Élisabeth Borne, était en déplacement éclair de 24 heures à Mayotte. Elle était censée aborder à la fois des questions comme l’immigration, l’hôpital, le logement, la sécurité mais surtout la grave crise de l’eau. Sur ce dernier point, elle a promis que les livraisons de bouteilles d’eau gratuites se poursuivraient. Mais sinon, elle s’en est tenue à des déclarations vagues et à quelques visites obligées d’une usine de désalinisation, d’une opération de distribution de bouteilles d’eau, d’un bidonville, etc. Rien de bien nouveau sous le soleil du plus pauvre département du pays où un tiers de l’habitat est insalubre, et 77 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. Et la visite de Borne n’y changera rien.

Le grand rabbin de France, Haïm Korsia, a allumé une bougie de Hanouka au premier jour de la fête des Lumières, une cérémonie traditionnelle religieuse juive. Jusqu’à là rien d’étonnant, si ce n’est que l’évènement a eu lieu à l’Élysée en présence d’Emmanuel Macron et d’une pléthore de rabbins qui lui avaient décerné un prix. Ironie du calendrier : la cérémonie s’est déroulée la veille du 9 décembre, supposée être la Journée nationale de la laïcité. Mais il y a bien longtemps que cette laïcité a perdu toute substance et sert essentiellement de prétexte à la droite et à l’extrême droite pour s’en prendre… aux musulmans. Et il est d’ailleurs symptomatique qu’un site Internet identitaire particulièrement islamophobe s’appelle « Riposte laïque ».

Le parquet de Paris a annoncé le renvoi de Marine Le Pen en correctionnelle aux côtés de 26 autres personnes, anciens euro-députés ou assistants parlementaires, dans l’affaire des emplois fictifs du Front national au Parlement européen. Les euro-députés frontistes sont soupçonnés d’avoir rémunéré comme assistants à Bruxelles des militants qui travaillaient en fait pour leur parti à Paris. Une première audience sur l’organisation du procès pour détournement de fonds publics et complicité est programmée le 27 mars 2024, avant des débats au fond qui auront lieu en octobre et novembre 2024. Partie civile, le Parlement de Bruxelles a évalué en 2018 son préjudice à 6,8 millions d’euros pour les années 2009 à 2017. Tout en s’affirmant résolument anti-système, le Front national, devenu depuis lors Rassemblement national, n’a donc pas hésité à piquer dans la caisse pour se faciliter la vie. À sa décharge c’est une pratique fort répandue chez les parlementaires, depuis ceux du Modem à ceux du RN, en passant par les Républicains, voire quelques élus de gauche.

L’ancien Premier ministre britannique, Boris Johnson, a été accueilli par une foule de manifestants à l’issue de son audition dans le cadre de l’enquête publique sur la pandémie de Covid-19. À sa sortie du bâtiment il a été hué et conspué aux cris de « assassin ». L’épidémie a provoqué la mort de plus de 232 000 personnes dans le pays alors même qu’à la tête du gouvernement il minimisait systématiquement le danger et refusait de prendre des mesures efficaces de peur de mécontenter la population… et son propre électorat. Aujourd’hui, il tente de mouiller ses anciens collaborateurs, l’administration, le service de santé et les experts médicaux qui tous auraient « sous-estimé » la gravité de la menace. Une manière de botter en touche qui met en colère nombre de citoyens du rang qui se rappellent que Johnson, alors même que le pays avait été finalement confiné, organisait de grandes fêtes à sa résidence du 10, Downing Street où les participants ignoraient gestes barrières, port du masque et gel hydroalcoolique. Un scandale qui l’avait contraint de démissionner en juillet 2022. Aujourd’hui il ne risque plus grand-chose, ce qui met particulièrement en rage ceux qui ont perdu un proche durant la pandémie.

Carrefour offre des colis alimentaires à l’armée israélienne
La campagne Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) a lancé un appel au boycott des magasins Carrefour à travers le monde pour protester contre la politique du groupe – via notamment ses partenaires locaux dans l’État hébreu, Electra consumers products et sa filiale Yenot Bitan – de fournir gratuitement des colis alimentaires aux soldats israéliens engagés dans le massacre de Gaza. La branche israélienne du groupe a notamment révélé que : « La chaîne Carrefour a fait don de milliers de livraisons personnelles aux soldats […] [Nous sommes] fiers de participer à l’effort national aux côtés des salariés de Carrefour et des bons citoyens qui se portent volontaires pour préparer les colis personnels des militaires de Tsahal. » Quant aux Gazaouis qui meurent sous les bombes mais aussi de faim, Carrefour s’en fout…

Le président de la Fédération nationale des chasseurs, Willy Schraen, a annoncé la constitution d’une liste « Alliance rurale » qu’il conduira aux élections européennes du 9 juin 2024. Officiellement, promis-juré, cette liste sera « apolitique ». Sauf que Schraen ne cache pas sa proximité avec Emmanuel Macron et que, de plus, figure sur sa liste un lobbyiste, Thierry Coste, familier lui aussi du chef de l’État. De là à penser qu’il s’agit ni plus ni moins d’un sous-marin lancé par l’Élysée dans le but de grappiller des voix des électeurs ruraux du Front national et des Républicains afin de faire monter un peu la liste macroniste il n’y a qu’un pas… facile à franchir.

Un sujet du dernier numéro du magazine télévisé Envoyé spécial sur France 2 s’intitulait « Sans-papiers mais pas sans travail » et s’intéressait à ces salariés qui travaillent, paient leurs impôts, cotisent à la Sécurité sociale, mais sont toujours considérés comme « illégaux » par la police et la justice. On estime entre 400 000 et 1 million le nombre de ces travailleurs sans papiers qui sont employés dans les services à la personne, dans l’arrière-cuisine des restaurants, dans la filière agricole, sur les chantiers du bâtiment, chez les artisans… Les journalistes ont pris comme exemple une auxiliaire de vie d’origine camerounaise en France depuis dix ans. Sans titre de séjour, il est en théorie illégal de l’embaucher, mais elle a signé un CDI il y a trois ans sous son vrai nom. Chaque jour, elle prend soin d’une dizaine de personnes dépendantes. Dans ce secteur des services à la personne, où 25 000 postes sont à pourvoir, les femmes sans papiers sont très nombreuses. En travaillant de 9 heures à 19 heures, six jours sur sept, elle gagne 1 700 euros net par mois. Elle paie des cotisations sociales et des impôts, mais n’a droit ni à la Couverture médicale universelle, ni à la carte Vitale. Elle reste clandestine aux yeux de la préfecture, qui lui a délivré une obligation de quitter le territoire français. La seule façon de résoudre ce genre de situation ubuesque et profondément injuste, qui concerne un grand nombre de travailleurs, est de lutter pour la régularisation immédiate de tous les sans-papiers, et pas seulement ceux dans les métiers « en tension ».