Nouveau Parti anticapitaliste

Nos vies valent plus que leurs profits

Palestine

L’administration Biden est sur le point de sanctionner le bataillon israélien Netzah Yehuda pour violation des droits humains. Ce bataillon est une formation militaire composée à l’origine de Juifs ultra-orthodoxes qui a peu à peu attiré un grand nombre de colons « extrémistes » responsables d’exactions contre les Palestiniens en Cisjordanie. Il y a quelques semaines, la même administration avait mis sur sa liste noire quatre colons accusés de crimes contre des Palestiniens. C’est un procédé un peu facile qui revient en fait à montrer du doigt quelques moutons noirs pour mieux passer sous silence les crimes quotidiens du régime sioniste et de son armée en Cisjordanie et à Gaza.

Après Rima Hassan, c’est au tour de Mathilde Panot. la présidente du groupe des députés Insoumis, d’être convoquée le 2 mai par la police dans le cadre d’une enquête pour « apologie du terrorisme », ouverte à la suite d’un communiqué publié le 7 octobre, jour de l’attaque menée par le Hamas contre Israël. « J’alerte solennellement sur cette instrumentalisation grave de la justice visant à bâillonner des expressions politiques », a déclaré la députée du Val-de-Marne. En fait, depuis des mois, police et justice s’en prennent, main dans la main, aux militants politiques, syndicaux ou associatifs qui affirment leur solidarité avec le peuple palestinien et condamnent la politique génocidaire d’Israël. Ce qui ne nous empêchera pas de continuer de le faire et d’être solidaires de celles et ceux touchés par la répression.

La Défense civile, appuyée sur des équipes de secours et des ambulanciers, a retrouvé plus de 280 corps enterrés dans une fosse commune dans la cour de l’hôpital Nasser de Khan Younès après le retrait de l’armée israélienne de ce secteur. Certains des corps « étaient dépouillés de leurs vêtements, ce qui indique certainement qu’ils ont été arrêtés, torturés et soumis à de mauvais traitements de la part de l’armée d’occupation », a affirmé la Défense civile. Le nombre élevé de corps s’explique aussi par le fait que pendant le siège de l’établissement hospitalier par l’armée israélienne, les personnes y ayant trouvé refuge n’avaient pas pu enterrer leurs morts dans les cimetières de la ville et se sont donc retrouvés contraints de les inhumer dans la cour. Interrogée par l’AFP, l’armée israélienne a indiqué « vérifier ces affirmations ». Sauf qu’il n’y a pas grand-chose à vérifier pour affirmer que l’immense majorité de ces victimes sont mettre au bilan de l’État sioniste, tout comme les 34 000 autres qui ont perdu la vie depuis le début de la guerre.

Depuis janvier, le gouvernement de Benjamin Netanyahou accuse l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNWRA) d’employer « plus de 400 terroristes membres du Hamas » à Gaza dont douze auraient participé à l’attaque du 7 octobre contre Israël. Cette accusation a été utilisée comme prétexte par plusieurs gouvernements occidentaux pour suspendre leur contribution financière en faveur des réfugiés palestiniens. En février, l’ONU confiait à un groupe de travail dirigé par l’ancienne ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, une enquête sur le bien-fondé des accusations israéliennes. Et ses conclusions sont claires : Israël n’a jamais fourni aucune preuve, ni répondu aux lettres de l’UNRWA demandant les noms des personnes impliquées, ce qui aurait permis d’ouvrir une enquête. En résumé Netanyahou a encore menti et ses alliés ont fait semblant de le croire aux dépens… de l’aide aux Palestiniens.

On sait que, du fait du veto américain, une résolution du Conseil de sécurité visant à admettre les Palestiniens été rejetée. Aussitôt l’Arabie saoudite a exprimé ses regrets en déclarant que « la non-adoption de la résolution permet à l’occupation israélienne de poursuivre ses violations du droit international sans dissuasion et ne rapprochera pas la paix souhaitée ». Même son de cloche du côté jordanien où le royaume hachémite fait part de sa « sincère tristesse ». Ce qui n’empêche ni Ryad, ni Amman d’entretenir des relations diplomatiques et économiques suivies avec l’État sioniste et, de plus, il y a quelques jours, d’être venus à son secours pour intercepter des missiles iraniens. Avec de tels amis, les Palestiniens n’ont pas besoin d’ennemis.

La manifestation « contre les racismes, l’islamophobie et pour la protection de tous les enfants », qui se déroule samedi 21 avril entre Barbès et République, avait d’abord été interdite par la préfecture de police avant d’être autorisée par le tribunal administratif. Une des raisons avancée par le préfet Laurent Nunez pour expliquer sa décision était que « porter l’attention sur les enfants de Gaza, est de nature, eu égard aux tensions actuelles au Proche-Orient […] à porter en son sein des slogans antisémites ». Si l’on comprend bien protester contre le sort réservé aux enfants gazaouis est, peu ou prou, un geste potentiellement antisémite. Mais les laisser se faire massacrer sans rien dire est un exemple de l’humanisme qui anime Munez et ses semblables.

Après les annulations en série des conférences de Jean-Luc Mélenchon et l’interdiction d’un débat sur la Palestine à l’université de Lille, Rima Hassan, juriste franco-palestinienne et candidate sur la liste aux Européennes de la France insoumise, est convoquée le 30 avril par la police pour « apologie du terrorisme ». Des faits survenus, selon la police, entre le 5 novembre et le 1er décembre 2023. La ficelle est un peu grosse. Depuis des mois, ceux et celles qui manifestent leur solidarité aux Palestiniens en général, et aux Gazaouis en particulier, sont accusés de soutenir le terrorisme, voire de propager l’antisémitisme… sans la moindre preuve, mais en fonction de « présomptions ». Rima Hassan, à laquelle nous témoignons notre entière solidarité, est la dernière cible en date de cet arbitraire policier.

Washington a mis son veto au Conseil de sécurité à l’adhésion des Palestiniens à l’ONU. Le projet de résolution présentée par l’Algérie qui recommandait cette adhésion a recueilli 12 votes pour, 1 contre et 2 abstentions (Royaume-Uni et Suisse). L’admission d’un État, à l’ONU doit recevoir une recommandation positive du Conseil, soit au moins 9 voix sur 15 en faveur, sans veto d’un membre permanent, puis être approuvée par l’Assemblée générale, à la majorité des deux tiers. Le vote sans surprise du représentant américain s’explique uniquement par le refus de son allié israélien de toute idée d’État palestinien. Et s’il arrive parfois à l’administration américaine d’évoquer une telle perspective, elle ajoute aussitôt qu’elle devra se faire en accord avec Israël, qui y est farouchement opposé. De ce point de vue la rhétorique de Biden tient du canular.

L’Union européenne vient d’imposer des sanctions contre quatre colons israéliens et deux groupes de militants « extrémistes » pour des violences commises contre des Palestiniens en Cisjordanie et à Jérusalem. Ces personnes et entités sanctionnées « sont responsables de graves violations des droits humains à l’encontre des Palestiniens », a déclaré le Conseil de l’Union européenne, l’institution qui représente les 27 États membres. Ces violations incluent « des actes de torture et d’autres traitements cruels, inhumains ou dégradants, ainsi que la violation du droit à la propriété et du droit à la vie privée et familiale des Palestiniens en Cisjordanie », a-t-il expliqué. Cibler quelques colons et certaines de leurs organisations permet à Bruxelles de désigner quelques boucs émissaires sans jamais mettre en cause l’État d’Israël et son gouvernement qui sont derrière ces violences, ces tortures et ces meurtres. Dernier exemple en date : à la mi-avril, des centaines de colons israéliens – protégés par l’armée – ont pris d’assaut, pendant trois jours, le village d’Al-Mughayyer, situé près de Ramallah, détruisant de nombreuses habitations, incendiant des voitures et faisant de nombreux blessés. On attend toujours une condamnation de l’Union européenne pour ces exactions et le gouvernement israélien qui les cautionne.