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Au Royaume-Uni : des grèves massives aussi !

Depuis l’été dernier, des grèves massives pour des augmentations de salaire font face à une inflation atteignant plus de 10 %. Et le mouvement de contestation prend de l’ampleur ces dernières semaines. Écoles, chemins de fer, universités et fonction publique ont frappé le même jour. Résultat ? Le 1er février fut la plus grande journée de grève depuis dix ans. Cela ne vient pas de nulle part. D’après les statistiques, les grèves de l’année 2022 avaient été – en nombre de journées « perdues » les plus importantes depuis 19891.

Les 6, 7, 9 et 10 février, c’était au tour des infirmières et des ambulanciers de faire grève (pour la première fois simultanément). Pour des augmentations de salaire proches de 10 % (bien au-delà des 4 % proposés) et pour la sauvegarde du NHS (National Health Service). Service de soin dont l’efficacité est compromise par manque cruel de moyens ; et la seule réponse du gouvernement serait de facturer les consultations de généralistes et les visites aux urgences, pour le moment gratuites.

« Laisser aux employeurs le temps de faire une nouvelle offre »2

Les 15 et 16 mars correspondront, très certainement, à de nouveaux temps forts. Organisant des grèves régionales dans l’intervalle, le syndicat national de l’éducation (NEU) a mis en avant ces dates, qui correspondent au calendrier parlementaire, pour la prochaine grève des enseignants d’Angleterre et du pays de Galles. Le syndicat des travailleurs universitaires (UCU) le fait également, tout comme devrait le faire le syndicat des fonctionnaires (PCS) et le syndicat des travailleurs du rail (RMT).

Malgré leur caractère d’opposition au pouvoir en place, les grèves restent sectorisées et éparpillées autour de diverses dates « saute-moutons ». Les deux syndicats dont les grèves ont contribué à lancer la vague, RMT et CWU (travailleurs des postes), n’ont pas participé au 1er février. Le RCN (infirmières) et d’autres syndicats de la santé ont également évité le 1er février pour appeler au 6 février.

Face à ces calculs et divisions, que faire ? Les mobilisations doivent s’intensifier, s’accélérer et s’unifier… sans que l’unité soit une manière de s’aligner sur les moins combatifs. En 2011, lors d’un conflit sur les retraites, le rythme imposé par les syndicats les plus conservateurs avaient mené à l’échec une mobilisation sur les retraites.

Pour nos camarades de Workers’ Liberty, un groupe trotskyste qui intervient dans la classe ouvrière au Royaume-Uni, ces différents conflits exposent la nécessité d’un contrôle démocratique de ces mobilisations, un contrôle impliquant la transparence des négociations syndicales. Ils tentent de créer des espaces, des canaux et une culture dans lesquels les travailleurs discutent à la base de ce qui est nécessaire et s’organisent pour faire pression. Déjà en encourageant les grévistes à visiter les piquets de grève des uns et des autres… D’autant que derrière les questions salariales se posent des questions politiques d’ensemble. Comment obtenir des salaires décents pour les salariés du public sans augmenter le financement des services publics ? Comment augmenter ces financements sans prendre l’argent là où il est ?

 

15 février 2023

 


Lois anti-grèves

Face à cette vague de contestation, le gouvernement projette une loi anti-grève imposant un « service minimum » pour les chemins de fer, l’éducation, la santé, etc. En cas de grève dans un service public, les employeurs pourraient définir un nombre « raisonnable » de travailleurs devant rester à leur poste. L’interprétation du « raisonnable » étant laissée à l’appréciation de l’employeur.

Cette loi rappelle les attaques de Thatcher en 1980. Face aux syndicats jugés trop puissants, les conservateurs imposaient l’interdiction des grèves de « solidarité » et la consultation obligatoire par voie postale des adhérents des syndicats pour déclencher une grève. Ces consultations n’étant valides qu’avec un minimum de 50 % de réponses, appeler à une journée de grève légale est devenu un parcours du combattant.

 


Articles et « bulletins de piquets » des camarades de Worker’s Liberty (en anglais) :

 


 

Notes

1 Cela reste, néanmoins, faible au regard de la période précédente. Dans les années 70, une grande partie de la classe ouvrière britannique réussissait à obtenir des augmentations de salaire supérieures à la forte inflation. Près de 30 millions de salariés avaient fait grève en 1979.

2 Proposition du Fire Brigades Union (FBU) alors que les pompiers du Royaume-Uni viennent de voter en faveur d’une grève nationale pour les salaires, la première depuis 20 ans.