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Darmanin trouve (encore) l’extrême droite trop molle

Suite aux déclarations du ministre de l’Intérieur, Darmanin, jugeant Meloni, la Première ministre italienne, « incapable de régler les problèmes migratoires sur lesquels elle a été élue », le ministre italien des affaires étrangères a annulé sa visite en France et demandé des excuses au gouvernement.

Ce n’est pas le premier clash entre le gouvernement français et Meloni au sujet des migrants. En novembre dernier, celle-ci avait refusé de laisser accoster dans un port italien un navire humanitaire de SOS Méditerranée, avec à son bord 234 naufragés. Au bout de trois semaines d’attente en mer, la France avait fini par accepter de le recevoir à Toulon. Le gouvernement français avait déclaré agir pour des « motifs humanitaires ». Mais, le ministre de l’Intérieur, avait cependant tenu à « préciser, au nom du président de la République, que c’est à titre exceptionnel que nous accueillons ce bateau ». Et, en guise de rétorsion, le gouvernement avait suspendu le protocole prévoyant l’accueil de 3 500 demandeurs d’asile en provenance d’Italie.
Darmanin veut montrer à l’électorat réactionnaire que l’extrême droite au gouvernement ne réussira pas mieux à lutter contre l’arrivée des migrants, et donc autant le laisser faire lui-même la sale besogne : « Meloni c’est comme Le Pen, elle se fait élire sur “vous allez voir ce que vous allez voir” et puis ce que l’on voit c’est que ça ne s’arrête pas et que ça s’amplifie. » Après avoir taxé Marine Le Pen de « mollesse », il trouve Meloni incapable de faire la chasse aux migrants. Car malgré toutes les entraves destinées à empêcher leur arrivée au péril de leur vie, 36 000 migrants ont réussi à débarquer en Italie depuis le début de l’année, contre 9 000 en 2022, pendant la même période.

De quoi exciter Darmanin, qui accuse le gouvernement d’extrême droite italien de favoriser l’entrée des migrants en France ! Dans les mesures annoncées par Élisabeth Borne le mois dernier figurait la création d’une « border force » (force frontalière) et l’envoi de 150 policiers et gendarmes supplémentaires dans les Alpes maritimes « face à une pression migratoire accrue à la frontière italienne ».

Dans cette affaire, si Darmanin a joué le rôle du pyromane, celui du pompier a été dévolu à Élisabeth Borne, qui après les déclarations de son ministre, a plaidé pour le retour à un « dialogue apaisé »… entre flics et ministres des deux côtés de la frontière.

Cette prétendue crise diplomatique entre gouvernements anti-migrants ne serait qu’une mauvaise comédie si elle ne se jouait sur la peau de dizaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants contraints de fuir la guerre ou la misère. Car il y a aussi un autre triste « record », dont ces politiciens ne parlent pas : celui des 441 migrants noyés en Méditerranée du fait de leur politique criminelle, au cours du premier trimestre, comptabilisés par l’Organisation internationale pour les migrations (le chiffre le plus élevé depuis cinq ans). Le nombre réel étant sans doute encore bien plus grand.

Thierry Flamand