Nouveau Parti anticapitaliste

Nos vies valent plus que leurs profits

Airbus Defence and Space : des heures de grève qui ne demandent qu’à décoller

Sur le site toulousain, composé de 5000 personnes, cadres ingénieurs principalement, 200 salariés ont fait une une heure de grève deux semaines de suite pour réagir face aux propositions dérisoires de la direction dans le cadre des négociations annuelles obligatoires. Une réaction bien nécessaire comparée aux 229 millions d’euros de bénéfice de la seule branche spatiale d’Airbus et au rattrapage de l’inflation.

La fable du « We are one »

Chez Airbus, on se targue d’être une famille unie : les salariés sont aussi des actionnaires, et toutes les branches (avion, spatial et hélicoptères) se complètent. Mais lorsqu’il s’agit de parler salaire, c’est chacun pour soi. Les négociations actuelles se font dans un contexte particulier : le carnet de commande d’avions commerciaux a beau être plein à craquer, la prime d’intéressement distribuée aux salariés de la branche Defence and Space est en baisse du fait de problèmes techniques ou d’approvisionnement. Les grévistes pointent aussi du doigt un turn-over important, de l’ordre de 3 % des salariés, avec des difficultés à former les nouveaux collègues, un manque de reconnaissance, et une pression pour obtenir des résultats sans avoir l’infrastructure nécessaire…

« On a fait le compte, c’était facile, c’était zéro »

Alors les chiffres proposés par la direction ont de quoi énerver : les seules augmentations pour les cadres seront individuelles et donc à la tête du client, en fonction des projets aboutis par chaque salarié individuellement. Sauf qu’une partie du budget servira aussi à ce que les salaires rattrapent la grille de la nouvelle convention collective, et à ce que les nouveaux embauchés soient au niveau, réduisant d’autant le pourcentage de distribution des augmentations individuelles et laissant donc de nombreux salariés sans rien pour ne serait-ce que suivre l’inflation. De plus, chaque année, la direction s’arrange pour décaler de quelques mois la date d’application de ces augmentations individuelles, faisant perdre ainsi de précieux mois de rattrapage de l’inflation.

Chez Airbus Defence and Space, les salaires ne sont peut-être pas les plus bas de l’aéronautique, mais les profits distribués aux actionnaires non plus et les grévistes ont bien raison de se faire voir de leurs collègues – et pourraient en inspirer d’autres !

Correspondante