Nouveau Parti anticapitaliste

Nos vies valent plus que leurs profits

Crétinisme « king size » !

Le pauvre homme a attendu 75 ans avant que sa mère, aux tailleurs et chapeaux fluos, de préférence rose, jaune ou vert pré, accepte de lui laisser la place. Sous le nom de « King Charles » (celui d’une race canine fort prisée en Grande-Bretagne), le voilà, lui qui a quasiment chômé toute sa vie, contraint de se mettre au boulot neuf ans après l’âge officiel de départ à la retraite au Royaume-Uni, dans des conditions évidentes de pénibilité : porter sur la tête 2,2 kg d’or massif sertis de 2 868 diamants et 17 saphirs ; assumer le lourd héritage d’une fortune de 370 millions de livres (420 millions d’euros), certes modeste au regard des plus grandes fortunes mondiales qui se chiffrent en dizaines de milliards. S’y ajoutent les 3 milliards de livres (3,5 milliards d’euros) des bijoux de la couronne. Plus 315 biens fonciers, parcs, immeubles, châteaux et des milliers d’hectares de terres agricoles. Certes la pension afférente à ces soucis est une solde annuelle de 86 millions de livres (99 millions d’euros) aux frais du contribuable britannique pour les menus tracas du quotidien.

Tout le gotha du monde, qu’il soit couronné ou républicain, s’est précipité à Londres. Sauf Joe Biden qui a rappelé qu’un président américain ne va jamais couronner un monarque britannique : rancune de la guerre d’indépendance exige. Il y a tout de même envoyé sa femme.

Emmanuel Macron, de son côté, n’allait pas louper l’occasion d’une sortie face caméras qui ne serait pas accompagnée de casserolade (espère-t-il, sauf les gamelles qu’il se traîne). Mais sont néanmoins mobilisés 29 000 policiers pour protéger la cérémonie, et 7 000 soldats pour la parade. Car on a tout de même des paquets d’amis outre-Manche qui en ont ras-le-bol de la monarchie moyenâgeuse et lui préfèrent le pouvoir ouvrier, marre de la « grandeur » de l’Angleterre et de la petitesse des salaires, et qui ont participé aux grèves qui ont marqué l’actualité des mois écoulés. Ils ne se sont pas caillés toute une nuit sous une tente pour voir passer un carrosse doré. Ils sont plutôt au chaud autour d’une bière (king size !) avec leurs copains et copines de travail, de grève ou de manif, et leurs panneaux « Not my King »… ou plutôt plus de King du tout, « Neither God, nor Caesar, nor tribune », car L’Internationale se chante aussi en anglais.

Olivier Belin, 5 mai 2023