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Les révolutionnaires et la guerre en Ukraine : quelle voie pour les travailleurs et les peuples ?

De nouveaux bombardements aériens russes frappent de grandes villes d’Ukraine, et de nouveau la centrale nucléaire de Zaporijia. Plus d’un an après son déclenchement le 24 février 2022, le bilan de l’invasion guerrière russe est terrible. Probablement cent mille soldats morts et blessés de part et d’autre, des dizaines de milliers de morts et blessés parmi les civils ukrainiens, des infrastructures vitales ravagées sur tout le territoire, des millions d’Ukrainiens réfugiés et déplacés. Du côté russe, des milliers d’opposants emprisonnés ou exilés, et des dizaines de milliers de jeunes de milieu populaire sur lesquels plane la lourde menace d’être mobilisés et embrigadés par Poutine pour cette sale guerre.

Cette guerre, avec son cortège de morts et de destructions, met les révolutionnaires, et au-delà de leurs rangs toutes celles et ceux qui militent sincèrement pour un autre monde, débarrassé de l’exploitation capitaliste et des guerres, dans une situation extrêmement difficile, si ce n’est inextricable. Une telle dévastation en plein XXIe siècle ? De quoi s’insurger, même si nul n’ignore que la planète impérialiste a imposé ces dernières décennies bien d’autres guerres dévastatrices : guerre Iran-Irak (huit ans de guerre déclenchée par Saddam Hussein en 1980, et 800 000 morts), guerre du Yémen (engagée par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis contre le pays en 2015 et pas terminée, près de 300 000 victimes selon Amnesty International), sans oublier la guerre d’Irak déclenchée en 2003 par les USA et ses conséquences sur tout le Moyen-Orient, ni, en Europe même, la guerre de Yougoslavie dans les années 1990. De quoi s’insurger contre la barbarie guerrière, que le monde capitaliste a élevé à des sommets de sophistication et qui heurte tout particulièrement la jeunesse. Dans le contexte actuel, la première tâche des révolutionnaires est bien évidemment d’affirmer leur opposition à la guerre lancée par l’État russe, d’exiger le retrait des troupes russes d’Ukraine. Mais cela ne peut se faire sans mettre en avant également la responsabilité des États impérialistes occidentaux dans la fuite en avant militaire actuelle. Il nous faut tenter de comprendre quels sont les intérêts qui s’affrontent et comment, dénoncer les responsabilités de nos gouvernants et les appétits de nos propres bourgeoisies qui guident leur engagement dans cette guerre, et peut-être demain leurs marchandages « pour la paix » sur le dos du peuple ukrainien.

Et vis-à-vis de l’Ukraine aujourd’hui, nous devons déterminer où doivent aller nos solidarités et nos responsabilités voire interventions. Bien des cartes sont brouillées du fait de l’implication d’un faisceau d’intérêts impérialistes, d’où une diversité des rassemblements « anti-guerre » qui ont eu lieu le week-end des 25 et 26 février, ne ciblant pas les mêmes « ennemis principaux » – effectivement comment « hiérarchiser » ? Comment sortir de l’unilatéralité et partialité des perspectives affichées dans les rassemblements ?

Contre Poutine et rien d’autre ?

Un millier de personnes à Paris place de la République, appartenant essentiellement à la communauté ukrainienne en région parisienne, dénonçant l’agression et les crimes de Poutine – à juste titre et ressenti dans les chairs – mais faisant l’impasse sur le déploiement de moyens militaires des USA et à leur suite les États européens. Biden et ses comparses prétendent aider l’Ukraine, mais en réalité ils cherchent à profiter de la guerre pour avancer leurs pions, et aider d’abord leurs propres marchands de canons ou de matières énergétiques et agricoles – multinationales occidentales par ailleurs durement rivales entre elles.

Si l’impérialisme américain a immédiatement saisi l’occasion de ce conflit pour en faire profiter ses multinationales de l’armement et de l’énergie, et redorer son blason de gendarme du monde (y compris dans le Pacifique face à la Chine), les grands États européens, France et Allemagne en tête, ont tenté jusqu’au bout et encore aujourd’hui de maintenir de bonnes relations diplomatiques et commerciales avec Poutine. Il y a cinq ans Macron décrétait l’Otan « en état de mort cérébrale » et envisageait un partenariat spécial UE-Russie en vue de la constitution d’un ensemble continental – la rupture n’est pas facile et ne se fait pas sur le sort que Poutine réserve au peuple ukrainien, mais sous les coups de butoir des États-Unis qui ont dû insister pour « débrancher » l’énergie européenne du gaz russe.

Mais cela n’empêche pas que l’invasion russe se situe dans le cadre général d’une concurrence inter-impérialiste qui s’est aiguisée – et qui s’est traduite par des reculs de l’influence du jeune impérialisme russe face aux impérialismes occidentaux de toutes nuances. La politique d’expansion de l’Otan vers l’est en est l’un des aspects, sous l’impulsion de l’impérialisme américain.

Cela n’empêche pas non plus que Biden, et d’autres puissances de moindre envergure, utilisent l’invasion de Poutine pour retourner la situation à leur avantage. C’est partout l’augmentation des budgets militaires – et une pléthore de commandes d’engins de mort qui n’iront pas à l’armée ukrainienne, loin de là ! Certes, c’est bien l’impérialisme russe qui est à l’œuvre en Ukraine, ce sont bien des troupes russes qui bombardent la population ukrainienne. Mais le soutien des États occidentaux à l’Ukraine est hypocrite : ils n’ont jamais eu la moindre considération pour les peuples, qu’ils soient africains, asiatiques ou européens. Ils utilisent l’agression de Poutine pour avancer les pions de leurs grands groupes capitalistes dans le monopoly international de la concurrence et font peser tous les coûts sur le monde du travail : hausses des prix et profits records, famines accrues dans une partie des pays pauvres de la planète !

Pour l’instant, les concurrences économiques et géopolitiques exacerbées, certes déclenchées par Biden contre Poutine (en même temps qu’il égratignait salement ses alliés impérialistes allemands et français en les sevrant d’hydrocarbures russes), menacent toujours de se transformer en affrontement militaire. Les États-Unis et leurs alliés dans l’Otan disent en rester à ne pas vouloir aller jusqu’à la belligérance directe avec Poutine. Macron continue d’ailleurs, à sa façon d’un pas en avant et deux en arrière, à se faire l’apôtre d’un dialogue avec le président russe, et il n’est pas le seul sur la planète impérialiste. Mais c’est bien l’État russe qui est à l’œuvre directement militairement sur le sol ukrainien, et c’est pourquoi notre premier mot d’ordre, en tant que révolutionnaires internationalistes, doit être celui du retrait inconditionnel des troupes russes d’Ukraine. Ce qui en découle, c’est la reconnaissance du droit à la population ukrainienne de se défendre, y compris avec les armes livrées par les impérialistes. Tout autre chose est d’appeler à la livraison d’armes, et de ne rien dire sur la politique des impérialistes occidentaux. Révolutionnaires des pays occidentaux, nous devons rappeler que « l’ennemi principal est dans notre pays », c’est pourquoi nous devons dénoncer la partition jouée par les impérialistes sur le dos du peuple ukrainien, le renforcement de la militarisation. En France, il est évidemment central de revendiquer le retrait des troupes françaises de Roumanie, des pays Baltes, ainsi que d’Afrique.

Par ailleurs, nous devons rappeler que Zelensky, le dirigeant nationaliste ukrainien, ami d’oligarques farouchement anti-ouvriers (comme le montrent une multitude de lois récentes prises contre les grèves, les salaires et les libertés démocratiques), ne représente nullement les travailleurs et les jeunes d’Ukraine.

Contre l’Otan, « pour la paix » et rien d’autre ?

D’un autre côté, un peu plus d’une centaine de personnes s’étaient rassemblées le même week-end à Paris à l’appel du Mouvement de la paix et d’autres organisations pacifistes ; davantage à New-York ou Londres, pour manifester pour « la paix », un « cessez-le-feu immédiat », « l’ouverture de négociations sous l’égide des Nations unies » ou le seul rejet de « la machine de guerre américaine ». Mais sans souligner, si ce n’est à la marge, l’agression de Poutine, qui a pourtant choisi de transformer en une guerre contre tout un peuple de 44 millions d’habitants ses propres contentieux avec les USA. Les coups bas sont de ce monde impérialiste, les impérialistes français le savent, eux qui se sont vu chaparder par les USA, en 2021, un gros marché pourtant déjà conclu de sous-marins nucléaires à l’Australie ! Cela aurait-il justifié une guerre ?

Pour ce qui est de la revendication d’un « cessez-le-feu », elle ne peut pas servir à justifier l’occupation du territoire ukrainien. Un « cessez-le-feu » sans retrait des troupes russes signifierait en effet l’occupation de 18 % du pays. Quant aux appels à l’ONU et au respect du droit international, ils ne signifient rien d’autre que laisser les impérialistes décider entre eux du sort des peuples de la planète.
C’est contre la guerre impérialiste et le renforcement de la militarisation que nous devons concentrer nos revendications. Dénoncer le fait que les puissances occidentales, en premier lieu les États-Unis, multiplient les livraisons d’armes non pas pour aider le peuple ukrainien, mais pour faire de l’armée ukrainienne un supplétif militaire pour affaiblir durablement la Russie. Exiger le retrait des troupes occidentales, à commencer par les troupes françaises, d’Europe de l’Est. Exiger le démantèlement des bases de l’Otan, notamment celles situées en Europe orientale.

Du côté de l’État russe, il ne s’agit d’ailleurs pas que d’approvisionnement en gaz de l’Europe, ou d’approvisionnement en nucléaire civil ou céréales du monde entier. Il s’agit de s’affirmer et de s’imposer en grande puissance gendarmant une partie du monde, niant toute souveraineté à un « étranger proche » constitué des anciennes républiques de l’ex-URSS – Poutine en revendique l’héritage imprescriptible au nom de l’ancien empire tsariste dont il se fait le champion. Et par un genre d’anti-américanisme et anti-impérialisme de pacotille, de s’arroger le soutien de quelques autres dictateurs de la planète. Une nouvelle fois, la Chine, l’Inde, l’Afrique du Sud et d’autres États ont refusé de condamner l’agression militaire de Poutine à l’ONU. Des jeux diplomatiques qui n’ont rien à voir avec la défense des peuples et des prolétaires du monde.

Rappelons que Poutine n’a de cesse de reprocher à Lénine d’avoir favorisé l’indépendance de l’Ukraine ! Poutine agit avec la bénédiction de l’Église orthodoxe et de ses patriarches réactionnaires. Avec le soutien de tout ce que le pays compte d’ultra-nationalistes. Et l’opération est aussi et avant tout de politique intérieure : soudoyer ou menacer son propre peuple. Bien que Poutine se soit fait voter une présidence quasiment à vie, son pouvoir n’est pas si bien assuré au sortir d’une crise du Covid éprouvante, sur fond d’instabilité sociale et politique. En 2014, il avait trouvé le moyen de redorer son blason en mettant la main sur la Crimée. Mais l’effet a été éphémère. Et après la secousse de Maïdan en Ukraine, où la population mobilisée en 2014 à Kiev et dans d’autres villes y compris de l’est du pays, a « dégagé » du pouvoir un Ianoukovitch estimé trop proche de Poutine, des mobilisations sociales et politiques ont continué à secouer l’espace post soviétique.

Après Maïdan et une guerre dans l’est du pays entre forces séparatistes (soutenues militairement par la Russie) et forces ukrainiennes – 13 000 morts et pas d’issue –, il y a eu la révolte populaire en Biélorussie à partir de l’été 2020, puis les émeutes et grèves générales au Kazakhstan en 2022, que la Russie a réprimées brutalement par l’envoi de 3000 hommes. Notons d’ailleurs que les dirigeants occidentaux, qui aujourd’hui ont la larme à l’œil pour le peuple ukrainien, n’ont absolument rien dit face à l’écrasement dans le sang de ces émeutes ouvrières – sans doute parce que ces révoltes menaçaient la mainmise des capitalistes de tous les pays sur les richesses minières de cette région. Poutine est de ces autocrates de la planète qui ont pour tâche de tenter de tuer dans l’œuf toute mobilisation de masse, et il n’a jamais caché sa crainte que les révoltes de son « étranger proche » ne fassent tache d’huile en Russie même – où son pouvoir ne manque pas d’opposants. Une victoire éclair dans une guerre contre l’Ukraine, une incursion militaire musclée aboutissant à la destitution de Zelensky au profit d’un dictateur homme de paille de la Russie, voilà probablement ce qui motivait Poutine. Histoire d’impressionner et prévenir tout débordement à la maison aussi ! Quant à l’argument que l’Ukraine aurait eu besoin d’être « dénazifiée », c’était évidemment un prétexte grossier. Ou alors, la France en aurait besoin aussi, vu son passé pétainiste et les scores du RN ? La Russie de Poutine n’a pas de leçons à donner, là où pullulent des groupes d’extrême droite, comme celui de Prigojine. C’est en Russie aussi que les libertés sont volées, le moindre droit d’expression d’une divergence traduit par une amende ou un emprisonnement. Et c’est aussi en Russie que se sont multipliées ces dernières années les lois discriminatoires à l’égard des LGBT.

Dire qu’on est contre la guerre vaut aujourd’hui des années de prison… ou l’exil. Il s’est pourtant trouvé des gens, dans diverses villes de Russie, en ce 24 février 2023, pour venir furtivement et de nuit apporter un bouquet de fleurs au bas des monuments à la gloire du poète ukrainien Taras Chevtchenko (né en 1814 près de Kiev, mort en 1861 à Saint-Pétersbourg). Des camarades révolutionnaires russes du RSD (Mouvement socialiste russe) en témoignent, sur leur fil Telegram (https://t.me/rsd_tg/4854) : « La police de Saint-Pétersbourg a arrêté 18 personnes qui étaient venues déposer des fleurs au monument de Taras Chevtchenko. Les détenus ont reçu des rapports administratifs sous le prétexte de restrictions liées au Covid. Au total, au moins 54 personnes ont été placées en détention à travers la Russie aujourd’hui pour des motifs politiques. »

Notre solidarité va aux Ukrainiens qui luttent pour ne pas crever sous la botte de Poutine et aux opposants russes à la guerre qui risquent leur vie

Notre lutte est évidemment aussi contre les impérialistes occidentaux qui profitent de l’agression de Poutine contre l’Ukraine. Les États impérialistes occidentaux ne peuvent apporter aucune solution au peuple ukrainien, pas plus que l’État capitaliste ukrainien. Seule l’intervention des masses, en Ukraine comme en Russie, sur une base d’indépendance politique, pourra permettre d’en finir réellement avec la guerre menée par l’impérialisme russe et son État. Nous refusons la militarisation du monde et l’escalade guerrière, nous nous prononçons contre les mouvements de troupes de l’Otan et l’augmentation des budgets militaires y compris du côté russe, qui de part et d’autre – ne nous y trompons pas – visent d’abord à mater les peuples de la planète dans une situation où les révoltes se multiplient et pourraient converger.

La question qui se pose pour les révolutionnaires internationalistes en France, une métropole impérialiste occidentale, est celle de pouvoir faire émerger un mouvement qui, dans la rue, s’opposerait à la spirale militaire et guerrière dans laquelle les impérialistes entraînent l’humanité. Un mouvement qui ne se contenterait pas de dénoncer l’invasion de l’Ukraine par la Russie, d’affirmer sa solidarité avec les peuples d’Ukraine, et également de Russie, de Biélorussie, mais qui s’opposerait également, ici et maintenant, aux plans militaires de notre propre bourgeoisie, à la course aux armements à laquelle se livrent marchands d’armes et gouvernements occidentaux qui en profitent, dont celui de Macron.

Pour les prolétaires d’Ukraine, se contenter de repousser l’agression militaire russe en comptant sur l’aide militaire des profiteurs de guerre occidentaux, comme Zelensky les y incite, ne peut aucunement constituer une perspective politique suffisante. La « victoire » de leurs généraux, commanditaires de leurs oligarques, celle d’un pouvoir qui a saisi l’opportunité de la guerre pour s’en prendre à leurs droits de travailleurs, pour les sous-payer, pour exacerber le nationalisme anti-russe, n’en serait pas une. Seule l’intervention des masses d’Ukraine, de Russie et de Biélorussie, sur leur propre terrain d’indépendance politique de classe, pourra permettre de sortir de la spirale de guerre et de destruction. C’est le défi qu’auraient à relever les révolutionnaires prolétariens : faire émerger leurs propres perspectives de classe.

Aurélien Pérenna et Michelle Verdier


 

En décembre dernier, nous avons consacré à l’Ukraine un passage important de notre plateforme C d’orientation pour le congrès du NPA (publié à nouveau ci-dessous). Il n’a pas vieilli et exprime ce qui à nos yeux fait la complexité des tâches des révolutionnaires dans la période :

Nous avons toutes et tous en commun de dénoncer la brutale invasion militaire de l’Ukraine par l’armée de Vladimir Poutine :
– « Troupes russes, hors d’Ukraine ! »,
– « Droit du peuple ukrainien à disposer de son sort ! », y compris à s’armer contre l’envahisseur,
– « Soutien à celles et ceux qui, malgré la dure répression et au nom de la solidarité entre les peuples, s’opposent en Russie à la sale guerre de Poutine, aux appelés qui refusent de partir ! »
Nous dénonçons la politique de nos propres gouvernements des puissances occidentales qui profitent de la guerre pour défendre leurs intérêts économiques et nous disons : « Troupes de l’Otan, dont au premier titre les troupes françaises, hors de tous les continents où elles prétendent gendarmer le monde, que ce soit en Europe de l’Est, au Moyen-Orient ou en Afrique ! »
Il n’y aura pas d’issue contre l’invasion de Poutine sans une victoire des classes populaires ukrainiennes et russes qui sauraient se liguer, fortes de la solidarité active des travailleurs et travailleuses du monde, à commencer par ceux et celles de l’Europe.
Nous dénonçons donc la responsabilité de Poutine qui défend les intérêts impérialistes russes, même si les grandes puissances occidentales, derrière les USA, en profitent pour renforcer leur militarisation de la planète et favoriser leurs marchés, entre autres d’armes, d’hydrocarbures, de nucléaire, d’agroalimentaire, sans davantage de considération que Poutine pour les classes populaires ukrainiennes. Ces intérêts impérialistes rivaux portent en eux des risques de dérapages qui pourraient faire basculer la planète dans un conflit plus général.
Nous militons contre les unions sacrées derrière des drapeaux nationaux, pour l’union des travailleurs, des travailleuses et des peuples par-delà les frontières, avec la perspective de renverser le capitalisme.