Nouveau Parti anticapitaliste

Nos vies valent plus que leurs profits

Non à l’exposition aux gaz et aux produits toxiques à la RATP

Le 2 avril 2024, la RATP est assignée aux prud’hommes par 20 salariés de la maintenance qui l’attaquent pour n’avoir pas été protégés par la direction des gaz d’échappement des bus et des produits toxiques divers dans tous les ateliers des centres bus, au nombre de 25.

Malgré les différentes alertes faites par des élus et les mises en demeure envoyées par l’inspection du travail depuis 2004-2005, la direction n’entreprend aucune mesure convenable pour assurer la prévention des risques liés à l’exposition de ces salariés aux gaz et autres produits toxiques.

Une expertise a eu lieu en 2022 sur les risques graves et chimiques. Elle a démontré des lacunes importantes dans tous les ateliers dans l’extraction et l’évacuation des gaz d’échappement, car les installations d’aération et d’assainissement des locaux de travail sont hors service, défectueuses ou insuffisantes. Elles ne respectent pas la réglementation prévue par le Code du travail pour assurer la santé des salariés. Pourtant, la RATP est bien consciente des dangers inhérents à ces gaz, puisque, dans ses instructions techniques, elle précise même quelles règles concernant l’aération et la ventilation des locaux de travail sont applicables non seulement aux ateliers, mais aussi aux bureaux, locaux sociaux, terminus, etc. Il ne s’agit pas seulement des fumées des gaz d’échappement diesel principalement, mais aussi de fumées de soudage, des poussières liées au processus de travail (bancs de freinage par exemple), aux peintures pulvérisées ou tout autre aérosol, aux solvants, dégraissants, décapants, lubrifiants et colles. L’atmosphère dans les ateliers est malsaine, car, en plus, il faut aussi prendre en compte toutes les odeurs d’huiles, de carburants et autres fluides. Cette situation a continué de se dégrader avec les travaux liés à ce que la RATP appelle la transition énergétique des bus qui ont généré la reconstruction partielle de dépôts, ces aires de travaux n’étant pas pourvues de système de captation de fumées de gaz d‘échappement.

C’est un choix politique de la direction de ne pas investir dans ces différents dispositifs, elle choisit plutôt de dépenser son argent pour assurer la rémunération de son directeur, Castex, à plus de 450 000 euros par an. Pendant ce temps les salariés sont exposés à des agents cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques (CMR) et à des agents chimiques dangereux (ACD), sans protection collective ni information par la RATP sur les risques encourus pour leur santé. L’inspection du travail n’a eu de cesse de le relever. Les tribunaux ont donné raison à celle-ci et ont condamné la direction à payer une amende en 2022 pour non respect de l’application, dans les ateliers de Championnet, des mises en demeure que l’inspection du travail avait envoyées.

De son côté la médecine du travail n’a jamais été ni prévenue ni informée par la RATP de cette situation. Ce n’est que lorsque des élus ont émis un grand nombre de DGI (danger grave et imminent) que certains médecins ont décidé récemment de demander à la direction les rapports du laboratoire qui vérifie une fois par an les capacités des extracteurs de fumée dans tous les dépôts de bus. Ils ont demandé la mise en place d’un suivi médical renforcé des travailleurs concernés. Le nombre total de salariés suivis par la médecine du travail est élevé et n’a fait qu’augmenter.

La direction de la RATP est bien consciente de ces problèmes, mais pour elle, il est plus avantageux d’engager moins d’argent pour la sécurité des salariés. Sa politique, c’est d’intensifier l’exploitation en réduisant le personnel : moins 40 % des effectifs de la maintenance bus en dix ans. Intensifier l’exploitation passe aussi par le maintien des salaires au rabais comme c’est le cas dans les ateliers où les ouvriers y sont payés à peine plus que le smic. Les problèmes et les risques de santé s’ajoutent donc à la surexploitation.

Un dossier devant les tribunaux est une façon de porter cette voix, mais pour que les droits soit appliqués, respectés et améliorés il faudra que les travailleurs s’y mettent eux-mêmes. Ce n’est que par l’action collective et résolue des ouvriers de la maintenance, et plus largement de tous les travailleurs confrontés à ces risques, qu’il sera possible de mettre fin à ces conditions de travail dégradées et toujours plus dangereuses mises en place par la direction de la RATP.

Pierre Mattei