Nouveau Parti anticapitaliste

Nos vies valent plus que leurs profits

Sciences Po Grenoble : grève contre la sous-traitance du nettoyage


Une soixantaine d’étudiants, d’étudiantes et d’employés de l’université étaient rassemblés ce mardi 11 mars devant Sciences Po Grenoble pour protester contre l’externalisation du nettoyage. Une vingtaine de salariés de l’établissement étaient en grève à l’appel de la CGT et Sud, dont les trois agents chargés du nettoyage. Ils et elles revendiquent l’abandon du projet de sous-traitance du nettoyage et dénoncent la pression managériale exercée par la nouvelle directrice, en poste depuis février 2020. Entre autres pressions, la direction a en effet prononcé l’exclusion pour un mois de trois étudiants qui s’étaient mobilisés le 21 février contre la sous-traitance.

Les travailleurs en charge du nettoyage de Sciences Po enchaînent les CDD depuis des années. L’un d’entre eux, en poste depuis six ans, devait passer en CDI au vu de son ancienneté, mais voit cette perspective remise en cause par la sous-traitance. Une situation qui fait écho à celle des salariées d’Elior en grève à Grenoble depuis le 23 février contre la mutation forcée de douze d’entre elles.

Une ex-ministre et un représentant d’entreprise au CA : non à l’université au service des patrons !

Cette privatisation s’inscrit dans un contexte d’austérité : sur les 10 milliards d’euros d’économies annoncés le 18 février par Bruno Le Maire, 904 millions d’euros seront pris à l’enseignement supérieur public. La direction de Sciences Po mène la même politique d’austérité que le gouvernement. Les capitalistes sont doublement gagnants. Les économies faites sur le budget de l’enseignement public aideront à financer les près de 150 milliards d’euros annuels d’aides publiques aux entreprises tandis qu’un nouveau marché est offert aux familles Derichebourg (Elior), Reinier (Onet), Bellon (Sodexo) et autres qui règnent sur le secteur de la propreté.

Rien de surprenant pour un établissement dont le conseil d’administration réunit représentants du patronat et ex-ministre. Le représentant de Picture Organic Clothing, « PME » dont les dirigeants se plaignaient au journal Les Échos de « problèmes de riche » avec leurs 28 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2021, siège aux côtés de l’ex-ministre socialiste Geneviève Fioraso, chargée de l’enseignement supérieur et de la recherche entre 2012 et 2014 et autrice d’une loi renforçant la place du privé dans les universités et accroissant la mise en concurrence entre établissements.

À Sciences Po comme à Elior, vive la grève des travailleurs et travailleuses du nettoyage. La date de mobilisation du 19 mars dans la fonction publique et les universités sera l’occasion d’amplifier le soutien à leurs luttes et de construire la mobilisation dans la jeunesse et le monde du travail pour refuser de payer pour les profits des milliardaires.

Eric Moreau